Le 3 mars 2010, Wang Cuiyan, une vieille femme de 70 ans, est enterrée vivante lorsqu’une pelleteuse renverse sa maison dans la grande ville de Wuhan, capitale du Hubei au centre de la Chine.
Le 18 avril 2011, une centaine d’hommes débarquent dans le village de Lichang dans la province du Jiangsu, au nord de Shanghaï, et attaquent les paysans en les forçant à quitter leur terre. Une vingtaine de femmes du village ont été enlevées et battues.
Le 15 juin 2011, la police de Wenchang dans la province du Sichuan a mis en prison un bébé de 20 mois et refusé de le rendre à sa mère avant qu’elle n’accepte de signer un ordre d’éviction de sa maison…
Le rapport publié jeudi par Amnesty International sur les expulsions foncières en Chine est accablant, citant plus d’une quarantaine d’exemples dans toute la Chine, dont neuf se sont conclus par des décès de personnes.
Ces violentes expulsions connaissent une hausse préoccupante, s’inquiète l’ONG spécialisée dans les droits de l’homme, qui dénonce la collusion généralisée des autorités avec des promoteurs sans scrupules.
Ces deux dernières années, selon Amnesty, un nombre croissant de Chinois ont été forcés d’abandonner leurs terres ou leur domicile, aussi bien dans les zones rurales qu’urbaines, étant parfois frappés, emprisonnés voire tués lorsqu’ils ont essayé de s’y opposer. Des victimes de ces expulsions, poussées à bout, ont même tenté de s’immoler par le feu, a indiqué l’ONG.
«Les collectivités locales ont emprunté de fortes sommes auprès des banques d’État pour financer des projets de relance et elles paient les traites grâce aux ventes de terres, dénonce l’organisation de défense des droits de l’homme. Le Parti communiste au pouvoir en Chine continue de promouvoir les responsables locaux qui génèrent de la croissance économique, sans se pencher sur la façon d’y arriver. La conversion des terres, quel qu’en soit le coût – pour construire des routes, des usines ou des complexes résidentiels – est considérée comme le moyen le plus direct pour parvenir à des résultats concrets».
Amnesty International demande en conséquence aux autorités chinoises de «cesser immédiatement toutes les expulsions forcées» ainsi que leur politique d’encouragement (par des primes, des avantages fiscaux et des avancements de carrière) aux responsables locaux qui pratiquent ces expulsions.
Les saisies de terres sont la principale raison des révoltes contre les autorités en Chine, pays où les zones urbanisées s’étendent rapidement. Les affrontements entre les villageois spoliés et les représentants des autorités locales ou des hommes de main engagés par les promoteurs prennent souvent une tournure extrêmement violente. Les compensations financières offertes, lorsqu’il y en a, sont en général considérées comme insuffisantes par les familles expropriées.
Source : http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Amnesty-International-denonce-la-hausse-des-violentes-expulsions-foncieres-_NG_-2012-10-11-863463