Chaque année dans le monde, deux millions d’enfants de moins de cinq ans meurent de la diarrhée. Aujourd’hui encore l’accès à des toilettes
est loin d’être assuré dans de nombreuses régions du monde. Près de 2,5
milliards de personnes en sont privées. Un problème qui a des répercussions sanitaires alarmantes: chaque année dans le monde, deux millions d’enfants de moins de cinq ans meurent de la diarrhée, principalement à cause d’un manque d’assainissement et d’hygiène.
De graves risques sanitaires
En l’absence de toilettes, la manière “alternative” de se soulager (en pleine nature, dans des sacs plastiques, à proximité d’habitations ou de points d’eau) engendre de graves risques sanitaires. Les excréments sont des réservoirs à microbes et se retrouvent à la portée des adultes, des enfants, des animaux ou des insectes, et contaminent les cours d’eau. L’ingestion ou le contact avec une eau polluée par les excréments est mortelle. Les maladies hydriques (comme la diarrhée, le choléra, la typhoïde, etc.) font en effet chaque année des millions de victimes.
Haïti, les Gonaïves après les inondations de 2008. Crédit: Julien Eyrard.
L’absence d’assainissement a aussi un effet néfaste sur la scolarisation des enfants, surtout des filles qui, à l’âge de la puberté, quittent l’école car leur dignité n’est plus assurée.
Les conséquences économiques du manque de toilettes à l’échelle d’un pays sont également très lourdes: les pertes dues aux dépenses de santé et aux pertes de productivité sont estimées à 260 milliards de dollars par an. Sans oublier les impacts négatifs sur l’environnement.
Le droit à l'eau et à l’assainissement, un droit de l'Homme
Lors de l’adoption des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en 2000, la communauté internationale s’est engagée à réduire de moitié la proportion de personnes n’ayant pas accès aux services d’assainissement de base d’ici 2015. L’Assemblée générale des Nations Unies a néanmoins reconnu le droit à l’eau potable et à l’assainissement comme un droit de l’Homme, le 28 juillet 2010. Cette OMD pour l’assainissement sera pourtant loin d’être atteint en 2015.
Même si 1,8 milliard de personnes ont accédé à des installations sanitaires améliorées depuis 1990, au rythme actuel de progression la couverture ne sera que de 67 % en 2015, bien loin des 75 % requis.
Malgré cette situation alarmante, l’assainissement n’est souvent pas considéré comme une priorité. C’est un sujet tabou et les décideurs politiques tendent à penser qu’il relève de la sphère privée et non publique, ce qui freine le développement de plans d’actions spécifiques.
Manque de financements
Mais le manque de financements nationaux et internationaux consacrés à l’assainissement est également un obstacle au développement de programmes d’accès.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 190 milliards de dollars (150 milliards d’euros) d’investissements sont nécessaires chaque année, jusqu’en 2015, afin d’atteindre la cible eau et assainissement des OMD (PDF) dans toutes les régions.
Or, le montant de l’aide au développement pour l’eau et l’assainissement était seulement de 7,8 milliards de dollars en 2010.
Quelles mesures pour les Etats?
Pour faire face à cette crise de l’assainissement, les Etats doivent agir. Cinq mesures sont prioritaires:
Mettre en œuvre le droit de l’Homme à l’eau et à l’assainissement de manière effective. Ce droit doit être inscrit dans les lois des différents pays et mis en œuvre au niveau local.
Accroître les financements consacrés au secteur de l’assainissement et améliorer leur ciblage. Alors que la France a multiplié les déclarations et engagements en faveur de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, force est de constater qu’elle a diminué son aide publique au développement bilatérale pour le secteur eau et assainissement de 559 millions d’euros en 2009 à 364 millions en 2010 (dont une baisse des dons de 10 millions d’euros).
En outre, cette aide se fait majoritairement sous forme de prêts (86%), ce qui laisse à la marge les populations les plus démunies, vivant en milieu rural ou en périphérie des villes, ainsi que les pays les moins avancés ayant pourtant les plus forts défis à relever.
Soutenir les Plans nationaux de développement et accélérer leur mise en œuvre. Ces Plans sont établis par les Etats et permettent de faire de l’eau et de l’assainissement une priorité, de rassembler tous les acteurs (y compris les financeurs) et de coordonner et planifier leurs efforts en fonction des besoins du pays.
Améliorer les moyens techniques. Dans ce domaine, les techniques d’assainissement écologique qui permettent de retraiter et de valoriser les excréments humains sont particulièrement prometteuses.
Mettre l’accent sur la sensibilisation à la problématique de l’assainissement. La prise de conscience doit sortir des espaces “experts” pour atteindre les gouvernements du Nord et du Sud, les citoyens, les médias, les collectivités locales ou les professionnels du secteur. Un accent particulier doit être porté sur les communautés locales.
Alors qu’un cadre pour le développement post 2015 est en cours d’élaboration, il est essentiel de faire de l’assainissement une priorité de l’agenda international, au-delà de l’échéance des OMD.