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dimanche 5 mai 2013

La société civile bâillonnée en Russie - Regard d'Anne Nerdrum, d'Amnesty International France sur le manque de liberté des ONG russes


      Les nouvelles lois adoptées depuis 2012 par les autorités russes pour museler la société civile ne sont que la suite d’une longue série visant à étouffer par tous les moyens l’expression des libertés fondamentales.
Ainsi, une loi sur les ONG avait déjà été adoptée en 2006. Celle-ci renforçait leur surveillance et permettait aux autorités d’ordonner leur fermeture, si elles ne se conformaient pas à ces nouvelles mesures.
 A la suite des manifestations massives d’opposants, protestant contre la façon dont s’étaient déroulées les dernières élections législatives de 2011, et l’élection présidentielle de 2012, accompagnée par une violente répression des militants, journalistes et défenseurs des droits humains, le pouvoir a eu un réflexe de défense ancien. En effet, déjà l'URSS pratiquait cette politique, à savoir celle d'inventer sans cesse de nouvelles lois, dictées dans l’urgence, pour contrecarrer les activités des dissidents.
Nous assistons aujourd’hui au même phénomène avec l’adoption de tout un arsenal de lois répressives envers la société civile: loi limitant la liberté de manifester, élargissement de la loi sur la trahison, loi sur la diffamation, sur la liberté de réunion, loi sur la surveillance de certains sites internet et enfin une nouvelle loi d’encadrement des ONG qui sont sommées de se déclarer comme "agents étrangers" à partir du moment où elles reçoivent de l’argent d’une "puissance" étrangère.
Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a adopté, fin mars 2013, une résolution condamnant la loi sur les ONG.
Fait sans précédent, l’ambassadeur de Russie en France a été convoqué et sommé de s’expliquer. La chancelière allemande Angela Merkel, elle,a protesté publiquement auprès du président russe, lors de sa récente visite en Allemagne.
Ajoutons que ces lois sont contraires à la Constitution et aux textes internationaux que la Russie a ratifiés. Avec cette nouvelle législation, ce pays s’éloigne chaque jour d’un véritable Etat de droit.



jeudi 28 février 2013

RENSEIGNEMENT – Des citoyens britanniques privés de passeports puis tués par des drones américains

Une enquête menée par le Bureau d'investigation journalistique pour The Independent pose la question de l'existence d'un lien entre une loi controversée du gouvernement britannique et les attaques meurtrières de drones américains.

Un drone américain MQ-1 Predator.

Depuis 2002 le ministre de l'intérieur britannique est en mesure de retirer le passeport de n'importe quel ressortissant du pays détenteur d'une double nationalité, sur la simple base d'un acte "sérieusement préjudiciable" accompli par celui-ci

Selon ses critiques, le programme est sujet à la controverse car il permettrait au gouvernement de "se laver les mains" du sort de citoyens britanniques suspectés de terrorisme. Peu utilisée auparavant, la loi est surtout appliquée depuis l'arrivée au pouvoir de l'actuel gouvernement de coalition, relate The Independent, qui précise que depuis 2010 16 individus ont été déchus de leur citoyenneté contre 21 depuis 2002.

Les personnes visées par la loi, poursuit le quotidien, se font confisquer leur passeport britannique et sont interdits de territoire, ce qui rend encore plus complexe toute tentative de faire appel auprès du ministre de l'intérieur (qui prend la décision) et pose la question de la légalité du programme. D'autant qu'il apparaît, toujours selon l'enquête, que le gouvernement procède aux retraits de passeports quand les individus sont en dehors du territoire, en vacances parfois. Sur les 21 personnes affectées par la loi depuis 2002, seulement deux ont gagné leur appel, dont une a été extradée aux Etats-Unis depuis.


Le New York Times montre à travers cette infographie l'augmentation des attaques de drones depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama.

Sur les 16 personnes qui se sont vu retirer leur nationalité depuis 2010, deux sont mortes à la suite d'attaques de drones américains. The Independent site plusieurs cas dont celui de deux ressortissants devenus ensuite la cible de drones. L'un d'eux a été visé à deux reprises et finalement tué l'année dernière en Somalie, juste après avoir appelé sa femme au Royaume-Uni "pour la féliciter de la naissance de leur premier enfant". La famille de la victime estime que les forces américaines ont pu connaître la position précise du père de famille grâce à l'appel qu'il avait passé à sa femme un peu plus tôt. Pour l'avocat de la femme de la victime, il semble y avoir une relation entre le retrait de nationalité par le Royaume-Uni et la frappe du drone américain.

"Il semblerait que le procédé de privation de citoyenneté ait facilité la tâche des Etats-Unis qui ont désigné M. Sakr comme un combattant ennemi, envers lequel le Royaume-Uni n'a aucune responsabilité", a précisé l'avocat. Une porte-parole du ministère de l'intérieur britannique a déclaré aux enquêteurs qu'elle ne commenterait pas des questions de renseignement.

L'organisation Cage Prisonner, qui est en relation avec les familles des personnes touchées par la loi de 2002 met en garde contre une loi "extrêmement dangereuse" qui renforce le sentiment de non-appartenance nationale pour des citoyens nés au Royaume-Uni mais issus de la minorité.

Source : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/02/28/renseignement-des-citoyens-britanniques-prives-de-passeports-puis-tues-par-des-drones-americains/

mercredi 27 février 2013

L'application qui vous aide à devenir bénévole


Une application lancée par Espace Bénévolat propose près de 4700 offres de missions de bénévolat.


É
couter de la musique en reversant de l’argent à des associations, faire des dons directement via son téléphone portable… Au rayon des applications solidaires pour smartphones, il faut désormais en compter une petite nouvelle, qui permet de s'engager.
L’association Espace Bénévolat vient de lancer l'application mobile “Tous Bénévoles !”, qui permet à chacun de trouver une mission de bénévolat via son smartphone. Une simple recherche dans la base de donnée de l'association permet de trouver les missions qui conviennent à votre profil. Aussi facile que d'envoyer un texto!


Le mobile, l'avenir de la mobilisation citoyenne?

Le principal objectif de la plateforme internet Espace Bénévolat, créée en 2003, est de mettre en relation candidats et associations. Elle permet aujourd'hui à environ 1300 structures associatives de proposer 4700 missions dans la formation, l'enseignement ou la distribution d'aliments.

À l’origine de la création de cette application, un constat: de plus en plus de jeunes consacrent gratuitement du temps pour des activités bénévoles et, d'un autre côté, l’utilisation d’internet via son téléphone mobile est incontestablement en plein essor. En décembre 2012, près de 23,6 millions de Français ont utilisé leur téléphone portable pour surfer sur le web (on les appelle les "mobinautes"), selon les statistiques de l’institut Médiamétrie.

Une tendance sur laquelle s'est appuyée l'association: “Depuis le début, nous pensons qu’internet est un excellent moyen de rapprocher les bénévoles et les volontaires, explique Jean-Claude Hanot, responsable de la communication au sein de l'association. Le lancement de cette application ne fait que renforcer notre conviction de départ".
L'application est pour le moment uniquement disponible sur la plateforme Android. Elle se télécharge sur le site de l’association, sur la plateforme d’achat d’applications de Google, ou bien en scannant un “flashcode” qui l'installera directement sur votre smartphone.

mardi 26 février 2013

Associations: face à la crise, l’imagination au pouvoir

Les caisses de l’Etat sont vides? Les associations doivent aussi trouver de nouvelles sources de financement auprès des entreprises, plaide François Content, directeur général d’Apprentis d’Auteuil.



Stagnation, voire diminution des dons: face à la crise, la philanthropie semble bien mal en point. Pourtant, je suis convaincu que cris d'orfraie et lamentations ne résolvent rien. Bien au contraire, ils gèlent et sclérosent nos consciences comme nos actions.

Adoptons plutôt la "sérendipité", terme anglo-saxon qui fait référence à la chance ou hasard malheureux permettant de faire une découverte inattendue. Transformer le négatif en positif. C’est en laissant une paillasse sale que Flemming découvre la pénicilline. C’est en ne pouvant récolter à temps les raisins qu’un viticulteur invente le Sauternes. La moisissure est devenue médicament; un raisin trop mûr, un vin raffiné.

Bâtisseurs d’espérance

 

Aujourd’hui, c’est le financement de l’intérêt général qui est à repenser. Nous avons vécu sur le mol oreiller de l’Etat-providence, histoire, pouvoir et culture obligent. Mais la crise est venue et les temps ont changé. Désormais, nous allons tous prendre en main le bon fonctionnement de notre société.

Au-delà de notre contribution fiscale de base, nous aurons à cœur d’accompagner des projets concrets en devenant des bâtisseurs d’espérance pour ceux qui n’ont pas ou si peu d’avenir.

La jeunesse est, à ce titre, une cause émergente de la philanthropie et du mécénat. 40% des 290 millions d’euros du budget annuel (2011) d’Apprentis d’Auteuil provient des donateurs et de plus en plus d’entreprises et de particuliers s’engagent dans des projets à visée d’insertion et d’éducation.

Des partenariats entreprises – associations pour innover



Ce sont eux qui accompagnent les 14.000 jeunes qui, chaque année, se reconstruisent et s’insèrent socialement et professionnellement chez nous. Le monde de l’entreprise l’a bien compris en s’impliquant toujours plus à travers le mécénat, multiplié par 10 en 7 ans. De 2000 entreprises, elles sont devenues 22.000 en France à soutenir et à intervenir dans des projets et des actions philanthropiques.


Cette collaboration entreprises-associations est un véritable moyen, pour les fondations comme la nôtre, d’innover dans des projets qui ne peuvent plus être pris en charge par les subventions publiques.

Revisiter la solidarité


Dans cette nouvelle posture sociétale et qui concerne tout un chacun, l’innovation est un maître mot. Elle intervient dans la mise en œuvre des financements et une volonté de rapprocher l’intérêt général et les principes d’une bonne gestion.


Ainsi, il est possible de bâtir une action "mécénale" ou philanthropique à partir du projet lui-même et de l’adapter aux souhaits et possibilités du donateur en lui proposant programmes et actions personnalisés, le tout faisant l’objet d’une évaluation précise.

Au-delà de sa conscience, la générosité des donateurs et des mécènes a acquis sa rigueur et compétence à l’aune de son intelligence du cœur. Le pouvoir d’agir: tel est le thème des prochaines "Rencontres pour la jeunesse en difficulté".

Mais surtout, ces rencontres sont le lieu du possible pour ce que nous pensions impossible. Nous n’inventerons pas une nouvelle molécule ou un vin nouveau. Nous revisiterons la solidarité, comme un engagement social ordinaire, naturel et fondamental, expression de notre liberté et de notre pouvoir.

Acteurs publics, privés, associatifs: nous pouvons faire émerger des solutions en stimulant nos complémentarités, en encourageant l’innovation et en renforçant nos capacités d’agir.

François Content est directeur général de la fondation Apprentis d’Auteuil.

Source : http://www.youphil.com/fr/article/06241-associations-crise-jeunesse-innovation?ypcli=ano

samedi 9 février 2013

L'État va compenser la baisse de l'aide alimentaire de l'UE

 L'enveloppe européenne est passée de 3,5 à 2,5 milliards sur sept ans. Le ministre délégué à l'agroalimentaire a annoncé une compensation «à l'euro près en France».


Les associations d'aide alimentaire françaises ont manifesté le 4 février dernier pour protester contre la baisse annoncé des subventions de l'UE.
Les associations d'aide alimentaire françaises ont manifesté le 4 février dernier pour protester contre la baisse annoncé des subventions de l'UE. Crédits photo : BORIS HORVAT/AFP

Le ministre délégué à l'agroalimentaire Guillaume Garrot a assuré samedi matin sur RTL que l'État compenserait «à l'euro près» la baisse de l'aide alimentaire aux plus démunis prévue dans le nouveau budget de l'UE. L'enveloppe allouée à ce volet solidarité du budget est passée de 3,5 milliards d'euros sur la période 2007-2013 à 2,5 milliards sur 2014-2020, soit une baisse de 142 millions d'euros par an. 


«Cette baisse sera compensée à l'euro près en France», a-t-il déclaré. La France ayant touché 72 millions en 2011, l'écart à combler pourrait se chiffrer en dizaine de millions d'euros. Les modalités n'ont pas encore été précisées. Ni le président de la République ni son premier ministre n'ont confirmé cette information.

«Je parle d'une compensation par l'État bien évidemment, mais si des acteurs économiques sont prêts à faire un geste de solidarité, bien évidemment ils seront les bienvenus». «La solidarité ne diminuera pas dans notre pays», a-t-il assuré, notamment à l'adresse des Banques Alimentaires, de la Croix Rouge, des Restos du Coeur et du Secours populaire français qui s'inquiètaient de la chute à venir de leurs subventions.

La FNSEA prête à fournir «une aide directe»

«À partir de 2014, en France, près de la moitié des 130 millions de repas pourraient ne plus être distribués. Les associations se trouveront donc devant un choix inhumain: donner moins, à qui et sur quels critères?», écrivaient-elles dans un communiqué commun. Au total, ce sont dix-huit millions d'Européens qui se nourrissent chaque année grâce au Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD). 

Les associations françaises devraient d'ores et déjà pouvoir compté sur le soutien de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles dont le président, Xavier Beulin, s'est dit scandalisé par la réduction de cette enveloppe. «Nous allons nous mobiliser de notre côté, nous allons transformer ce manque à gagner par une forme d'aide directe, sans doute une forme de fondation qui nous permettra d'intervenir auprès des associations», a-t-il dit sur RTL. 

Source : http://www.lefigaro.fr/politique/2013/02/09/01002-20130209ARTFIG00362-l-etat-va-compenser-la-baisse-de-l-aide-alimentaire-de-l-ue.php

mardi 5 février 2013

Pour une histoire politique des humanitaires dans la guerre


Il importe de travailler dans la durée lorsque l’on veut analyser les problèmes qui se posent et que posent les humanitaires dans des situations de conflits armés. En effet, le passé éclaire les difficultés du temps présent et montre bien comment l’aide à destination de régions en crise a toujours été une ressource politique pour les belligérants comme pour les pays donateurs. Avec Mary Anderson, Jean-Christophe Rufin, Fiona Terry et tant d’autres, de nombreuses études ont notamment montré que l’assistance de la communauté internationale alimentait les économies de guerre à travers trois principaux mécanismes.

soudan un Pour une histoire politique des humanitaires dans la guerre

En premier lieu, il y a d’abord les pratiques de prédation des combattants qui rackettent les travailleurs humanitaires, revendent les vivres au marché noir et volent le matériel des secouristes pour le recycler en équipements militaires. A un niveau plus subtil, plus difficile à appréhender, les opérateurs de l’aide entretiennent également les circuits commerciaux des zones de conflits armés, où ils achètent de l’essence, louent des maisons, emploient des autochtones et enrichissent les profiteurs de guerre qui, de gré ou de force, financent les factions en lice. En assurant la gestion des hôpitaux ou des écoles, enfin, les humanitaires déchargent les belligérants de leurs obligations sociales et permettent donc de concentrer toutes les ressources locales sur l’effort de guerre. Particulièrement évidents dans les pays pauvres, tous ces problèmes ne sont ni nouveaux ni limités au « tiers-monde ».

En Europe, rappelle l’historien John Hutchinson, ils faisaient déjà débat entre Florence Nightingale et Henry Dunant au moment de la fondation de la Croix-Rouge en 1863. Autrement dit, on ne peut pas les imputer à une dégradation du comportement des belligérants comme le prétend une certaine vulgate sur les soi-disant « nouvelles guerres ». En outre, ils ne doivent pas faire oublier que les enjeux politiques de l’aide ne s’arrêtent pas à des questions matérielles et comprennent aussi des ressources symboliques absolument essentielles. En effet, la représentation de la victime et de la souffrance est un outil majeur de la guerre de propagande qui consiste à diaboliser l’ennemi pour mieux l’isoler et le déshumaniser. De ce point de vue, l’aide internationale ressort bien d’une forme de diplomatie par procuration lorsqu’elle est amenée à légitimer des belligérants ou des résistants.

Pour démontrer les permanences structurelles des problèmes rencontrés et soulevés par les humanitaires aujourd’hui, il convient ainsi de travailler dans une perspective historique. Par-delà les frontières et les analyses qui, à présent, se focalisent uniquement sur les dictatures des pays en développement, il importe par exemple de rappeler l’attitude des Alliés qui militarisèrent et interdirent la distribution de secours dans les territoires occupés par les Allemands pendant les deux guerres mondiales.

Depuis la diplomatie humanitaire des Américains lors de la famine russe de 1922 jusqu’au rôle politique de l’aide au Biafra en 1968 puis au Cambodge en 1979, les cas d’étude historiques ne manquent pas. A chaque fois, l’humanitaire a été racketté, manipulé ou récupéré à des fins stratégiques, renvoyant le vœu de neutralité et « d’a-politisme » de sa version suisse et dunantiste à un objectif idéal mais inatteignable.

En tant que telle, l’instrumentalisation de l’aide n’a donc rien de fondamentalement nouveau, qu’il s’agisse de mettre en scène les victimes pour plaider la cause d’une insurrection armée et justifier une intervention militaire de la communauté internationale, ou qu’il s’agisse au contraire de valoriser l’activisme humanitaire pour se trouver un alibi et refuser de s’immiscer dans un conflit. Aujourd’hui, certains spécialistes parlent d’une « politisation » et d’une « complexification » accrues des procédures de secours dans le monde multipolaire de l’après-guerre froide. Mais leurs analyses se projettent généralement sur des temps assez courts, qui ne dépassent pas les deux ou trois dernières décennies.

Désormais galvaudé et amplifié par la rhétorique globale des organisations intergouvernementales, le concept des « urgences complexes » (complex emergencies), par exemple, est apparu dans les années 1990 et laisse croire à tort que les opérations humanitaires d’autrefois étaient plus « simples ». En réalité, l’impression d’une « complexification » politique des actions de secours signale d’abord nos difficultés à comprendre l’impact et les interactions sociales et économiques de l’aide dans des situations que, par facilité d’analyse, des chercheurs et des journalistes ont pu qualifier de « nouvelles guerres ». Elle se nourrit également de la prolifération et du fort taux de rotation des expatriés humanitaires sur le terrain, une contrainte qui handicape la capitalisation d’expérience et conduit à redécouvrir indéfiniment les enjeux et les obstacles de l’assistance internationale dans des pays en crise.

Pour mieux comprendre les changements en cours, il importe donc de revenir sur l’évolution des stratégies de secours depuis la fondation du mouvement humanitaire « moderne » avec la Croix-Rouge de Henry Dunant en 1863. Le propos est bien de mettre en évidence les éléments récurrents qui structurent et limitent les possibilités d’action en situation de guerre. Il est aussi de souligner la dangerosité du travail humanitaire, tant sur le plan physique que politique. Les opérations de secours en temps de guerre comportent une grande part de risque et, dans la longue durée, aucun indicateur sérieux ne témoigne d’une aggravation en la matière. Au regard des expériences passées, rien ne permet de soutenir que les secouristes d’aujourd’hui seraient davantage exposés à un risque de récupération politique susceptible d’entacher leur neutralité et de provoquer des représailles de la part des belligérants. La « profession » humanitaire n’est pas devenue complexe et dangereuse. Elle l’a toujours été. La remarque vaut d’ailleurs en ce qui concerne ses rapports au militaire. En dépit de la multiplication des interventions armées de l’ONU depuis la fin de la guerre froide, on a en fait assisté à un mouvement de balancier, avec des phases d’intégration totale au militaire pendant les deux guerres mondiales, suivies de périodes d’assouplissement, en particulier au cours des années 1980, heure de gloire du « sans-frontiérisme ».

Aujourd’hui, les humanitaires sont en tout cas beaucoup plus libres et affranchis des armées qu’ils ne l’ont été au moment de la création du mouvement de la Croix-Rouge pendant la seconde moitié du XIXème siècle, quand ils devaient porter des uniformes et obéir aux états-majors pour être autorisés à se déployer sur les champs de bataille. De là à imaginer une dépolitisation des secours en temps de guerre, il y a un pas que l’on ne saurait franchir. Si les humanitaires ont réussi à acquérir une certaine marge de manœuvre, ils n’en demeurent pas moins soumis à de nombreuses contraintes et risquent toujours d’être instrumentalisés par les belligérants et les Etats.

Ce qui a vraiment changé depuis la fin de la guerre froide, c’est finalement la prolifération, la globalisation, la marchandisation et l’institutionnalisation des organisations de secours qui interviennent au cœur des conflits armés, et pas seulement à la marge. De fait, les formes d’action humanitaire ont beaucoup évolué. Parmi les nombreux éléments qui attirent aujourd’hui l’attention, on retient par exemple la judiciarisation de la guerre, l’informatisation de la communication, la formalisation des appels de fonds, la certification des procédures d’assistance, l’amélioration de l’accès à des populations vulnérables, la multiplication des opérations de la paix et l’émergence de nouveaux pays bailleurs comme la Chine, l’Arabie Saoudite, l’Irlande ou l’Inde.

Fondamentalement, la massification des secours et leur plus grande visibilité médiatique ne permettent cependant pas d’affirmer que l’aide serait plus —ou moins— politique. Toutes proportions gardées, chaque acteur humanitaire, pris à l’unité, continue en effet de véhiculer des enjeux symboliques et matériels qui lui confèrent une valeur stratégique aux yeux des belligérants comme des bailleurs de fonds. D’une manière générale, l’action humanitaire se redéfinit en permanence en fonction des contraintes auxquelles elle est confrontée. Dans la durée, sa transformation tient davantage à l’élargissement de son mandat par rapport à la mission originelle du comité de secours aux blessés de guerre de Henry Dunant en 1863.

Source : http://www.grotius.fr/pour-une-histoire-politique-des-humanitaires-dans-la-guerre/


Les humanitaires dans la guerre. Des idéaux à l’épreuve de la politique, Marc-Antoine Pérouse de Montclos – Collection les Etudes de la Documentation française. La Documentation française. 254 pages, 19,50 euros. Date de parution: 6 février 2013.

lundi 4 février 2013

L’aide alimentaire aux plus pauvres bientôt supprimée ?

Une femme poussant dans son assiette des restes invisibles, un homme mangeant des miettes imaginaires…Ces drôles de saynètes, observées par des passants ébahis, tournent en boucle sur le net. Objectif : attirer l’attention du grand public sur une menace bien réelle, la disparition de l’aide alimentaire aux plus démunis versée par l’Europe.

L’aide alimentaire aux plus pauvres bientôt supprimée ?


Ce programme permet de nourrir 18 millions d’Européens pour l’équivalent d’une contribution d’un euro par Européen. Or, si aucun budget n’est voté lors du prochain Conseil européen les 7 et 8 février pour les sept prochaines années, les conséquences risquent d’être catastrophiques pour ces millions de citoyens. En effet, les nombreuses associations qui se mobilisent pour offrir des repas ne disposent pas, à elles seules, des moyens suffisants pour satisfaire tous les besoins. En effet, l’aide européenne représente un quart voire la moitié des denrées alimentaires distribuées, soit 130 millions de repas. Si le vote n’a pas lieu, cette aide disparaitra dans un an.

En France, quatre grandes associations se sont unies dans l’opération Airfoodproject. Les banques alimentaires, la Croix-Rouge, les Restos du cœur et le Secours Populaire tirent la sonnette d’alarme et invitent tous les bénévoles et citoyens à se mobiliser pour peser sur la décision des gouvernants.
Le site airfoodproject.com permet à chacun de signer une pétition en ligne, et de participer à la grande journée d’action prévue, partout en France, le 4 février prochain. A Paris, le rendez-vous est fixé à midi sur le parvis des Droits de l’Homme (Place du Trocadéro) pour un déjeuner virtuel où les participants mimeront un faux repas…prélude à un vrai drame humain ?

Source : http://www.femmeactuelle.fr/actu/news-actu/l-aide-alimentaire-aux-plus-pauvres-bientot-supprimee-14664

mercredi 30 janvier 2013

Document : la feuille de route vers la « sobriété heureuse »

Agriculture, énergie, économie, éducation, démocratie : les amis de Pierre Rabhi publient leur feuille de route alternative de « grandes directions à 50 ans ».

Les amis de Pierre Rabhi, l’agriculteur-philosophe promoteur de la sobriété heureuse, ont un « plan ». Ce mouvement, représenté par l’association les Colibris, présente ce mercredi soir à Paris sa « (r)évolution ».

Cette « feuille de route citoyenne, politique, alternative, coopérative, à destination de tous » n’est pas un programme politique, mais une série de « grandes directions à 50 ans » pour que la politique soit guidée par les préoccupations de long terme de la société civile.
Dans les cinq domaines clés que sont l’économie, l’agriculture, l’énergie, l’éducation et la démocratie, des « objectifs » et des « leviers d’action » pour les atteindre (et qu’il s’agit de promouvoir auprès des élus ou des entrepreneurs) sont proposés. Les maîtres-mots de la feuille de route : décentralisation et sobriété.


Voir le document
 « Incarner les utopies »

A force d’expliquer, depuis trente ans, que nos sociétés industrialisées marchent sur la tête, le petit paysan ardéchois originaire du Sahara a vu le nombre de ses soutiens grandir, s’organiser... au point de s’être engagé en 2002 dans un début de campagne pour l’élection présidentielle. Plus habitué aux livres et aux conférences, il avait lancé alors un appel à une « insurrection des consciences ». Avant de se raviser.

Comme il nous l’a confié dans l’e-book d’entretiens que nous avons publié en juillet 2012, il a rapidement réalisé que : « La politique n’est pas en phase avec la réalité. » Celui qui revendique « d’incarner les utopies » prévient aujourd’hui les politiques au pouvoir qu’« ils devraient être plus sensibles aux initiatives porteuses d’avenir issues de la société civile » 
Le récent sondage Ipsos France 2013 tombe à pic, remarque Cyril Dion, directeur des Colibris :
  • 72% des Français auraient « l’impression que le système politique fonctionne plutôt mal, et que leurs idées sont mal représentées » ;
  • 82% que les hommes et femmes politiques « agissent principalement pour leurs intérêts personnels ».
Des chiffres qui concordent avec l’étude Ifop réalisée pour les Colibris lors du lancement de la campagne « Tous candidats ».

La parabole du colibri
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

Juste avant la dernière élection présidentielle, il avait réuni 27 000 « candidats », autant de personnes prêtes à « faire leur part » (comme le dit la parabole du colibri, lire l’encadré ci-contre) dans le changement de société. Puis, ils se sont mis au travail, dans 27 forums locaux, et les plus motivés ont rendu en juillet dernier une matière, soumise à des experts.
Le résultat est ce « plan », dont la version que nous publions est 1.0 et qui sera décliné en un wiki, acutalisé en permanence sur Internet.

« Ceux qui ressentent le message comme étant pertinent vont le propager », prédit Pierre Rabhi, prêt à « répondre aux sollicitations », mais sans avoir le moindre rendez-vous à Matignon ou l’Elysée.

Un « cerveau collectif » où chacun met sa part de génie

Ce grand travail de maïeutique a nécessité de remonter à la « cause des causes » : la démocratie. L’expert choisi pour porter la parole sur ce volet n’est autre qu’Etienne Chouard, héraut du « non » au référendum européen de 2005, et qui réfléchit depuis des années à importer les bienfaits de la démocratie athénienne dans notre monde contemporain. Il propose une vraie révolution :
« Faire réécrire notre constitution par une assemblée constituante populaire, tirée au sort et dont les membres seront inéligibles aux mandats qu’ils définiront. »
Idée qu’il développe déjà sur son blog Le Planc C, et qu’il décline de conférence en wiki-échanges sur Internet. Il s’explique :
« Contrairement à Mélenchon, qui veut une constituante élue, moi je pense que si on veut une constitution, il faut qu’on l’écrive nous-mêmes. Si les élus l’écrivent pour eux, il y a un conflit d’intérêt, alors que si on met n’importe qui, un plombier par exemple, il sera naturellement conforme à l’intérêt général ».
Très excité par l’exercice de « cerveau collectif où chacun met sa part de génie », le prof cherche à décrypter les abus de pouvoir et voit dans la monnaie privée une vraie source d’oppression.
Justement, les Colibris proposent de « rendre la souveraineté monétaire », par le développement des monnaies locales. Des initiatives comme le Sol-Violette à Toulouse rencontrent déjà un succès croissant même si, selon Etienne Chouard, elles sont surtout « à vocation pédagogique ».

Construire, à côté du capitalisme, une économie alternative

Au lancement de la (r)évolution se trouveront aussi quelques élus rock’n’roll, comme le sénateur EELV du Morbihan Joël Labbé. Lui voit dans les Colibris des « semeurs d’idées nouvelles » sur lesquels il s’appuie pour faire des propositions parlementaires :
« Une initiative qui arrive au bon moment, alors que la société civile est mûre pour se mobiliser, mais qu’il y a toujours ce fossé entre élus et citoyens. »
Quand le plan à 50 ans des Colibris est l’« autonomie alimentaire pour tous », le sénateur va plus loin en rédigeant une « proposition de loi interdisant les pesticides par les collectivités locales sur les espaces publics ». Il assure que c’est possible puisque des communes l’ont déjà fait.
Cette démonstration par l’exemple, cet essaimage d’initiatives individuelles est au cœur de la stratégie des Colibris, rappelle son directeur Cyril Dion :
« Ceux qui ont voulu transformer le capitalisme de l’intérieur ont bien vu que ça ne marche pas. Body Shop [la boîte de cosmetique écolo et éthique, ndlr] a été racheté par L’Oréal... Il vaut mieux construire à côté une économie alternative, tout en laissant l’ancienne s’écrouler d’elle-même. »
Devenir des acteurs de changement

Raphaël Souchier, auteur de « L’après-Wall Street sera local, Citoyens, entreprises et collectivités réinventent l’économie », à paraître prochainement, présentera les bienfaits de la relocalisation de l’économie. Il exposera le succès du réseau américain BALLE (Business Alliance For Local Living Economies) :
« Organic Valley regroupe 1 766 familles paysannes, réalise un chiffre d’affaires de 700 millions de dollars, et leur objectif central est de préserver un art de vivre local. Iils ne sont pas devenus des exploitants exploités par leur propre organisation. »
En France, la responsabilité de l’intérêt général est au contraire trop souvent dévolue à la collectivité ou aux associations. Là, explique-t-il, « il s’agit de faire passer la notion de responsabilité personnelle et collective dans nos pratiques habituelles, de devenir des agents de changement ».
Et comme le dit Pierre Rabhi, la question n’est plus seulement « quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? » mais « quels enfants laisserons-nous à la planète ? ».

Source : http://www.rue89.com/rue89-planete/2013/01/30/document-la-feuille-de-route-vers-la-sobriete-heureuse-239140

mardi 29 janvier 2013

ODORAMA – Une famille chassée du Musée d’Orsay pour cause de mauvaises odeurs

"L'argent n'a pas d'odeur, mais la pauvreté en a une", écrivait Paul Léautaud. Une famille défavorisée vient de se le voir rappeler samedi, alors qu'elle visitait le Musée d'Orsay, à Paris, rapporte Le Figaro.

Des visiteurs regardent "Le Fifre", peint en 1866 par Edouard Manet (1832-1883)

                          Des visiteurs regardent "Le Fifre", peint en 1866 par Edouard Manet (1832-1883)

Un couple et leur petit garçon d'une dizaine d'années déambulent en toute insouciance parmi toiles de maître et statues quand un gardien les prie instamment de bien vouloir quitter le musée. Incompréhension de la famille. "Des visiteurs se sont plaints" de leur odeur, s'entendent-ils répondre.

C'est un cadre bénévole du mouvement ATD (Agir tous pour la dignité), qui rapporte l'incident. Ce jeune homme avait décidé d'accompagner la famille en grande difficulté au musée, se souvenant de cette initiative de la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, qui avait convié en décembre quatre cents bénéficiaires d'associations caritatives à des visites commentées d'expositions parisiennes, avec pour mot d'ordre : "La culture est un vecteur de lutte contre les inégalités."

Le jeune bénévole refuse tout d'abord d'obtempérer, objectant que personne ne s'est plaint et que rien dans le règlement n'interdit aux pauvres de visiter des musées, mais ils sont encerclés dans une grande salle de la section Art nouveau, parmi les moins fréquentées, par quatre agents persuasifs. La famille se retrouve donc une nouvelle fois sur le trottoir, pour une question d'hygiène. Contacté par Le Figaro, le Musée d'Orsay s'est dit peiné par cet incident et a dit regretter la "maladresse" de ses agents.

Source : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/01/29/odorama-une-famille-chassee-du-musee-dorsay-pour-cause-de-mauvaises-odeurs/

Action Froid, un collectif pour les sans-abri

Plus de 150 000 personnes en France n’ont pas de domicile fixe. Leur prise en charge par les services publiques ne cesse de se détériorer. Le numéro 115 du Samu social est débordé, les centres d’hébergement d’urgence sont pleins à craquer.

Face à ce drame, qui touche de plus en plus de personnes, des citoyens ordinaires ont décidé de réagir. En marge des associations caritatives classiques, ils se regroupent depuis plusieurs mois sur les réseaux sociaux, créant des collectifs qui distribuent de la nourriture, des couvertures et des vêtements aux sans-abri, et qui les aident aussi à trouver un toit. Action Froid est une de ces associations.


Un sans-abri dans une rue de Paris.
Un sans-abri dans une rue de Paris. Grisha7/Flickr CC




 

lundi 28 janvier 2013

CONFÉRENCE - 30 JANVIER 2013 : Conférence de lancement de la (R)évolution des Colibris !

Le mouvement Colibris est une plate-forme de rencontre et d’échange qui s’adresse à tous ceux qui veulent agir, cherchent des solutions concrètes ou développent des alternatives. Le mouvement a été initié en 2006 par Pierre Rabhi et quelques proches, sous la forme d’une association loi 1901. Colibris a l’ambition d’être un accélérateur de transition, en s’appuyant sur la capacité de chacun à changer et à incarner ce changement dans des expériences concrètes et collectives. Sa vocation est d’encourager l’émergence et l’incarnation de nouveaux modèles de société fondés sur l’autonomie, l’écologie et l’humanisme.



 
Nous vous donnons rendez-vous pour le lancement de la (R)évolution des Colibris, le 30 janvier 2013 à Paris !

La campagne débutera par une conférence publique à Paris en présence de sept personnalités (Pierre Rabhi, Raphaël Souchier, Jacques Caplat, Isabelle Peloux, Etienne Chouard, Thierry Salomon, Cyril Dion) qui nous présenteront le Plan des Colibris, des trajectoires de transition dans cinq grands domaines essentiels : économie, agriculture, éducation, démocratie, énergie. Ces recommandations d'actions seront ensuite disponibles sur le web pour que tous ensemble, nous reprenions le pouvoir de nos vies et sur nos territoires.

Intervenants
Jacques Caplat, ingénieur agronome, administrateur d'Agir pour l'environnement, auteur de L'agriculture biologique pour nourrir l'humanité (éditions Actes Sud, collection Domaine du Possible), nous démontrera comment une agriculture vivrière et localisée, s'appuyant sur le génie de la Nature et le savoir des paysans, serait en mesure de nourrir l'humanité et de répondre aux défis que le siècle nous réserve (raréfaction des ressources, croissance démographique, dérèglement du climat, effondrement de la biodiversité, pollutions, chômage, insécurité alimentaire...).


Étienne Chouard, enseignant, figure du "non" au Traité Constitutionnel Européen de 2005, nous exposera le fruit de ses recherches sur les modèles démocratiques. Il partagera ses réflexions sur ce qu'il appelle "la cause des causes" : la profonde crise démocratique que nous traversons et qui prive les citoyens de la capacité réelle d'orienter la politique de leur pays. Il nous proposera des pistes d'action comme l'adoption du tirage au sort ou la création d'une nouvelle assemblée constituante.




Cyril Dion, directeur de Colibris, directeur de la rédaction du magazine Kaizen, co-fondateur et co-animateur de la collection Domaine du Possible chez Actes Sud, introduira la conférence, présentera la campagne (R)évolution et le Plan des colibris.




 

Isabelle Peloux, enseignante, ancienne formatrice à l'IUFM, créatrice de l'École du Colibri aux Amanins, contributrice au livre (R)évolutions (éditions Actes Sud/Colibris, collection Domaine du Possible) nous présentera la démarche pédagogique qu'elle développe depuis plusieurs années, fondée sur l'apprentissage de la coopération, la reconnection à la Nature, la culture de la paix... Elle partagera avec nous sa vision de ce que pourraient être les écoles de demain.


 

Pierre Rabhi, agroécologiste, penseur, fondateur de Colibris, auteur de Vers la Sobriété heureuse (éditions Actes Sud) et de Éloge du Génie créateur de la Société civile (éditions Actes Sud/Colibris, collection Domaine du Possible) développera sa vision selon laquelle "il ne peut y avoir de changement de société sans changement humain". Il concluera la conférence en donnant une perspective plus large au Plan des colibris en l'inscrivant dans une vaste transformation sociétale appuyée sur une véritable "insurrection des consciences".

 


Thierry Salomon, ingénieur énergéticien, président de l'association NégaWatt, co-auteur du Manifeste NégaWatt et de Changeons d'énergies  (à paraître en février) (éditions Actes Sud/Colibris, collection Domaine du Possible) nous présentera les grandes lignes du scénario NégaWatt 2011-2050 proposant une transition énergétique pour la France. Il nous indiquera ce qui lui semble prioritaire dans les mises en œuvre institutionnelles, territoriales et citoyennes.



Raphaël Souchier, expert en économie locale, présentera la démarche des économies locales vivantes. S'appuyant sur les travaux du réseau BALLE (Business Alliance for Local Living Economies) il nous montrera pourquoi l'économie doit s'enraciner quelque part et l'impact incroyable de l'achat local sur l'emploi, la circulation des richesses, l'augmentation des revenus des collectivités et des associations.

 


Infos pratiques

La conférence aura lieu le 30 janvier à 19h30.
Espace Reuilly - 21 rue Hénard - Paris 12.
Métro : Montgallet (M8) ou Dugommier (M6)
Bus : Mairie du XIIème (29), Montgallet (46), ou Dausmesnil (62).

Participation libre.
Entrée dans la limite des places disponibles.

vendredi 25 janvier 2013

Pauvreté: Ayrault précise son plan mais reste flou sur son financement

Le Comité interministériel de lutte contre l'exclusion a adopté un plan pluriannuel contre la pauvreté qu'a présenté le Premier ministre.



Six mois de concertations, une soixantaine de mesures et dorénavant vingt ministres concernés. Le Comité interministériel contre l'exclusion a adopté le 21 janvier le plan de lutte contre la pauvreté, sur les bases des propositions de la Conférence de décembre 2012 sur le sujet.



Financement: pas de prélèvements supplémentaires

Ce plan pluriannuel et transversal tente de s’attaquer à l’exclusion sociale dans le domaine de l’emploi, du logement, de la santé ou encore du surendettement. Pour cela, le Premier ministre a annoncé que l’Etat mobilisera 2,5 milliards d’euros par an à partir de 2017. Un "rythme de croisière" que le gouvernement atteindra donc d'ici la fin du quinquennat.
Avant cela, les ressources nécessaires pour la mise en place des mesures seront intégrées dans les budgets des différents ministères concernés, a indiqué vaguement le Premier ministre, en conférence de presse. Le budget du plan n'est donc pas chiffré précisément. Pour l'année 2013, entre 300 et 400 millions d'euros seront investis, précise néanmoins le cabinet. Question financement, Jean-Marc Ayrault le promet, “il n’y aura pas de nouveaux prélèvements".

Les mesures phares


RSA, CMU, nouveau dispositif d’insertion pour les jeunes, registre national des crédits aux particuliers... les mesures du plan reprennent les propositions de décembre. Elles sont parfois amplifiées ou précisées.
Parmi les mesures mises en avant par le Premier ministre dont l’application débute dès 2013:

> La revalorisation du RSA socle de 10% d’ici 2017, en dehors des réhaussements par rapport à l’inflation. La première hausse de 2% sera effective en septembre 2013.

Concernant le RSA activité, un groupe de travail va être mis en place pour déterminer les meilleurs dispositifs pour soutenir les travailleurs modestes, explique-t-on à Matignon. L'efficacité de la Prime pour l'emploi (PPE) y sera discutée également. Le but est de tester les dispositifs préconisés par ce groupe dès la rentrée 2013, dans des territoires pilotes.

> La hausse du plafond pour l'accès à la CMU complémentaire dès septembre 2013 (par décret). Ainsi, 750.000 personnes supplémentaires pourront bénéficier de cette complémentaire santé. C’est 250.000 de plus que ce qui a été annoncé en décembre.

> La "garantie” jeune, nouveau dispositif d’insertion professionnelle pour les jeunes isolés, sans emploi ou formation entre 18 et 25 ans. Le gouvernement annonce un essai dans dix territoires en septembre, avant sa généralisation en 2014.

> Les 9000 places d’hébergement d’urgence supplémentaires (dont 4500 CADA, centre d'accueil dedemandeurs d'asile) seront mobilisées en tout, pour cette année. Parmi ces places figurent celles des centres d’hébergement qui resteront ouverts après l’hiver.

Matignon explique que pour 2013, entre 120 et 140 millions d’euros sont débloqués pour la politique d’hébergement et d'accompagnement vers le logement.

Des mesures pour la famille émergent également de ce plan, comme le renforcement de l’accès des enfants de familles modestes aux crèches (avec notamment un quota de 10% minimum dans chaque crèche), ou encore une hausse de l’allocation de soutien familial (ASF), pour aider les familles monoparentales.

L’évaluation et le suivi du plan sera assuré par l’ancien secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, chargé de cette mission en tant qu’Inspecteur général des affaires sociales (IGAS).

Source : http://www.youphil.com/fr/article/06146-pauvrete-jean-marc-ayrault-plan-logement-rsa-cmu?ypcli=ano
 

> Consulter le texte intégral du plan de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale.

mardi 22 janvier 2013

Jean-François Bayart > Mali : le choix raisonné de la France

"La France se trouve à nouveau engagée dans une opération militaire en Afrique. Cette répétition ne doit pas tromper. Elle est porteuse de différence par rapport à la plupart des interventions précédentes." Jean-François Bayart insiste sur le caractère social et inégalitaire de la crise d'aujourd'hui, afin de refonder les relations sahélo-européennes, aujourd'hui dominée par la question sécuritaire.

Elle ne vise pas à départager les protagonistes de la vie politique locale en prenant le parti de l'un d'entre eux, comme avaient cru devoir le faire Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy en Côte d'Ivoire ou, de manière encore plus contestable, au Tchad, en 2008, en couvrant militairement la liquidation physique de l'opposition démocratique par le président Idriss Déby.

François Hollande reste fidèle à la ligne que Lionel Jospin avait adoptée.

PROTÉGER LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE DE BANGUI

Celui-ci s'était abstenu d'épauler quelque camp que ce soit lors de la reprise de la guerre civile au Congo-Brazzaville en 1997 ou du coup d'Etat de 1999 en Côte d'Ivoire. De même, le déploiement de troupes en Centrafrique, début janvier, ne visait pas à sauver le président François Bozizé des griffes de la rébellion, mais à protéger la communauté française de Bangui.

Au Mali, Paris jette ses forces non contre l'une des factions qui se déchirent ce qui reste d'Etat, mais contre des mouvements armés en partie étrangers qui remettent en cause l'intégrité territoriale du pays et ne cachent pas leur intention de recourir à l'action terroriste contre les "croisés".

En outre, François Hollande a répondu à l'appel explicite de son homologue malien, dans un cadre légal préalablement défini par des résolutions des Nations unies.

Enfin, il poursuit un objectif de sécurité, voire de défense nationale, évident : les groupes djihadistes du nord du Mali représentent une menace d'agression déclarée pour la France, qui a déjà empêché ces derniers mois plusieurs tentatives d'attentat organisées à partir du Sahel - une menace sans équivalent, même lointain, dans ses interventions militaires antérieures au Rwanda, au Congo, au Tchad, au Togo, en Côte d'Ivoire où aucun intérêt national majeur n'était en cause.

Il est légitime de s'interroger sur la pertinence de l'opération "Serval", que la France a déclenchée seule, contrairement à ce qu'affirmait vouloir François Hollande.

LA CONQUÊTE DE BAMAKO PAR L'AQMI

Mais ce dernier n'a guère eu le choix, sauf à se résigner à la conquête de Bamako par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et ses alliés sans être certain de pouvoir en évacuer à temps les quelque 6 000 Français et 1 000 Européens qui y résident.

Le 7 janvier, les négociations entre les autorités maliennes et certains des groupes djihadistes, sous la houlette de l'Algérie et du Burkina Faso, avaient été rompues.

Le 8, l'armée malienne perdait Konna, le dernier verrou avant la base stratégique de Sévaré et la ville de Mopti. Le 9, des observateurs militaires français constataient de visu la débandade des troupes du capitaine Sanogo. La route de Bamako était libre...

François Hollande a pris la seule décision possible, pour précipitée et hasardeuse qu'elle pût paraître. Il a aussi engrangé les fruits de l'intense travail diplomatique qu'il avait réalisé en amont depuis son élection en faisant adopter par les Nations unies les résolutions légitimant une opération au Mali, en préparant la constitution d'une force interafricaine d'intervention et sa formation par l'Union européenne, en sensibilisant l'administration Obama au risque régional, en tenant informée de sa démarche une Algérie opposée à toute forme de présence militaire française dans le Sahel.

SOUTIEN DE L'UNION AFRICAINE

Dans les heures qui ont suivi le déclenchement de l'opération "Serval", la France a obtenu le soutien de l'Union africaine, pourtant exaspérée par la guerre de Libye de 2011, l'appui logistique des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, l'approbation diplomatique plus ou moins chaleureuse de ses partenaires européens, de l'Afrique du Sud, de la Russie et de la Chine, l'envoi de premiers détachements ouest-africains et, chose plus inouïe encore, le quitus de l'Algérie, qui a ouvert son espace aérien aux avions français.

La performance diplomatique de l'Elysée contraste avec les interventions unilatérales d'antan, plus ou moins maquillées sous des atours multilatéraux ex-post. Elle témoigne d'une méthode différente des forcings et des improvisations de Nicolas Sarkozy.

On devrait la retrouver à l'oeuvre dans d'autres dossiers de politique étrangère d'ici à la fin du quinquennat, et notamment dans le domaine de l'Europe de la défense.

Le plus difficile est à venir. Les forces ouest-africaines vont devoir faire leurs preuves sur un terrain qu'elles ne connaissent pas, pour certaines d'entre elles, et dans des conditions climatiques redoutables.

Elles sont dans un état de faiblesse opérationnelle et logistique préoccupant - y compris l'armée nigériane, qui n'est plus que l'ombre de ce qu'elle fut dans les années 1990 quand elle prenait la tête des opérations africaines de maintien de la paix. Chassés des villes du nord du Mali, les combattants djihadistes trouveront refuge dans les massifs montagneux du désert.

LA CLASSE DIRIGEANTE MALIENNE S'EST DÉCOMPOSÉE

Ils continueront à bénéficier de facilités d'approvisionnement et de circulation en Algérie dont l'ambivalence n'est pas sans évoquer celle du Pakistan à l'égard d'Al-Qaida et des talibans. Le risque est également grand de voir se former des milices qui se livreraient à des exactions lors de la reconquête du Nord, voire se constitueraient à leur tour en mouvements armés.

Politiquement, le défi est plus redoutable encore. La classe dirigeante malienne s'est décomposée alors même qu'elle doit imaginer un nouveau modèle d'Etat-nation qui accorde au Nord une véritable autonomie et un large transfert de compétences, et qui parvienne à trouver un nouvel équilibre entre la laïcité de la République et l'islamisation croissante de la société.

Tout se jouera en définitive sur le terrain social quand bien même aucun des acteurs étrangers de la crise n'en est forcément conscient. L'enjeu foncier est crucial, qu'exacerbent la dégradation de l'environnement et la désertification. Si le Mali présente une analogie avec l'Afghanistan, peut-être est-ce d'abord là qu'il faut la trouver.

La guerre civile porte sur l'accès à la terre arable, les relations entre éleveurs et agriculteurs, la répartition de l'eau, l'investissement immobilier en ville. Ce que l'on nomme les conflits ethniques renvoit en réalité, le plus souvent, à des luttes agraires sur lesquelles se sont greffés les mouvements djihadistes.

Ensuite se pose la question de la jeunesse et de sa "dignité". Le mot est crucial. Il a donné tout son sens au combat nationaliste dans les années 1940 et 1950, au dire même des grands leaders qui l'ont conduit : ce dernier a d'abord consisté à rendre au peuple malien la "dignité" dont l'avait privé l'occupation coloniale.

LE TRAFIC INTERNATIONAL

Le nationalisme a occulté une part du problème sous le couvert de l'unanimisme anticolonial : celle du statut des anciens esclaves qui représentaient du quart à la moitié de la population selon les régions du Sahel, mais dont la condition subalterne a été politiquement refoulée, encore que le socialisme "anti-féodal" de Modibo Keita (1915-1977), le père de l'indépendance malienne, s'adressait implicitement à eux.

Aujourd'hui, un jeune en mal d'affirmation sociale, surtout s'il est d'extraction roturière ou captive, dispose de quatre voies pour ce faire : l'islam, qui transcende les clivages de statut entre les croyants, notamment dans le domaine matrimonial ; le métier des armes, qui permet de démontrer sa virilité ; le trafic international, qui est une source d'enrichissement et une école d'habileté ; l'émigration, vécue comme une aventure initiatique censée ouvrir les portes de la maturité, du mariage et de la notabilité. Or, chacune de ces voies est désormais disqualifiée, sinon criminalisée et réprimée.

Le djihadisme, s'il doit être vaincu, le sera politiquement, et non seulement militairement. Cela suppose une révision radicale des politiques que la France devra conduire en partenariat avec ses alliés africains et européens, tant dans le domaine de l'aide publique au développement que dans celui de la sécurité collective.

Il est plus difficile de faire preuve d'audace sur ces plans. La République dispose d'un prêt-à-penser et d'un kit opérationnel militaires qui font consensus.

En revanche, elle s'est interdit, depuis des décennies, toute réflexion approfondie sur des sujets qui la fâchent et qui sont au coeur de la crise du Sahel : l'immigration, l'aide publique au développement, la prohibition des narcotiques, la constitution d'un système régional d'alliances militaires. Certains dénonceront la persistance dans son être de la "Françafrique".

VIEUX ORIPEAUX COLONIAUX

Mais c'est précisément son défaut qui saute aux yeux : sous les effets de l'austérité budgétaire, de la lutte obsessionnelle contre les flux migratoires et de la priorité accordée à la construction européenne, les mécanismes d'arrimage, sinon d'intégration, entre Paris et le sous-continent se sont en partie corrodés pour laisser place à une gestion affairiste ou policière de leurs relations.

C'est bel et bien ce tissu qu'il faut reconstituer en le débarrassant de ses vieux oripeaux coloniaux et en l'européanisant. Tâche difficile, car les pays de l'Union européenne n'en ont cure, les opinions africaines restent suspicieuses ou versatiles à l'encontre de l'ancienne métropole, toujours suspectée de visées impérialistes, et la Place Beauvau ou Bercy veillent à ce que la République reste dans les clous qui l'ont conduite à l'impasse malienne !

Peut-être sans s'en rendre compte, François Hollande a pourtant ouvert une nouvelle porte en recevant des représentants de la communauté malienne en France à l'Elysée, le 13 janvier, et en faisant des immigrés des interlocuteurs plutôt que des suspects. Un geste aussi important que la décision de bombarder les djihadistes s'il devait déboucher sur une approche du Sahel autre que sécuritaire.

L'auteur : Jean-François Bayart (1950) est un enseignant chercheur expert en politique africaine. Il enseigne à l'Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne et est Directeur de recherche au CNRS. Spécialiste de sociologie historique comparée du politique, il travaille sur la formation de l’Etat dans le contexte de la globalisation en Afrique sub-saharienne, en Turquie et en Iran. Reconnu internationalement, il est considéré comme l'un des plus importants spécialistes francophones de l'Afrique.

Source : http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/01/22/mali-le-choix-raisonne-de-la-france_1820680_3232.html