jeudi 23 mai 2013

SYRIE. Deux ans de guerre, 1,5 million de réfugiés abandonnés

Ils sont 1,5 million de Syriens à avoir été recensés comme réfugiés en dehors des frontières de leur pays. Partis en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Irak ou bien plus loin en Egypte et en Afrique du Nord, ils sont abandonnés ou presque par la communauté internationale dénonce Amnesty international dans son rapport annuel, publié le jeudi 23 mai.
"Les droits de millions de personnes qui ont fui les conflits et les persécutions dans le monde ou qui ont quitté leur pays en quête de travail et d'une vie meilleure [...]ont été bafoués" en 2012, accuse l'organisation de défense des droits de l'Homme. "La situation [des Syriens] illustre de façon dramatique celle des personnes prises dans un conflit et la façon dont la communauté internationale n'assume pas ses responsabilité", dénonce Geneviève Garrigos, présidente de Amnesty France.
"Une année de plus a été perdue pour le peuple syrien", déplore l'ONG qui souligne les "conditions désastreuses" dans lesquelles vivent nombre de réfugiés syriens dans des camps installés aux frontières avec la Jordanie, la Turquie et le Liban. Il y a désormais "4 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, 1,5 million de réfugiés" et "un quart des habitants ont déjà été chassés de leurs terres".
Inaction mondiale
La guerre civile se poursuit dans le pays et les exactions - arrestations arbitraires, tortures, exécutions sommaires - aussi. "L'impunité restait la norme, encore en 2012, pour les atteintes persistantes aux droits humains", regrette Amnesty qui fait son possible pour enquêter sur le terrain. "Nous souhaitons bien sûr, comme d'autres ONG, rentrer en Syrie. Mais cela nous est absolument interdit", explique Marie-Hélène Mathonnière, coordinatrice Syrie.
Conditions de vie déplorables en ville ou dans les camps. Fermeture des frontières. Boucs émissaires dans les pays d'accueil aussi. "Les pays d'accueil doivent être particulièrement prudents et prendre en compte leur propre population afin qu'il n'y ait pas de comportement de rejet comme c'est malheureusement le cas dans certaines régions actuellement", explique Marie-Hélène Mathonnière.
Le monde paralysé 
L'ONG appelle chaque pays à faire plus en honorant ses promesses de don mais aussi en accueillant des réfugiés sur son sol, notamment en Europe.Quant à la communauté internationale, "elle est paralysée, ce qui fait que nous avons vu une inaction mondiale" durant cette année écoulée, regrette le secrétaire général d'Amnesty, Salil Shetty dans le rapport.
Amnesty demande en outre à la France de lever la mise en place de visas de transit aéroportuaire pour les Syriens qui souhaitent passer par la France avant de repartir vers une autre destination. "Une mesure que les Etats prennent en principe dans des cas tout à fait exceptionnels, et alors qu'il n'y a actuellement que quelques centaines de demande d'asile sur le territoire", a souligné Geneviève Garrigos.


dimanche 5 mai 2013

La société civile bâillonnée en Russie - Regard d'Anne Nerdrum, d'Amnesty International France sur le manque de liberté des ONG russes


      Les nouvelles lois adoptées depuis 2012 par les autorités russes pour museler la société civile ne sont que la suite d’une longue série visant à étouffer par tous les moyens l’expression des libertés fondamentales.
Ainsi, une loi sur les ONG avait déjà été adoptée en 2006. Celle-ci renforçait leur surveillance et permettait aux autorités d’ordonner leur fermeture, si elles ne se conformaient pas à ces nouvelles mesures.
 A la suite des manifestations massives d’opposants, protestant contre la façon dont s’étaient déroulées les dernières élections législatives de 2011, et l’élection présidentielle de 2012, accompagnée par une violente répression des militants, journalistes et défenseurs des droits humains, le pouvoir a eu un réflexe de défense ancien. En effet, déjà l'URSS pratiquait cette politique, à savoir celle d'inventer sans cesse de nouvelles lois, dictées dans l’urgence, pour contrecarrer les activités des dissidents.
Nous assistons aujourd’hui au même phénomène avec l’adoption de tout un arsenal de lois répressives envers la société civile: loi limitant la liberté de manifester, élargissement de la loi sur la trahison, loi sur la diffamation, sur la liberté de réunion, loi sur la surveillance de certains sites internet et enfin une nouvelle loi d’encadrement des ONG qui sont sommées de se déclarer comme "agents étrangers" à partir du moment où elles reçoivent de l’argent d’une "puissance" étrangère.
Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a adopté, fin mars 2013, une résolution condamnant la loi sur les ONG.
Fait sans précédent, l’ambassadeur de Russie en France a été convoqué et sommé de s’expliquer. La chancelière allemande Angela Merkel, elle,a protesté publiquement auprès du président russe, lors de sa récente visite en Allemagne.
Ajoutons que ces lois sont contraires à la Constitution et aux textes internationaux que la Russie a ratifiés. Avec cette nouvelle législation, ce pays s’éloigne chaque jour d’un véritable Etat de droit.



mercredi 17 avril 2013

JEUDI 18 AVRIL - 18-20H Conférence ILERI ExCHANGE : Faut-il désoccidentaliser l'humanitaire ? Avec Pierre micheletti, ancien président de médecins du monde


Le mouvement humanitaire des ONG internationales est largement dominé aujourd’hui par des ONG issues des pays occidentaux. Cela tient à l’origine des ressources que manipulent ces organisations non-gouvernementales aussi bien qu’à leurs pratiques administratives et de gestion d’équipes sur le terrain. Sans condamner l'ensemble nous véhiculons des repères hérités des écoles et des universités au sein desquelles nous avons été formés. Ce mouvement humanitaire international tel que dominé par cette « tonalité occidentale » ne correspond plus aux équilibres internationaux et en tout état de cause, il n’y a plus aucune raison, que ce soit du point de vue de la localisation des compétences, du pouvoir politique ou de l’énorme revendication identitaire et culturelle à l’œuvre dans les pays d’intervention, que seul ce modèle domine dans l’aide internationale.

Directeur des programmes de Médecins du Monde en 1996, Pierre MICHELETTI devient membre du bureau en 2003 avant d’être élu à la présidence de Médecins du Monde en 2006, responsabilité qu’il exercera jusqu’en 2009. depuis 2009, il est professeur associé à l’Institut d’études politiques de Grenoble. Parallèlement à ses fonctions d’enseignant et à ses responsabilités à Médecins du Monde, Pierre Micheletti est médecin de santé publique au centre hospitalier psychiatrique de Saint-Égrève dans l’agglomération grenobloise. Ouvrages publiés : Afghanistan : Gagner les cœurs et les esprits, PUG, RFI 2011.Les orphelins, Embrasure, RFI, Paris, 2010. Humanitaire : s’adapter ou renoncer, Marabout, Paris, 2008

mardi 12 mars 2013

Dans l'intimité des camps de Kaboul - Le regard de Giovanna Winckler-Roncoroni, psychologue à Action contre la Faim.

Kaboul, 1 800 mètres d’altitudes, maisons grises construites le long d’une large vallée. Les  hautes montagnes sont austères, enneigées. Il n’y a pas d’arbres. Rien n’arrête la poussière chaude de l’été. Ici il y a les couleurs du ciel changeant et de la terre grise et brune. Contrairement à leur terre, le peuple est généreux, habitué à accueillir les voyageurs de passage. Leur histoire est complexe et douloureuse, leurs origines variées, fruit des multiples invasions.

kaboul kis
Les Afghans, je les ai rencontrés là, dans les terrains vagues autour de Kaboul, sur ces espaces destinés à la construction d’immeubles pour la nouvelle classe émergeante. Les camps, appelés KIS (Kabul Informal Settlements), sont un regroupement illégal de populations déplacées venant de tout le pays ou chassés d‘Iran ou du Pakistan. Toute la richesse ethnique du pays est là : les Pachtous, les Cujis, les Jogis, les Tadjiks. Les langues sont multiples : le Dari, le Pachtou et une infinité de dialectes. Les habitants ont fui la pauvreté, la guerre, les Talibans, la sécheresse, une inondation, etc. Ils sont venus à pied ou entassés dans un bus, quelques affaires attrapées au vol. Les enfants, interloqués, regardant en arrière, leur village, leur maison, l’incertitude. 

Un homme me confie : « C’est difficile dans les camps. Il y a beaucoup de violence, nous n’avons pas d’avenir. La vie dans les camps n’est pas une vie, nous allons partout et nulle part ».
C’est dans les KIS qu’ACF a ouvert en août 2011 cinq centres de nutrition destinés aux femmes et aux enfants malnutris des KIS. Une recherche sur les pratiques de soins et de santé mentale m’a permis de rentrer sous leurs tentes, d’être admise dans l’intimité des femmes.

Des Afghans travaillant pour ACF m’ont accompagnée, aidée à franchir le pas sortir des stéréotypes aveuglants. J’ai vu la misère de près, à cause du froid intense, d’un cadre de vie où l’homme peut perdre son humanité, les enfants malnutris, le regard des enfants qui ont grandi trop vite, la fatigue qui marque les visages, les mains qui connaissent le travail depuis l’enfance…

Ce sont d’abord les femmes et les enfants que je rencontre. Les hommes sortent de la tente pour que les femmes puissent répondre aux questions, parler sans honte. Rassemblées pour se réchauffer, les femmes assises ou accroupies sur les tapis ou les nattes, de tout âge, allaitent ou serrent de petits enfants autour d’elles, trop calmes, les yeux dans le vide, la fatigue, la faim.

Les femmes sont contentes de parler, de raconter leur souvenirs, leur vie de jeune mariée, de me parler de leur mari, de leur attachement progressif, de rire et de pleurer face à leur destin. Petit à petit ce monde se dévoile, les femmes parlent sans gêne ; j’ose poser des questions plus personnelles. Le rôle de chacun  -homme, femme, enfant- s’éclaircit.
Découvrez la vie dans les KIS

Photo : © ACF, Sandra Calligaro – Afghanistan

Source : http://terraindactions.blog.youphil.com/archive/2013/03/11/dans-l-intimite-des-camps-de-kaboul.html

samedi 9 mars 2013

Réglementer le commerce des armes classiques : un impératif humanitaire

Un traité efficace sur le commerce des armes, qui protège les civils contre les conséquences dévastatrices des transferts d'armes mal réglementés, est aujourd’hui plus urgent que jamais.


Un des objectifs majeurs de ce traité doit être de réduire le coût humain de la disponibilité des armes, en énonçant des règles claires interdisant les transferts d’armes classiques et de leurs munitions lorsqu’il y a un risque manifeste qu’elles soient utilisées pour commettre des violations graves du droit international humanitaire.



Pourquoi un traité sur le commerce des armes est essentiel ?
La réponse à cette question avec Nathalie Weizmann, juriste du CICR, ICI

Source : http://cicr.blog.lemonde.fr/2013/03/09/video-reglementer-le-commerce-des-armes-classiques-un-imperatif-humanitaire/

vendredi 8 mars 2013

Oser entreprendre, se lancer. Y croire, tout simplement. Portfolio: 20 femmes qui osent

A l'occasion de la Journée internationale de la femme le 8 mars, Youphil.com publie la deuxième partie de son portfolio consacré à des femmes qui osent, partout dans le monde.

Qu'elles soient chefs d'entreprises sociales, cinéastes, sportives, journalistes, activistes et originaires des pays du Nord comme du Sud, ces femmes ont toutes en commun d'avoir osé, parfois à leurs risques et périls.


< REVENIR
AVANCER > 1 / 20


1.Haifaa al-Mansour


Huitième d'une famille de 12 enfants, Haifaa al-Mansour est la première Saoudienne à réaliser un film, dans son pays où les salles de cinéma n'existent pas. Elle raconte avoir dû diriger le tournage de son long-métrage Wadjda cachée dans une camionnette, tant il est mal vu qu’une femme mène une équipe d’hommes. Crédit: DR.






Nous les avons sélectionnées car elles portent des projets innovants qui tentent de réconcilier l'économie et le social, de défendre l’égalité des droits pour tous et dont l'action a un impact. Elles sont déjà reconnues dans leur secteur, mais parfois encore méconnues du grand public.

Cette liste n'est évidemment pas exhaustive, mais elle vise à mettre en avant des femmes qui ont touché la rédaction car elles brisent le plafond de verre et font avancer le monde.

> Retrouvez notre portfolio: 10 Françaises qui osent.

Source : http://www.youphil.com/fr/article/06273-portfolio-journee-internationale-femmes?ypcli=ano

jeudi 7 mars 2013

Syrie : deux ans de conflit et l'aide humanitaire dans l'impasse

L'ONG Médecins sans frontières (MSF) tire le signal d'alarme sur la situation en Syrie. Le conflit syrien qui a démarré voilà presque deux ans par une contestation politique du régime de Bachar Al-Assad et qui s'est militarisée au fil de la répression sanglante des forces de sécurité a fait au moins 70 000 morts, selon les estimations de l'ONU.
Les Nations Unies ont annoncé mercredi que le cap du million de réfugiés syriens ayant fui leur pays avait été atteint. Au moins 2,5 millions de Syriens ont également été déplacés à l'intérieur du pays.

Dans un rapport titré "Deux ans de conflit en Syrie - L'aide humanitaire dans l'impasse", MSF s'en prend à la fois au régime, qui cible les structures de santé et empêche l'envoi d'aide dans de vastes zones du pays, et à la pusillanimité des institutions internationales et des pays voisins. 

Les premières sont visées parce qu'elles fournissent des moyens insuffisants et persistent à conditionner une bonne partie de leur intervention à l'autorisation de Damas, excluant de facto la majorité de la population des zones rebelles de leur assistance, tandis que les capacités des structures d'aide en zone gouvernementale sont "saturées" et insuffisantes.

Les pays voisins sont fustigés parce qu'ils "ne sont pas prêts" à accorder aux ONG engagées dans des opérations transfrontalières "les facilités logistiques et administratives associées à une reconnaissance officielle", ralentissant leur action, alors même que lesdits pays ont reconnu la coalition nationale syrienne comme seule représentante du peuple syrien.

L'ONG lance un appel aux belligérants et à la communauté internationale : "la paralysie de la diplomatie (...) ne peut justifier l'impuissance de l'aide humanitaire. MSF demande aux parties au conflit de négocier un accord sur l'aide humanitaire pour faciliter son acheminement partout dans le pays, à partir des pays voisins ou à travers les lignes de front".

Les Nations unies ont annoncé mercredi que le cap du million de réfugiés syriens ayant fui leur pays avait été atteint. Ce chiffre ne comprenant que les réfugiés dûment enregistrés, leur nombre réel est sans doute bien supérieur. Au moins 2,5 millions de Syriens ont également été déplacés à l'intérieur du pays. Pour le Haut Commissaire aux réfugiés Antonio Guterres, "la Syrie est entrée dans la spirale d'une catastrophe absolue".

Source : http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/03/07/syrie-deux-ans-de-conflit-et-l-aide-humanitaire-bloquee_1843990_3218.html

mardi 5 mars 2013

Le boycott du vaccin anti-polio, pas qu'une affaire d'obscurantisme

Neuf Nigérians, tous impliqués dans des campagnes de vaccination contre la poliomyélite, ont récemment été assassinés à Kano, au nord du Nigeria. En quelques semaines, plusieurs Pakistanais (neuf en décembre, sept en janvier) eux aussi membres d'équipes de vaccination contre la poliomyélite ont également été tués.

Le boycott du vaccin anti-polio, pas qu'une affaire d'obscurantisme


Ces actes barbares ont attiré l'attention de nombreux médias, notamment internationaux, qui les ont souvent décrits comme le prolongement violent d'un même phénomène de rejet des campagnes de vaccination contre la poliomyélite, rejet qui serait alimenté par l'ignorance des populations et l'obscurantisme de certains pouvoirs locaux. Or c'est précisément parce que ces meurtres sont inacceptables et ne peuvent bénéficier d'aucune circonstance atténuante qu'il faut les distinguer d'un autre mouvement, celui de la résistance aux campagnes de vaccination contre la poliomyélite, en partie justifiée par des arguments rationnels exprimés par des représentants des pays concernés.

Méfiance et incompréhensions

Il y a matière à débat de santé publique, à un moment où l'Organisation mondiale de la Santé et ses partenaires, Bill Gates en tête, affichent une volonté toujours plus inflexible d'éradiquer le virus coûte que coûte. Avec le soutien de certaines autorités nationales, dont celles de Kano, ils ont promis de faire disparaître la polio d'ici trois ans, quitte à utiliser des méthodes coercitives. Au Pakistan, des représentants des Talibans au Nord-Waziristan avaient annoncé, en juin, que les campagnes contre la poliomyélite feraient désormais l'objet d'un boycott. Dans un tract distribué à cette occasion, ils avaient indiqué que sa suspension était conditionnée à l'arrêt de l'utilisation des drones américains, tout en dénonçant la démesure des moyens employés:

«Quel besoin d'une campagne menée par des bonnes âmes qui dépensent des millions de dollars, alors qu'à peine un enfant sur des milliers est contaminé par le virus, tandis que les mêmes bonnes âmes, avec l'aide de leur esclave pakistanais, nous ciblent avec leurs drones dont des centaines d'enfants innocents, de femmes et de vieillards sont la proie? (...). Le survol des drones dans la région a rendu presque tout le monde malade d'un point de vue psychologique.»

Cet appel au boycott intervient également dans un contexte où la vaccination au Pakistan a particulièrement mauvaise presse, depuis que la CIA a reconnu avoir mené une fausse campagne contre l'hépatite B dans sa chasse à Ben Laden. Les vaccinateurs auraient-ils été assassinés pour avoir violé cet embargo? Quelles que soient les responsabilités des Talibans dans ces meurtres et l'objectif politique qu'ils poursuivent, leur appel rejoint les préoccupations de certaines autorités traditionnelles. 

Ralliées au boycott, celles-ci exigent l'électrification de leur région:

«Nos enfants meurent écrasés par la chaleur ou sous les morsures de moustique. Qu'est-ce que ça change qu'ils meurent de la polio? Nous continuerons notre boycott jusqu'à ce que le gouvernement réponde à notre demande.»

Ce n'est pas la première fois que les efforts de vaccination contre la poliomyélite sont accusés de démesure par ceux-là mêmes censés en bénéficier. L'épisode du boycott des campagnes polio au Nigeria en 2003, sur lequel nous proposons un petit retour l'illustre particulièrement.A cette époque, alors que l'éradication du virus était déjà présentée comme «à portée de main», l'OMS décida de redoubler d'efforts au Nigeria, le pays abritant alors la moitié des cas enregistrés dans le monde. Mais les équipes de vaccination rencontrèrent une résistance grandissante, s'accompagnant parfois de violences physiques de la part de la population.

Résistances et intimidations

Des rumeurs sur la contamination des vaccins par des agents stérilisants enflèrent jusqu'à provoquer, en juillet 2003, un appel à la suspension de la vaccination par le conseil supérieur de la charia du nord Nigeria. Plusieurs Etats annoncèrent qu'ils ne participeraient pas à la campagne suivante avant qu'une enquête indépendante ait prouvé que le vaccin était sans danger. Cet épisode fit couler beaucoup d'encre, dans les médias ou dans des publications scientifiques. Le boycott y fut, à l'instar, du Pakistan présenté comme le reflet de l'ignorance d'une population croyant en l'existence d'un complot mondial contre les musulmans, dans un contexte marqué par la guerre en Irak et en Afghanistan et le raidissement religieux au Nord du pays, illustré par l'adoption de la sharia en 2000.< Les autorités furent quant à elles montrées du doigt comme des dirigeants sans scrupules ayant abusé de la crédulité des Nigérians et mis en péril «15 années de travail, et 3 milliards de dollars». Mais l'examen attentif des arguments opposés par certains représentants politico-religieux à la campagne impose, là-aussi, une autre lecture. Nous reproduisons ci-dessous, un extrait d'une discussion entre l'émir de Kazaure, dans l'Etat de Jigawa, et une représentante de l'OMS au Nigeria en 2003.

Dr Gloria (de l'OMS)
-Votre Altesse Royale, j'ai été envoyée au Nigeria pour couvrir les activités de l'OMS, et en particulier pour venir à bout de la poliomyélite. Dans mon pays, le Zimbabwe, la polio a été éliminée. L'OMS est déterminée à éradiquer la maladie dans son intégralité. Pour que l'Afrique soit exempte de poliomyélite, tous les pays africains doivent garantir l'éradication totale de la maladie par la vaccination. Au Zimbabwe, les gens ont d'abord refusé de faire vacciner leurs enfants à cause d'une croyance populaire selon laquelle les personnes vaccinées se transformaient en cochons. L'acte de vaccination ne leur avait pas été correctement expliqué. Je veux simplement dire, Votre Altesse, que nous ne pouvons pas mener à bien notre mission sans votre bénédiction et votre soutien, car vous êtes le père du peuple. Je vous remercie.

L'émir de Kazaure
- Je vous remercie vivement de votre visite. Je dois dire que vous avez parfaitement récité le manuel de sensibilisation de l'OMS et que vous êtes convaincante quant à votre mission dans notre pays. J'ai consulté ce guide moi-même et j'ai constaté sa qualité et son agressivité. En 2000 et 2001, quand nous avons fait part de nos peurs et préoccupations [quant à la possibilité que le vaccin contienne des substances qui pourraient rendre les populations stériles], on nous a répondu que les médicaments étaient certifiés par l'OMS et fabriqués dans le meilleur environnement de fabrication, et que le vaccin ne contenait aucun autre ingrédient. Nous voulions des preuves concrètes, mais nous n'avons eu que des paroles.

Pour répondre aux craintes de notre peuple, nous avons donc dû conduire nos propres investigations, en consultant des livres et en faisant des recherches sur Internet. Tous les livres et les documents que vous voyez ici concernent la polio. Alors Madame, vous pouvez constater que les appréhensions de mon peuple ne sont pas les mêmes que celles du Zimbabwe, où les gens pensaient que le vaccin allait transformer les gens en cochons. Nos craintes relèvent plutôt de questions médicales. Quand vous venez vacciner la population, vous nous dites que vous avez atteint 60, 70 ou 100 000 personnes, que tous les enfants de l'Etat sont vaccinés. Puis vous revenez le lendemain et nous dites qu'il y a eu un nouveau cas, et qu'il faut revacciner tout l'Etat. Qu'est-ce que cela traduit de l'efficacité du vaccin? Nous commençons à voir pourquoi certaines de ces questions n'ont pas de réponse. Aux Etats-Unis par exemple, il y a un système de surveillance des effets secondaires du vaccin, mais nous n'avons pas de tel système ici. Personne ne sait ce qui se passe, vous venez, vous vaccinez, vous collectez de l'argent et l'année suivante, vous revenez vacciner les mêmes enfants. Mais que cherchez-vous, que cherche l'OMS? Que cherche l'UNICEF? Pourquoi cet acharnement? Combien d'argent dépensé au Nigeria pour enrayer 109 cas? Combien d'enfants meurent de la rougeole, du paludisme, de diarrhées? (...)

Concertation et pédagogie

Dans cet entretien, l'émir de Kazaure exprimait le décalage entre les priorités sanitaires de sa population et celles imposées par les acteurs de la «Global Health». Décalage que l'OMS et ses partenaires ont depuis tenté de combler partiellement, en intégrant aux campagnes polio la distribution de moustiquaires et la vaccination contre la rougeole. Il questionnait également l'acharnement des partisans de l'éradication: ceux-ci le justifient aujourd'hui par des arguments d'ordre symbolique (l'éradication de la poliomyélite comme l'œuvre d'une génération), financier (la stratégie d'éradication du virus est un horizon motivant pour les bailleurs de fonds, et serait moins coûteuse in fine qu'une stratégie d'endiguement) et sécuritaire (la présence du virus quelque part est une menace pour le monde entier). Ces arguments, très éloignés des préoccupations de santé publique de nombreuses familles pakistanaises ou nigérianes, risquent de faire des «derniers mètres» de la route vers la disparition de la polio une distance infranchissable.

Quoi qu'il en soit, pour lutter efficacement contre la poliomyélite, il faudra veiller à ne pas assimiler les mobiles, réels ou supposés, des assassins de vaccinateurs aux griefs des populations résistantes à la vaccination. Et peut-être accepter de négocier avec elles des mesures de santé publique raisonnables au regard des contraintes qu'elles imposent et du bénéfice qu'elles peuvent en retirer.

Source : http://www.msf-crash.org/sur-le-vif/2013/02/27/7216/le-boycott-du-vaccin-anti-polio-pas-quune-affaire-dobscurantisme/

jeudi 28 février 2013

RENSEIGNEMENT – Des citoyens britanniques privés de passeports puis tués par des drones américains

Une enquête menée par le Bureau d'investigation journalistique pour The Independent pose la question de l'existence d'un lien entre une loi controversée du gouvernement britannique et les attaques meurtrières de drones américains.

Un drone américain MQ-1 Predator.

Depuis 2002 le ministre de l'intérieur britannique est en mesure de retirer le passeport de n'importe quel ressortissant du pays détenteur d'une double nationalité, sur la simple base d'un acte "sérieusement préjudiciable" accompli par celui-ci

Selon ses critiques, le programme est sujet à la controverse car il permettrait au gouvernement de "se laver les mains" du sort de citoyens britanniques suspectés de terrorisme. Peu utilisée auparavant, la loi est surtout appliquée depuis l'arrivée au pouvoir de l'actuel gouvernement de coalition, relate The Independent, qui précise que depuis 2010 16 individus ont été déchus de leur citoyenneté contre 21 depuis 2002.

Les personnes visées par la loi, poursuit le quotidien, se font confisquer leur passeport britannique et sont interdits de territoire, ce qui rend encore plus complexe toute tentative de faire appel auprès du ministre de l'intérieur (qui prend la décision) et pose la question de la légalité du programme. D'autant qu'il apparaît, toujours selon l'enquête, que le gouvernement procède aux retraits de passeports quand les individus sont en dehors du territoire, en vacances parfois. Sur les 21 personnes affectées par la loi depuis 2002, seulement deux ont gagné leur appel, dont une a été extradée aux Etats-Unis depuis.


Le New York Times montre à travers cette infographie l'augmentation des attaques de drones depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama.

Sur les 16 personnes qui se sont vu retirer leur nationalité depuis 2010, deux sont mortes à la suite d'attaques de drones américains. The Independent site plusieurs cas dont celui de deux ressortissants devenus ensuite la cible de drones. L'un d'eux a été visé à deux reprises et finalement tué l'année dernière en Somalie, juste après avoir appelé sa femme au Royaume-Uni "pour la féliciter de la naissance de leur premier enfant". La famille de la victime estime que les forces américaines ont pu connaître la position précise du père de famille grâce à l'appel qu'il avait passé à sa femme un peu plus tôt. Pour l'avocat de la femme de la victime, il semble y avoir une relation entre le retrait de nationalité par le Royaume-Uni et la frappe du drone américain.

"Il semblerait que le procédé de privation de citoyenneté ait facilité la tâche des Etats-Unis qui ont désigné M. Sakr comme un combattant ennemi, envers lequel le Royaume-Uni n'a aucune responsabilité", a précisé l'avocat. Une porte-parole du ministère de l'intérieur britannique a déclaré aux enquêteurs qu'elle ne commenterait pas des questions de renseignement.

L'organisation Cage Prisonner, qui est en relation avec les familles des personnes touchées par la loi de 2002 met en garde contre une loi "extrêmement dangereuse" qui renforce le sentiment de non-appartenance nationale pour des citoyens nés au Royaume-Uni mais issus de la minorité.

Source : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/02/28/renseignement-des-citoyens-britanniques-prives-de-passeports-puis-tues-par-des-drones-americains/

mercredi 27 février 2013

Table ronde : Les nouvelles frontières de l’humanitaire - Mercredi 27 février 2013 De 18h30 à 20h30

 Table ronde : Les nouvelles frontières de l’humanitaire - Mercredi 27 février 2013 De 18h30 à 20h30
  • A Médecins du Monde 62 rue Marcadet 75018 Paris
Le mouvement humanitaire français puise à la source d’une utopie, celle de faire tomber les frontières. Que les humanitaires aient réussi à les abattre ou simplement – mais c’est déjà beaucoup – à les franchir pour assister des populations en souffrance ne change rien à un mouvement de plus en plus fort : de « nouvelles frontières » apparaissent qui, d’une certaine manière, se surajoutent aux frontières traditionnelles (certaines n’ont fait que se raffermir au gré d’un durcissement de régimes, comme en Syrie). Qu’il s’agisse en effet d’enclaves créées par des mouvements rebelles ou extrémistes ayant pris le contrôle de régions entières à la faveur d’une déliquescence des États (Mali), de législations internes hostiles aux ONG (Russie) ou de refus d’interventions d’ONG internationales opposés par certains pays (Inde, Chine), les ONG doivent donc composer avec un contexte changeant. Est-il plus compliqué désormais pour elles d’intervenir ? Quelles stratégies ont-elles mis en œuvre (retour à la clandestinité ou aide aux frontières en Syrie, action à distance en Somalie…) ? à la faveur de ces phénomènes, les ONG occidentales ne (re)découvrent-elles pas qu’elles ne sont plus seules pourvoyeuses de solidarité, mais qu’elles doivent céder la place à des sociétés civiles locales efficientes ou travailler davantage en partenariat avec elles ?

Syrie
© Agnès Varraine-Leca
 
Un débat animé parJean-Pierre Perrin, grand reporter àLibération
Avec :

  • Caroline Abu-Sada, responsable de l’Unité de recherches à Médecins sans Frontières-Suisse
  • Stephan Oberreit, directeur général de la section française d’Amnesty International
  • Gilbert Potier, directeur des opérations internationales de Médecins du Monde
  • Boris Michel,chef de la délégation du CICR en France
  • Philippe Ryfman, professeur et chercheur associé, Université Paris I Panthéon-Sorbonne

L'application qui vous aide à devenir bénévole


Une application lancée par Espace Bénévolat propose près de 4700 offres de missions de bénévolat.


É
couter de la musique en reversant de l’argent à des associations, faire des dons directement via son téléphone portable… Au rayon des applications solidaires pour smartphones, il faut désormais en compter une petite nouvelle, qui permet de s'engager.
L’association Espace Bénévolat vient de lancer l'application mobile “Tous Bénévoles !”, qui permet à chacun de trouver une mission de bénévolat via son smartphone. Une simple recherche dans la base de donnée de l'association permet de trouver les missions qui conviennent à votre profil. Aussi facile que d'envoyer un texto!


Le mobile, l'avenir de la mobilisation citoyenne?

Le principal objectif de la plateforme internet Espace Bénévolat, créée en 2003, est de mettre en relation candidats et associations. Elle permet aujourd'hui à environ 1300 structures associatives de proposer 4700 missions dans la formation, l'enseignement ou la distribution d'aliments.

À l’origine de la création de cette application, un constat: de plus en plus de jeunes consacrent gratuitement du temps pour des activités bénévoles et, d'un autre côté, l’utilisation d’internet via son téléphone mobile est incontestablement en plein essor. En décembre 2012, près de 23,6 millions de Français ont utilisé leur téléphone portable pour surfer sur le web (on les appelle les "mobinautes"), selon les statistiques de l’institut Médiamétrie.

Une tendance sur laquelle s'est appuyée l'association: “Depuis le début, nous pensons qu’internet est un excellent moyen de rapprocher les bénévoles et les volontaires, explique Jean-Claude Hanot, responsable de la communication au sein de l'association. Le lancement de cette application ne fait que renforcer notre conviction de départ".
L'application est pour le moment uniquement disponible sur la plateforme Android. Elle se télécharge sur le site de l’association, sur la plateforme d’achat d’applications de Google, ou bien en scannant un “flashcode” qui l'installera directement sur votre smartphone.

Faire le bien fait du bien

Après dix semaines, ceux qui faisaient du bénévolat avaient un niveau de cholestérol et un degré d'inflammation des tissus plus bas que les autres et avaient également moins de graisse corporelle.


Après dix semaines, ceux qui faisaient du bénévolat... (Photo: Photos.com)


Faire du bénévolat est bon pour le coeur, même à un jeune âge, selon une étude menée auprès de 106 adolescents canadiens publiée lundi dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

Dans leur étude, les chercheurs de l'Université de Colombie-Britannique (UBC) à Vancouver (ouest) voulaient savoir si le bénévolat pouvait avoir un impact sur la santé physique des adolescents.

Les chercheurs, associés à la faculté de l'Éducation et au département de psychologie de UBC, ont constaté que le bénévolat améliorait leur santé cardiovasculaire, a dit l'auteur de l'étude Hannah Schreier.

«C'est encourageant de voir comment l'intervention sociale auprès de membres de la collectivité améliore la santé des adolescents», a-t-elle déclaré.

Des études précédentes avaient montré que des facteurs psychosociaux, comme le stress, la dépression et le bien-être personnel, jouaient un rôle dans les maladies cardiovasculaires, une cause importante de mortalité en Amérique du Nord.

Mme Schreier a souligné que les signes précurseurs de la maladie peuvent apparaître dès l'adolescence, d'où l'objet de cette étude.

Les chercheurs ont mesuré l'indice de masse corporelle, le cholestérol et le degré d'inflammation de 53 lycéens de Vancouver qui consacraient une heure par semaine de leur temps à des activités avec des élèves du primaire de leur quartier.

Ils ont comparé les résultats de leurs recherches avec un groupe de 53 lycéens qui ne faisaient pas de bénévolat.

Ils ont aussi évalué l'estime personnelle, la santé mentale, l'humeur et l'empathie des étudiants.
Après dix semaines, ceux qui faisaient du bénévolat avaient un niveau de cholestérol et un degré d'inflammation des tissus plus bas que les autres et avaient également moins de graisse corporelle.
Ceux et celles qui avaient montré le plus d'empathie et d'altruisme dans l'accomplissement de leurs tâches étaient aussi ceux dont la santé cardiovasculaire s'était le plus améliorée, a déclaré Mme Schreier.

Source : http://www.lapresse.ca/vivre/sante/201302/26/01-4625564-faire-le-bien-fait-du-bien.php

mardi 26 février 2013

Associations: face à la crise, l’imagination au pouvoir

Les caisses de l’Etat sont vides? Les associations doivent aussi trouver de nouvelles sources de financement auprès des entreprises, plaide François Content, directeur général d’Apprentis d’Auteuil.



Stagnation, voire diminution des dons: face à la crise, la philanthropie semble bien mal en point. Pourtant, je suis convaincu que cris d'orfraie et lamentations ne résolvent rien. Bien au contraire, ils gèlent et sclérosent nos consciences comme nos actions.

Adoptons plutôt la "sérendipité", terme anglo-saxon qui fait référence à la chance ou hasard malheureux permettant de faire une découverte inattendue. Transformer le négatif en positif. C’est en laissant une paillasse sale que Flemming découvre la pénicilline. C’est en ne pouvant récolter à temps les raisins qu’un viticulteur invente le Sauternes. La moisissure est devenue médicament; un raisin trop mûr, un vin raffiné.

Bâtisseurs d’espérance

 

Aujourd’hui, c’est le financement de l’intérêt général qui est à repenser. Nous avons vécu sur le mol oreiller de l’Etat-providence, histoire, pouvoir et culture obligent. Mais la crise est venue et les temps ont changé. Désormais, nous allons tous prendre en main le bon fonctionnement de notre société.

Au-delà de notre contribution fiscale de base, nous aurons à cœur d’accompagner des projets concrets en devenant des bâtisseurs d’espérance pour ceux qui n’ont pas ou si peu d’avenir.

La jeunesse est, à ce titre, une cause émergente de la philanthropie et du mécénat. 40% des 290 millions d’euros du budget annuel (2011) d’Apprentis d’Auteuil provient des donateurs et de plus en plus d’entreprises et de particuliers s’engagent dans des projets à visée d’insertion et d’éducation.

Des partenariats entreprises – associations pour innover



Ce sont eux qui accompagnent les 14.000 jeunes qui, chaque année, se reconstruisent et s’insèrent socialement et professionnellement chez nous. Le monde de l’entreprise l’a bien compris en s’impliquant toujours plus à travers le mécénat, multiplié par 10 en 7 ans. De 2000 entreprises, elles sont devenues 22.000 en France à soutenir et à intervenir dans des projets et des actions philanthropiques.


Cette collaboration entreprises-associations est un véritable moyen, pour les fondations comme la nôtre, d’innover dans des projets qui ne peuvent plus être pris en charge par les subventions publiques.

Revisiter la solidarité


Dans cette nouvelle posture sociétale et qui concerne tout un chacun, l’innovation est un maître mot. Elle intervient dans la mise en œuvre des financements et une volonté de rapprocher l’intérêt général et les principes d’une bonne gestion.


Ainsi, il est possible de bâtir une action "mécénale" ou philanthropique à partir du projet lui-même et de l’adapter aux souhaits et possibilités du donateur en lui proposant programmes et actions personnalisés, le tout faisant l’objet d’une évaluation précise.

Au-delà de sa conscience, la générosité des donateurs et des mécènes a acquis sa rigueur et compétence à l’aune de son intelligence du cœur. Le pouvoir d’agir: tel est le thème des prochaines "Rencontres pour la jeunesse en difficulté".

Mais surtout, ces rencontres sont le lieu du possible pour ce que nous pensions impossible. Nous n’inventerons pas une nouvelle molécule ou un vin nouveau. Nous revisiterons la solidarité, comme un engagement social ordinaire, naturel et fondamental, expression de notre liberté et de notre pouvoir.

Acteurs publics, privés, associatifs: nous pouvons faire émerger des solutions en stimulant nos complémentarités, en encourageant l’innovation et en renforçant nos capacités d’agir.

François Content est directeur général de la fondation Apprentis d’Auteuil.

Source : http://www.youphil.com/fr/article/06241-associations-crise-jeunesse-innovation?ypcli=ano

vendredi 22 février 2013

Un an après, où en est Kony2012 ?

Il y a un an, la planète entière découvrait avec horreur Joseph Kony, chef d'une milice sanguinaire kidnappant des enfants pour les enrôler. La vidéo Kony2012, devenue en quelques jours la plus virale de l'histoire d'internet, appelait les citoyens du monde entier à se mobiliser pour parvenir à son arrestation avant fin 2012. Puis... plus rien. Nous sommes en 2013, et Kony court toujours. Le méga-buzz orchestré par l'ONG Invisible Children s'est essoufflé aussi vite qu'il est apparu et plus personne ne parle de Joseph Kony ni du sort des enfants soldats.

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L'opération d'Invisible Children, très prometteuse, a-t-elle totalement échoué ? Bilan.

Objectif 1 / Arrêter Joseph Kony en 2012 ECHEC

Joseph Kony n'a toujours pas été capturé et sa milice, la LRA (Armée de Résistance du Seigneur), poursuit ses méfaits. En septembre, elle a notamment enlevé 55 personnes, principalement des jeunes filles, dans deux villages centrafricains.

Toutefois, l'armée ougandaise a neutralisé deux importants leaders de la LRA, proches de Joseph Kony :

  • Caesar Achellam, l'un des cinq principaux chefs de la milice, arrêté en mai
  • Brigadier Binani, garde de corps de Joseph Kony et l'un de ses plus proches soutiens, abattu en janvier dernier.
Mais rien n'indique que la campagne Kony2012 ait le moindre lien avec ces arrestations. Kony et d'autres leaders de la LRA sont visés par des mandats d'arrêt de la Cour Pénale internationale, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

Objectif 2 / Faire connaître Joseph Kony SUCCES

Il s'agit là d'un succès incontesté pour Invisible Children. L'ONG a su exploiter avec brio toutes les possibilités offertes par internet et les réseaux sociaux. Joseph Kony, jusque là peu connu du grand public, a été mis sous le feu des projecteurs grâce à l'opération Kony2012, dont le succès a dépassé les réseaux sociaux et trouvé sa place dans les médias traditionnels. Bilan 2012:

  • La vidéo a été vue 100 millions de fois lors de ses six premiers jours. En 2013, elle attire toujours 100.000 internautes par semaine.
  • Au plus fort de la campagne, le hashtag #STOPKONY a été tweeté plus de 1.200 fois par minute.
  • 3,7 millions de personnes, issues de 185 pays, ont apporté leur soutien à l'opération
Cela dit, si internet a bel et bien été envahi par Kony2012, que s'est-il passé hors-ligne ? La campagne incitait les citoyens à partager au maximum l'information sur les réseaux sociaux, ce qu'ils ont fait. Elle leur proposait aussi de se procurer un kit Kony2012, composé d'affiches, d'autocollants et de badges, afin de rendre l'opération visible en dehors de nos écrans. Avec un résultat moins probant. Avez-vous croisé des affiches Kony2012 ces douze derniers mois ? Moi oui, une ou deux fois. Mais rien à voir avec le déferlement espéré. Le slacktivisme (activisme mou) a de beaux jours devant lui.

Objectif 3 / Faire pression sur les autorités ECHEC

Selon l'ONG, cet objectif est atteint, mais dans les faits, peu de choses ont bougé du côté des autorités. Quelques déclarations, sans engagement concret, ont été faites ici et là dans les semaines qui ont suivi le buzz. Il en ressort principalement deux événements, dont le lien avec Kony2012 reste à démontrer:

  • En mars, l'Union Africaine a annoncé le déploiement de 5.000 soldats pour capturer Joseph Kony. Une décision annoncée un mois après le lancement de Kony2012, mais l'UA affirme que cela n'a rien à voir.

Et maintenant, que reste-t-il ?

Malgré le (relatif) échec de Kony2012, Invisible Children ne baisse pas les bras et poursuit ses actions. Mais sa visibilité soudaine lui a coûté une partie de sa crédibilité. De nombreuses polémiques ont suivi la diffusion de la vidéo. On a notamment reproché à l'ONG de déformer la réalité et de manquer de transparence sur l'utilisation des dons. Et le pétage de plombs de Jason Russel, le réalisateur de la vidéo, n'a rien arrangé. L'expérience Kony2012 aura montré la limite des campagnes en ligne et du sacro-saint buzz. Réussir à mobiliser des millions d'internautes, l'espace de quelques jours, ne suffit pas à infléchir le cours des choses.


Source : http://techethique.blog.youphil.com/archive/2013/02/19/un-an-apres-ou-en-est-kony2012.html

Le Sénat doit rendre effectif l'accès des victimes de crimes internationaux à la justice française

Le 26 février prochain, le Sénat débattra d’une proposition de loi visant à retirer les quatre « verrous » qui bloquent les poursuites d’auteurs de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de génocide devant les tribunaux français. Cette proposition du Sénateur Jean-Pierre Sueur qui tente de lever les freins mis par le Parlement en août 2010, est sous pression. Le 13 févier, la Commission des lois du Sénat a rétabli le plus puissant de ces verrous : le monopole des poursuites par le Parquet. 

Visuel de la campagne menée en 2010 par Amnesty International France

Une nouvelle fois, la France entend faire de son territoire, une terre d’impunité pour les pires criminels. Le Parlement examine en ce moment même un projet de loi tendant à mettre la France en conformité avec le Statut de Rome. Mais à cette occasion, le Sénat a décidé de restreindre encore plus les possibilités d’action contre les pires criminels.

Réserver la poursuite des crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide à la compétence seule et exclusive du ministère public, et empêcher ainsi aux victimes de ces crimes de déclencher l'action publique en se constituant parties civiles, est en effet totalement dérogatoire au droit commun et à la tradition pénale française.

Le rétablissement du monopole du Parquet constituerait une atteinte grave au droit des victimes à l'accès au juge, à un recours effectif et enfin une anomalie au regard de l'engagement de la France pour la reconnaissance des droits des victimes lors des négociations pour l’établissement de la Cour pénale internationale (CPI).

La France a déjà été rappelée à ses obligations, à plusieurs reprises, par divers organes des  Nations unies qui ont estimé que le monopole du parquet constituait dans le cas présent une entrave au droit des victimes à un recours effectif. Ce fut notamment le cas, en 2005 et 2010, par le Comité contre la torture des Nations Unies, puis par le Conseil des droits de l’homme lors de l’examen périodique universel de 2008.

En août 2010, la CFCPI avait vivement regretté l’adoption de la loi du 9 août 2010 « portant adaptation du droit pénal à l’institution de la CPI », qui rendait pratiquement impossible la poursuite en France des auteurs de tels crimes internationaux La loi du 9 août 2010 portant adaptation du droit pénal à l'institution de la CPI rend en pratique impossible la poursuite judiciaire en France des auteurs de crimes internationaux en la subordonnant à quatre conditions restrictives et cumulatives:
monopole des poursuites laissé au Parquet, empêchant ainsi les victimes de mettre en mouvement l’action publique ;
exigence d’une résidence habituelle en France de la personne poursuivie;
exigence d’une double incrimination ;
exigence de ce que la CPI ait préalablement décliné sa compétence, inversant le principe de complémentarité inscrit dans le Statut de la CPI. .

Pendant sa campagne pour l’élection présidentielle, François Hollande s’était engagé à revenir sur ce texte, déclarant : « Je n’accepte pas le mécanisme juridique existant qui défend (protège) des bourreaux en France. La Loi du 9/08/2010 ne permet pas aux victimes des crimes internationaux les plus graves d’obtenir justice dans notre pays. Les possibilités de poursuites à l’encontre des auteurs présumés de ces crimes sont restreintes (…) Je veux, bien entendu, revenir sur ces restrictions » Courrier de François Hollande à l’ACAT.

Il faisait ainsi écho à une délibération du Secrétariat national du Parti socialiste qui avait dès 2010 réclamé la suppression de ce monopole du Parquet et des autres verrous alors proposés par la ministre de la justice Michèle Alliot-Marie Communiqué du Secrétariat national du PS du 7 avril 2010 : « Ce projet doit être amendé afin que soient abandonnées les mesures contraires aux principes de la Cour pénale internationale qui y figurent, telles que (…) le monopole de poursuite par le parquet »

La CFCPI rappelle que la loi adaptant le droit français au Statut de la CPI doit combler le « vide juridique » dans lequel se trouvent les victimes de génocide, crime contre l’humanité ou crime de guerre, qui n’ont pas accès à la justice dans leur propre pays, en leur permettant de saisir la justice du lieu où sont trouvés les auteurs suspectés de ces crimes. La Cour pénale internationale ne peut en effet juger qu’un très petit nombre de personnes et son Statut appelle les Etats, conformément au principe de complémentarité, à poursuivre eux-mêmes les auteurs de crimes internationaux devant leurs propres juridictions pénales.

La CFCPI ne peut se résoudre à ce que le Parlement continue de refuser l’accès des victimes des crimes les plus graves à un juge. La pratique a en effet démontré, s’agissant du crime de torture pour lequel la compétence extraterritoriale existe depuis plus de 10 ans dans la législation française, que le parquet n’ouvrait jamais d’information judiciaire de sa propre initiative.

Les organisations composant la CFCPI sont : Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture - Action Contre la Faim - Agir Ensemble pour les Droits de l'Homme - Amnesty International France - Avocats sans Frontières (France) - Barreau de Paris - Barreau des Hauts de Seine - Centre Nord Sud du Conseil de l'Europe – CIMADE - Comité d'aide aux Réfugiés - Compagnons de la Fraternité Edmond Michelet - Confédération Nationale des Avocats - DIH Mouvement de Protestation Civique - ELENA Réseau d’avocats sur le droit d’asile - Ensemble contre la Peine de Mort - Fédération Internationale de l’ACAT - Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme - Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes - Fédération Nationale des Unions de Jeunes Avocats - Fondation Terre des Homme Lausanne - France Libertés - France Terre d'Asile - Handicap International - Juristes sans Frontières - Justice et Paix France - Ligue des Droits de l'Homme et du Citoyen - Magistrats Européens pour la Démocratie et les Libertés - Médecins du Monde – MRAP - O.I.D.B.B. - Organisation Française de la Communauté Baha'ie - Reporters sans frontières – Ruptures – Sherpa - Solidarité avec les mères de la place de Mai – Survie - Syndicat des Avocats de France - Syndicat de la Magistrature - Union Chrétienne des Déportés et Internés - Union pour l'Europe Fédérale - UNSA-Education   appelle par conséquent les sénatrices et les sénateurs à revenir au texte initial de la Proposition Sueur et à retirer au Parquet le monopole des poursuites pour les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.


Source : http://www.amnesty.fr/AI-en-action/Violences/Justice-internationale/Actualites/La-France-encore-et-toujours-terre-d-impunite-pour-les-pires-crimes-7889

Allez plus loin :

Lire la proposition de loi du sénateur de Jean-Pierre Sueur (6 septembre 2012)
Lire l’avis de la CNCDH sur la Cour pénale internationale (23 octobre 2012)