Canal+ s’engage pour quatre ans sur le projet de développement
mené par l’UNICEF et d’autres organisations dans la région de Kindia, en
Guinée. Tous les détails avec Patrick Menais, initiateur du projet
Kindia 2015 au sein de la chaîne.
En partenariat avec l’UNICEF et plusieurs ONG, Canal+ s’engage dans un projet jamais vu à la télévision : pendant quatre ans, les équipes de la chaîne accompagneront les projets de développement mené par ces organisations dans la région de Kindia, en Guinée-Conakry.
En parallèle à l’ambitieux dispositif éditorial prévu, les abonnés de
la chaîne seront sollicités pour aider au financement des projets via le
fonds Kindia+.
Accès à l’eau potable, installation de centres de
santé maternelle et infantile, promotion d’une agriculture durable et
développement de l’éducation seront les axes de travail des équipes sur
place.
En plus d’un site internet, de réseaux sociaux dédiés (Twitter, Facebook) et de sujets présentés tout au long de l’année dans les émissions en clair de la chaîne, Canal+ diffusera chaque année un documentaire de 90 minutes retraçant les évolutions du projet, de ses acteurs et de ses bénéficiaires. Avant la diffusion du premier documentaire le 20 novembre, à 20h30, l’UNICEF France s’est entretenu avec Patrick Menais, fondateur du Zapping de Canal+ et initiateur du projet au sein de la chaîne cryptée.
Comment est née l’idée de Kindia 2015 ?
Patrick Menais : quand j’ai évoqué cette
idée à la direction de Canal+, il y a de cela deux ans, la télévision
n’avait pas l’habitude d’être acteur du monde. C’était un diffuseur,
parfois d’excellents documentaires, mais toujours en lien avec des
crises aiguës, comme la malnutrition. Sans s’engager sur le long terme
qui est propre aux acteurs du développement. Nous voulons nous installer
dans la durée et être partie prenante des actions de développement.
Avec des associations et des organisations présentes sur le terrain
depuis longtemps, pour proposer au téléspectateur un suivi et un
engagement crédible.
Quel est le principe du projet ?
Il s’agit de tirer un peu la corde du temps et de la ralentir pour se mettre à la hauteur des acteurs du réel,
en l’occurrence les acteurs du développement. Faire confiance à la
réflexion et la raison sur ces problématiques. Il y a forcément une
dimension émotionnelle mais il faut essayer d’en sortir le plus possible
pour avoir un point de vue de raison sur ces actions. La télévision ne
le fait pas, ou très peu.
Un programme sur quatre ans
En quoi va consister le programme humanitaire ?
C’est un programme sur quatre ans, dont les
financements étaient déjà affectés avant notre arrivée. Concernant
l’UNICEF, nous allons suivre la mise en œuvre du programme sur
l’éducation dans la préfecture de Télimélé, plus au nord de Kindia, et
notamment la construction d’écoles. Nous allons proposer aux
téléspectateurs et aux internautes de Canal+ de venir abonder ces
programmes pour les accélérer : nous avons budgété 4 millions d’euros,
dont 2 millions espérés via les dons. Et à chaque euro donné par un
téléspectateur, Canal+ abondera d’un euro.
Quel est le dispositif médiatique prévu ?
Nous diffuserons un documentaire de 90 minutes par
an sur la chaîne, plus des sujets dans les différentes émissions en
clair de Canal+. Croyez-moi, diffuser un 90 minutes sur les problématiques du Sud à 20h30, à la télévision française, c’est un luxe !
En parallèle, nous avons créé un site web où les gens pourront venir suivre tous les jours l’évolution des choses, mais aussi effectuer des dons en ligne via le site de la fondation Kindia+ créée pour l’occasion. On va par ailleurs créer un blog avec un journaliste local et on a prêté des caméras à des jeunes qui vont filmer la vie de tous les jours à Kindia. On veut aussi montrer du bonheur.
Comme c’est une expérience nouvelle, tout n’est pas
balisé. Cela dépendra des acteurs locaux, des gens qui vont suivre le
programme. Nous n’avons pas d’objectifs en terme d’audience. Mais les abonnés de Canal+ jugent de la qualité des programmes. Il faudra qu’on soit à la hauteur.
« C’est un cercle vertueux »
Comment avez-vous convaincu les organisations de travailler avec vous ?
Hormis l’UNICEF qui a l’habitude de travailler avec
les médias, il y a pu y avoir des réticences de certains à travailler
avec la télévision, parce que la télé a fait tellement de dégâts... Il a fallu montrer patte blanche.
Mais notre engagement sur le long terme nous oblige, chacun dans nos
métiers, à une vraie rigueur. On ne pourra empêcher personne de nous
dire que ce qu’on fait est nul !
Comment réagissent les gens, à Kindia ?
Ils sont très enthousiastes. Je suis sûr qu’une dynamique positive va émerger. On est tous là pour s’additionner, pas pour défendre un pré-carré. C’est un cercle vertueux, comme dans le développement durable.