lundi 21 janvier 2013

L'exposition "Syriart" réunit un panel de l’avant-garde artistique du monde arabe

En demandant à une soixantaine d’artistes du Maroc, de Tunisie, du Liban, du Yémen et de Syrie de donner une œuvre d’art au profit d’associations syriennes, l’exposition-vente "Syriart" permet d'admirer (et d'acquérir) la jeune création arabe. 



L'exposition "Syriart" réunit un panel de l’avant-garde artistique du monde arabe

© Sabhan Adam (don d'un collectionneur)


Dès qu’il est question de Syrie, les artistes du monde arabe répondent à l’appel. Ils sont une soixantaine à avoir accepté spontanément, sans poser d’autres questions, de donner une peinture, une photographie ou une installation pour une vente aux enchères au profit d’associations syriennes. Organisée par José Garçon, ancienne journaliste à Libération et spécialiste du Maghreb, et Agnès Levallois, spécialiste du Proche-Orient et chargée de cours à Sciences Po et à l’ENA, la vente intitulée "Syriart" aura lieu à l’Institut du monde arabe à Paris, lundi 21 janvier au soir, et sera encadrée par la maison Pierre-Bergé.




Leila Alaoui, Tamesloht (les Marocains), 2011
Leila Alaoui, Tamesloht (les Marocains), 2011
Impression Lambda
Numéro 3/3
4000/6000 euros
"Je suis forcément interpellée par ce qui se passe en Syrie. Je n’ai pas hésité une seconde", explique Sinda Belhassen, artiste tunisienne qui a donné une peinture sombre d’un crâne encore recouvert de ligaments et de chair, expressif et tourmenté - "Addiction", peint en 2011. "C’est un don à 100 %. On ne compte pas. Surtout si c’est pour la Syrie, où le grand nombre de victimes, d’enfants et de femmes, ne se compte plus par centaines ni par milliers."

Nouvelle vague marocaine

Ce rassemblement de jeunes peintres et photographes du Golfe, du Proche-Orient et du Maghreb donne une bonne idée de l’avant-garde du monde arabe, particulièrement tunisien et marocain. Le bouillonnement culturel au Maroc est représenté par le peintre Hakim Ghazali – dont les œuvres ont intégré le British Museum à Londres -, Mohamed Mourabiti, qui a ouvert une galerie au pied du Haut-Atlas, à Tahanaout, ou encore les photographes Leïla Alaoui, Lalla Essaydi et Fouad Maazouz, des artistes dont les œuvres circulent entre l’Afrique du Nord, l’Europe et les États-Unis - "Femmes du Maroc 1", de Lalla Essaydi, a été envoyée in extremis depuis Boston.

Ce sont finalement les artistes syriens qui retiennent le plus l’attention. Pour la force d’abstraction des photographies de Jaber el-Azmeh, exilé au Qatar et auteur d’une série de photographies en rouge et noir intitulées "Blessures". Pour la dynamique de la peinture-composition sur keffieh rouge de Bahram Hajou. Ou encore pour l’œuvre de Yasser Safi, qui grave dans des regards tout l’enfermement et l’espoir du pays. Yasser Safi vit toujours en Syrie, dans la partie du pays sous contrôle du régime syrien. Avant d’arriver à Paris, sa gravure sur papier a dû transiter par plusieurs villes du Golfe, de main en main et dans le secret. Les organisateurs de la vente n’ont même pas osé envoyer à Yasser Safi un catalogue de l’exposition. De peur que son courrier soit lu, et que cela lui cause du tort...

L’argent de la vente aux enchères de ces œuvres sera reversé à 60 % à trois associations syriennes, spécialisées notamment dans le secours médical comme Najda Now, qui soutiennent la rébellion, et à 40 % aux actions en Syrie de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH).


Sinda Belhassen, Addiction, 2011