Ils sont 1,5 million de Syriens à avoir été recensés comme réfugiés en dehors des frontières de leur pays. Partis en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Irak ou bien plus loin en Egypte et en Afrique du Nord, ils sont abandonnés ou presque par la communauté internationale dénonce Amnesty international dans son rapport annuel, publié le jeudi 23 mai.
"Les droits de millions de personnes qui ont fui les conflits et les persécutions dans le monde ou qui ont quitté leur pays en quête de travail et d'une vie meilleure [...]ont été bafoués" en 2012, accuse l'organisation de défense des droits de l'Homme. "La situation [des Syriens] illustre de façon dramatique celle des personnes prises dans un conflit et la façon dont la communauté internationale n'assume pas ses responsabilité", dénonce Geneviève Garrigos, présidente de Amnesty France.
"Une année de plus a été perdue pour le peuple syrien", déplore l'ONG qui souligne les "conditions désastreuses" dans lesquelles vivent nombre de réfugiés syriens dans des camps installés aux frontières avec la Jordanie, la Turquie et le Liban. Il y a désormais "4 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, 1,5 million de réfugiés" et "un quart des habitants ont déjà été chassés de leurs terres".
Inaction mondiale
La guerre civile se poursuit dans le pays et les exactions - arrestations arbitraires, tortures, exécutions sommaires - aussi. "L'impunité restait la norme, encore en 2012, pour les atteintes persistantes aux droits humains", regrette Amnesty qui fait son possible pour enquêter sur le terrain. "Nous souhaitons bien sûr, comme d'autres ONG, rentrer en Syrie. Mais cela nous est absolument interdit", explique Marie-Hélène Mathonnière, coordinatrice Syrie.
Conditions de vie déplorables en ville ou dans les camps. Fermeture des frontières. Boucs émissaires dans les pays d'accueil aussi. "Les pays d'accueil doivent être particulièrement prudents et prendre en compte leur propre population afin qu'il n'y ait pas de comportement de rejet comme c'est malheureusement le cas dans certaines régions actuellement", explique Marie-Hélène Mathonnière.
Le monde paralysé
L'ONG appelle chaque pays à faire plus en honorant ses promesses de don mais aussi en accueillant des réfugiés sur son sol, notamment en Europe.Quant à la communauté internationale, "elle est paralysée, ce qui fait que nous avons vu une inaction mondiale" durant cette année écoulée, regrette le secrétaire général d'Amnesty, Salil Shetty dans le rapport.
Amnesty demande en outre à la France de lever la mise en place de visas de transit aéroportuaire pour les Syriens qui souhaitent passer par la France avant de repartir vers une autre destination. "Une mesure que les Etats prennent en principe dans des cas tout à fait exceptionnels, et alors qu'il n'y a actuellement que quelques centaines de demande d'asile sur le territoire", a souligné Geneviève Garrigos.