Quelque 400 espèces animales et végétales ont
rejoint la liste des espèces menacées d'extinction, dévoilée mercredi 17
octobre à Hyderabad, en Inde, où la conférence de l'ONU sur la biodiversité est entrée dans sa dernière ligne droite en présence de plus de 70 ministres. "Il n'y a pas une seule façon de mesurer le déclin de la biodiversité, c'est complexe, mais la 'Liste rouge' est la meilleure mesure dont nous disposons", a souligné Jane Smart,
directrice mondiale du groupe de conservation de la biodiversité de
l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Cette actualisation de ce registre de référence comprend 65 518
espèces, dont près du tiers (20 219) est menacé d'extinction, avec 4 088
espèces en danger critique d'extinction, 5 919 en danger et 10 212
vulnérables. Plus de 400 végétaux et animaux ont rejoint la liste des
espèces menacées depuis la dernière version, présentée en juin lors du
sommet de Rio+20. Deux invertébrés, une blatte des Seychelles et une
espèce d'escargot d'eau douce, ont intégré la catégorie des espèces
considérées comme éteintes.
Les experts de l'UICN ont aussi insisté sur la situation "terrifiante" des palmiers de Madagascar, l'un des sites les plus riches au monde en terme de biodiversité. Plus de 80 % des 192 palmiers de l'île, dont dépendent certaines populations parmi les plus pauvres pour la nourriture et les matériaux de construction, sont menacés d'extinction. Une disparition principalement due au défrichage des terres pour l'agriculture et à l'exploitation des forêts.
Le Tahina, ou "palmier suicidaire", est ainsi classé en "danger critique d'extinction", le stade le plus élevé avant la disparition constatée : seuls 30 représentants de cette espèce de palmiers géants pouvant atteindre 18 mètres de haut existeraient encore. Une autre étude publiée lundi soulignait que les lémuriens de Madagascar figurent désormais parmi les primates les plus menacés de la planète, en raison de la destruction de leur habitat et du braconnage. "Madagascar est une région d'une absolue priorité" pour la biodiversité, a insisté Russell Mittermeier, spécialiste de l'île et président de l'ONG Conservation International.
"LE COÛT DE L'INACTION"
Cette piqûre de rappel de l'UICN intervient alors que plus de 180 pays sont réunis à Hyderabad pour la conférence de l'ONU sur la biodiversité visant à tenter d'endiguer cette érosion toujours plus rapide des espèces. Les discussions, entamées le 8 octobre au niveau technique, se poursuivaient à partir de mercredi, pour les trois derniers jours de la conférence, au niveau gouvernemental avec plus de 70 ministres présents dans le sud de l'Inde.
Les discussions achoppent principalement sur les engagements financiers qui pourraient être pris pour atteindre les 20 objectifs pour 2020 adoptés à Nagoya au Japon en 2010, comme la lutte contre la surpêche ou le développement des aires protégées sur terre et en mer. Des experts chargés de conseiller les négociateurs ont chiffré ces besoins entre 150 et 440 milliards de dollars (environ 115 à 340 milliards d'euros) par an, a rapporté mercredi l'économiste Pavan Sukhdev, auteur d'un rapport sur la valeur économique des services rendus par la nature.
Les financements publics et de mécénat en faveur de la biodiversité sont actuellement estimés à quelque 10 milliards de dollars par an. "Le coût de l'inaction est quelque chose que les gens commencent seulement à évaluer", a souligné le directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Achim Steiner.
Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/10/17/conference-de-l-onu-sur-la-biodiversite-70-ministres-au-chevet-d-une-nature-en-peril_1776676_3244.html