Les travailleurs de
l’humanitaire sont exposés à des conditions de travail difficiles sur
des périodes parfois longues, où même leur vie peut être en danger. Une
étude réalisée par le Center for Disease Control d’Atlanta
montre que ces travailleurs humanitaires sont à risque de problèmes
psychologiques importants en particulier de troubles anxieux et
dépressifs, que ce soit sur le terrain ou lorsqu’ils sont rentrés chez
eux. Les groupes humanitaires qui les emploient peuvent mettre en place
des mesures pour limiter et prendre en charge ces troubles.
Les scientifiques du CDC ont
suivi 212 travailleurs humanitaires opérant pour 19 organisations non
gouvernementales (ONG) différentes, avant et après une mission. 60%
étaient des femmes. L’âge moyen des volontaires était de 34 ans Leur
niveau d’anxiété, l’existence de symptômes de dépression, de détresse
psychologique, le sentiment d’accomplissement personnel ou l’usage
d’alcool et/ou de stupéfiants ont été recherchés avant et après la
mission. Les scientifiques ont également tenté d’identifier la survenue
d’un burnout, un syndrome à part. Le burnout se définit par 3
composantes principales : un score élevé d’épuisement émotionnel et de
dépersonnalisation, et une diminution des sentiments d’accomplissement
personnel. A la différence de la dépression qui envahie toute la
personnalité, le burnout est un syndrome touchant les travailleurs. Il
apparaît plus fréquemment chez ceux qui s’occupent d’autrui de manière
intensive.
Les questions posées aux travailleurs
humanitaires tentaient de cerner les conditions de vies locales (lieu de
vie, électricité, eau), les conditions de sécurité, comme la présence
d’éléments hostiles ou l’existence de checkpoints dangereux, ainsi que
la quantité de travail et la reconnaissance formulée par l’ONG.
L’identification d’expériences traumatisantes incluait l’exposition à
des évènements dangereux, la peur de blessures, le kidnapping,
l’exposition à des attouchements sexuels, le meurtre d’un collègue ou la
destruction d’un bâtiment de l’ONG.
Avant leur déploiement sur le terrain,
3,8% (12) d’entre eux rapportaient déjà des symptômes d’anxiété et 10,4%
(22) des symptômes de dépression, une proportion en ligne avec la
prévalence de ces troubles dans la population générale. A leur
retour de mission, ces troubles touchaient beaucoup plus d’individus :
11,8% (20) rapportaient alors des symptômes d’anxiété et 19,5% (33) des
symptômes dépressifs. Entre 3 et 6 mois après leur retour, ces
troubles anxieux ne touchaient plus que 7,8% des travailleurs de
l’humanitaire, mais le taux de symptômes dépressifs avait lui encore un
peu progressé atteignant 20,1% des travailleurs humanitaires, soit 1 sur
5, des taux doubles par rapport à la population générale. Le retour à
une vie normale est parfois complexe : “Il est classique chez les
individus qui rentrent chez eux après un déploiement sur le terrain
d’être débordés par le confort et les choix multiples offerts par notre
société, tout en étant incapable de discuter de leurs sentiments avec
leur famille ou leurs amis” explique le Dr Alastair Ager, co auteur de
l’étude.
Cette étude indique que les
travailleurs humanitaires présentent un risque accru de dépression et de
burnout après leur mission et que ce risque ne diminue pas dans les 3 à
6 mois après le retour. Le risque d’anxiété est également
augmenté immédiatement après le retour mais semble se réduire à la
reprise d’une vie normale, moins stressante. Curieusement, l’évaluation
de la satisfaction de leur vie se réduisait au retour de la mission : Le
retour à une vie normale est parfois complexe explique le Dr Alastair
Ager, co auteur de l’étude : ”Il est classique, chez les individus qui
rentrent chez eux après un déploiement sur le terrain d’être débordés
par le confort et les choix multiples offerts par notre société, tout en
étant incapable de discuter de leurs sentiments avec leur famille ou
leurs amis”.
Les personnels humanitaires
ayant un antécédent de trouble psychologique auront besoin de plus de
soutien et de conseils de la part des ONG qui les emploient car ils sont
plus à risque d’anxiété, de dépression et de burnout au retour de leur
mission. L’exposition à un travail quotidien difficile créant
un stress chronique augmentait le risque de dépression. Ceux qui ont
vécu une expérience traumatisante avant la mission, ou qui ont été
victimes de violence domestique sont également plus à risque de burnout.
En revanche, ceux qui possèdent un réseau social développé ont moins
tendance à souffrir au retour de troubles psychologiques. Toutefois, le
mariage ne protège pas : ce sont les célibataires qui sont dans ce cas
moins à risque, tout comme ceux dont la motivation pour ce travail était
très élevée avant le départ en mission.
Le bien être des travailleurs humanitaires peut être camouflé par les besoins des populations qu’ils servent :
«Il est difficile d’obtenir des ONG qu’elles s’occupent de la santé
mentale de leurs employés» explique le Dr. Ager ; “la dépression,
l’anxiété, le burnout sont trop souvent considérés comme des réponses
inappropriées à une expérience d’injustice globale. Nous voulons qu’ils
sachent que le travail qu’ils font a une valeur immense, qu’il est
nécessaire et que les situations sont difficiles mais qu’en aucun cas,
cela signifie qu’ils doivent en souffrir ». Les auteurs font donc
plusieurs recommandations aux ONG : d’abord rechercher parmi les
candidats ceux qui aurait des antécédents psychologiques, et alerter ces
volontaires des risques encourus. Les ONG doivent apporter un soutien
psychologique pendant et après le déploiement sur le terrain à leurs
employés.
Les meilleures conditions de vie possibles doivent être
favorisées et les ONG se doivent d’être supportives et savoir exprimer
leur reconnaissance, encourager et faciliter les rapports sociaux.
Source : http://www.docbuzz.fr/2012/10/17/123-la-detresse-psychologique-des-travailleurs-de-lhumanitaire/
Source : http://www.docbuzz.fr/2012/10/17/123-la-detresse-psychologique-des-travailleurs-de-lhumanitaire/