mercredi 30 janvier 2013

Document : la feuille de route vers la « sobriété heureuse »

Agriculture, énergie, économie, éducation, démocratie : les amis de Pierre Rabhi publient leur feuille de route alternative de « grandes directions à 50 ans ».

Les amis de Pierre Rabhi, l’agriculteur-philosophe promoteur de la sobriété heureuse, ont un « plan ». Ce mouvement, représenté par l’association les Colibris, présente ce mercredi soir à Paris sa « (r)évolution ».

Cette « feuille de route citoyenne, politique, alternative, coopérative, à destination de tous » n’est pas un programme politique, mais une série de « grandes directions à 50 ans » pour que la politique soit guidée par les préoccupations de long terme de la société civile.
Dans les cinq domaines clés que sont l’économie, l’agriculture, l’énergie, l’éducation et la démocratie, des « objectifs » et des « leviers d’action » pour les atteindre (et qu’il s’agit de promouvoir auprès des élus ou des entrepreneurs) sont proposés. Les maîtres-mots de la feuille de route : décentralisation et sobriété.


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 « Incarner les utopies »

A force d’expliquer, depuis trente ans, que nos sociétés industrialisées marchent sur la tête, le petit paysan ardéchois originaire du Sahara a vu le nombre de ses soutiens grandir, s’organiser... au point de s’être engagé en 2002 dans un début de campagne pour l’élection présidentielle. Plus habitué aux livres et aux conférences, il avait lancé alors un appel à une « insurrection des consciences ». Avant de se raviser.

Comme il nous l’a confié dans l’e-book d’entretiens que nous avons publié en juillet 2012, il a rapidement réalisé que : « La politique n’est pas en phase avec la réalité. » Celui qui revendique « d’incarner les utopies » prévient aujourd’hui les politiques au pouvoir qu’« ils devraient être plus sensibles aux initiatives porteuses d’avenir issues de la société civile » 
Le récent sondage Ipsos France 2013 tombe à pic, remarque Cyril Dion, directeur des Colibris :
  • 72% des Français auraient « l’impression que le système politique fonctionne plutôt mal, et que leurs idées sont mal représentées » ;
  • 82% que les hommes et femmes politiques « agissent principalement pour leurs intérêts personnels ».
Des chiffres qui concordent avec l’étude Ifop réalisée pour les Colibris lors du lancement de la campagne « Tous candidats ».

La parabole du colibri
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

Juste avant la dernière élection présidentielle, il avait réuni 27 000 « candidats », autant de personnes prêtes à « faire leur part » (comme le dit la parabole du colibri, lire l’encadré ci-contre) dans le changement de société. Puis, ils se sont mis au travail, dans 27 forums locaux, et les plus motivés ont rendu en juillet dernier une matière, soumise à des experts.
Le résultat est ce « plan », dont la version que nous publions est 1.0 et qui sera décliné en un wiki, acutalisé en permanence sur Internet.

« Ceux qui ressentent le message comme étant pertinent vont le propager », prédit Pierre Rabhi, prêt à « répondre aux sollicitations », mais sans avoir le moindre rendez-vous à Matignon ou l’Elysée.

Un « cerveau collectif » où chacun met sa part de génie

Ce grand travail de maïeutique a nécessité de remonter à la « cause des causes » : la démocratie. L’expert choisi pour porter la parole sur ce volet n’est autre qu’Etienne Chouard, héraut du « non » au référendum européen de 2005, et qui réfléchit depuis des années à importer les bienfaits de la démocratie athénienne dans notre monde contemporain. Il propose une vraie révolution :
« Faire réécrire notre constitution par une assemblée constituante populaire, tirée au sort et dont les membres seront inéligibles aux mandats qu’ils définiront. »
Idée qu’il développe déjà sur son blog Le Planc C, et qu’il décline de conférence en wiki-échanges sur Internet. Il s’explique :
« Contrairement à Mélenchon, qui veut une constituante élue, moi je pense que si on veut une constitution, il faut qu’on l’écrive nous-mêmes. Si les élus l’écrivent pour eux, il y a un conflit d’intérêt, alors que si on met n’importe qui, un plombier par exemple, il sera naturellement conforme à l’intérêt général ».
Très excité par l’exercice de « cerveau collectif où chacun met sa part de génie », le prof cherche à décrypter les abus de pouvoir et voit dans la monnaie privée une vraie source d’oppression.
Justement, les Colibris proposent de « rendre la souveraineté monétaire », par le développement des monnaies locales. Des initiatives comme le Sol-Violette à Toulouse rencontrent déjà un succès croissant même si, selon Etienne Chouard, elles sont surtout « à vocation pédagogique ».

Construire, à côté du capitalisme, une économie alternative

Au lancement de la (r)évolution se trouveront aussi quelques élus rock’n’roll, comme le sénateur EELV du Morbihan Joël Labbé. Lui voit dans les Colibris des « semeurs d’idées nouvelles » sur lesquels il s’appuie pour faire des propositions parlementaires :
« Une initiative qui arrive au bon moment, alors que la société civile est mûre pour se mobiliser, mais qu’il y a toujours ce fossé entre élus et citoyens. »
Quand le plan à 50 ans des Colibris est l’« autonomie alimentaire pour tous », le sénateur va plus loin en rédigeant une « proposition de loi interdisant les pesticides par les collectivités locales sur les espaces publics ». Il assure que c’est possible puisque des communes l’ont déjà fait.
Cette démonstration par l’exemple, cet essaimage d’initiatives individuelles est au cœur de la stratégie des Colibris, rappelle son directeur Cyril Dion :
« Ceux qui ont voulu transformer le capitalisme de l’intérieur ont bien vu que ça ne marche pas. Body Shop [la boîte de cosmetique écolo et éthique, ndlr] a été racheté par L’Oréal... Il vaut mieux construire à côté une économie alternative, tout en laissant l’ancienne s’écrouler d’elle-même. »
Devenir des acteurs de changement

Raphaël Souchier, auteur de « L’après-Wall Street sera local, Citoyens, entreprises et collectivités réinventent l’économie », à paraître prochainement, présentera les bienfaits de la relocalisation de l’économie. Il exposera le succès du réseau américain BALLE (Business Alliance For Local Living Economies) :
« Organic Valley regroupe 1 766 familles paysannes, réalise un chiffre d’affaires de 700 millions de dollars, et leur objectif central est de préserver un art de vivre local. Iils ne sont pas devenus des exploitants exploités par leur propre organisation. »
En France, la responsabilité de l’intérêt général est au contraire trop souvent dévolue à la collectivité ou aux associations. Là, explique-t-il, « il s’agit de faire passer la notion de responsabilité personnelle et collective dans nos pratiques habituelles, de devenir des agents de changement ».
Et comme le dit Pierre Rabhi, la question n’est plus seulement « quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? » mais « quels enfants laisserons-nous à la planète ? ».

Source : http://www.rue89.com/rue89-planete/2013/01/30/document-la-feuille-de-route-vers-la-sobriete-heureuse-239140

L'aide humanitaire prise à partie dans le conflit syrien

"L'aide humanitaire en Syrie souffre d'un grave déséquilibre. Les zones sous contrôle gouvernemental reçoivent la quasi-totalité des secours internationaux tandis que les zones insurgées en reçoivent une partie infime", ont alerté, mardi 29 janvier, dans une tribune publiée sur Le Monde.fr, Marie-Pierre Allié, présidente de Médecins sans frontières (MSF) et Fabrice Weissman, directeur du Centre de réflexion sur l'action et le savoir humanitaires à MSF. Un cri d'alarme lancé à la veille de la réunion des donateurs organisée au Koweït, sous le patronage des Nations unies, pour tenter de lever 1,5 milliard de dollars pour les cinq millions de Syriens affectés par le conflit.

Une famille de déplacés syriens le 25 janvier 2013.

Cette dissymétrie de l'aide humanitaire était déjà pointée, début janvier, par le Programme alimentaire mondial (PAM). L'agence des Nations unies distribue chaque mois des rations alimentaires à environ 1,5 million de déplacés dans les quatorze gouvernorats syriens, dans les zones où les autorités syriennes l'autorisent à intervenir avec son partenaire local, le Croissant rouge arabe syrien (CRAS). Les régions dans lesquelles le PAM, tout comme les organisations non-gouvernementales syriennes et étrangères ayant obtenu la précieuse autorisation de Damas, peuvent intervenir excluent les zones de guerre et celles contrôlées par les rebelles. Or, alertait Mme Byrs, un million de Syriens vont manquer de vivres, essentiellement dans les zones de guerre.

"LE BON VOULOIR DES AUTORITÉS"

Un chiffre très en dessous des réalités, estiment certaines organisations qui parlent de 4,5 millions de déplacés en Syrie, soit un quart de la population. "Ce chiffre est cohérent, mais invérifiable", commente Alexandre Giraud, le responsable des opérations de Première Urgence-AMI au Moyen-Orient. Le responsable de cette ONG dont les trois employés internationaux et soixante-dix locaux distribuent, en coordination avec le CRAS, de l'eau et des kits d'hygiène à 90 000 familles à Damas, Homs, Hama et Tartous, confirme les limites qui leur sont imposées. "On travaille principalement sur les zones contrôlées par les autorités, à la différence des ONG sans autorisation qui travaillent clandestinement à partir de pays frontaliers et dans les zones rebelles." Dans ses zones d'intervention, Première urgence est également tributaire du bon vouloir des autorités. "Les autorisations d'aller sur le terrain sont données au compte-goutte tout comme les visas pour les personnels internationaux. Il faut renouveler notre demande d'intervention à chaque déplacement", explique M. Giraud.

Dans une situation sécuritaire dégradée et volatile, le travail des organisations internationales rayonnant depuis Damas est rendu encore plus difficile. "Les distributions sont tributaires de l'accès au terrain, qui varie selon les conditions de sécurité et l'approvisionnement en fioul. On enregistre parfois des jours ou des semaines de retard", reconnaît Emilia Casella, coordinatrice presse du PAM. Les personnels locaux s'exposent à de grands risques. "Des camions ont été attaqués et leur chargement dérobé aux checkpoints ou sur la route par des groupes armés", poursuit-elle. "Il y a des pillages, acquiesce Alexandre Giraud. On est parfois pris dans des tirs croisés et les kidnappings de personnel humanitaire se multiplient."

UNE PRÉCARISATION ACCRUE DE LA POPULATION

Une famille de déplacés de l'intérieur syriens près de Damas, le 29 janvier 2013.
Limitée, leur intervention n'en est pas moins essentielle pour répondre aux besoins croissants d'une partie de la population de déplacés en proie à une précarisation accrue par le pourrissement de la situation et la rigueur de l'hiver syriens. Après vingt-deux mois de guerre civile, les pénuries de pain et de carburant touchent désormais l'ensemble du pays. A Alep, le kg de pain non subventionné se vendait à 250 livres syriennes (LS) fin décembre (2,60 euros au cours actuel), contre 15 LS pour le pain jadis subventionné. Le prix du litre de mazout est passé de 16 à 210 LS entre 2011 et fin décembre 2012. L'arrivée massive de déplacés dans certaines régions fait peser une pression énorme sur l'économie locale, commente Emilia Caselli.

"Une proportion significative d'entre eux a connu plusieurs déplacements successifs. Mais les populations sont désormais fixées dans la région de Damas, la zone de Raqqa et les zones kurdes", indique une source syrienne ayant requis l'anonymat pour des raisons de sécurité. Beaucoup sont partis dans l'urgence en pick-up ou en minibus, emportant le minimum. "Les familles partent majoritairement dans des régions où elles connaissent quelqu'un. Ainsi, en dépit du grand nombre de déplacés, une large partie d'entre eux est hébergée chez des proches", poursuit-elle.

Avec la pérennisation de la crise, les besoins dépassent les capacités d'hébergement, et les proches ne peuvent plus toujours subvenir aux besoins des déplacés. Les habitats collectifs se multiplient, en ordre dispersé, sur tout le territoire syrien. Ecoles, mosquées ou immeubles inachevés peuvent accueillir de 5 à plus de 300 familles. Des familles de déplacés ont investi des champs ou les seuils d'immeubles du centre-ville de Damas. Une promiscuité qui fragilise une population de déplacés composée en majorité de femmes, d'enfants et de vieillards poussés à l'exil suite à la mort ou l'emprisonnement des soutiens de famille. "On est sur une corde raide qui peut se briser du jour au lendemain. On peut avoir une augmentation rapide du nombre de morts si les gens sont épuisés après un premier hiver de privations puis six-sept mois de pénuries", alerte notre source syrienne.

UNE AIDE CLANDESTINE CAPITALE

Dans les zones hors de portée des organisations comme le PAM ou Première urgence, la solidarité locale et les réseaux d'aide clandestine animés depuis l'étranger ont permis d'éviter une situation dramatique. Cette aide humanitaire parallèle, organisée par des collectifs de bénévoles étrangers et des membres de la diaspora syrienne, répond à 70% des besoins humanitaires en Syrie, estime la source syrienne sans que ces chiffres puissent être vérifiés. Comme d'autres collectifs avec qui il travaille en coordination, le collectif Life4Syria apporte depuis novembre 2011 une aide aux populations déplacées, en s'appuyant sur des réseaux locaux organisés de façon pyramidale. Proximité et clandestinité sont les garants de leur efficacité. "De proche en proche, on a étendu notre maillage à toute la Syrie jusque dans les zones les plus reculées", explique Amélie Lumbrozzo, membre du collectif.

Ses relais les plus forts sont dans la région de Damas, à Lattaquié, Homs, Hama, Alep, Deir Ezzor et plus difficilement à Raqqa. Le collectif n'a pas les moyens suffisants pour toucher l'ensemble des populations déplacées, mais "est plus rapide en cas d'afflux de réfugiés, car on est affranchis des démarches administratives", indique Amélie Lumbrozzo. Quarante mille familles dépendent aujourd'hui de son aide qui couvre médicaments, vêtements et couverture, nourriture, lait pour enfants, produits d'hygiène et frais de logement. Des besoins que Life4Syria chiffre à 35 000 LS mensuelles par famille de cinq à sept membres en moyenne.

Les risques encourus pour les membres du réseau sont grands. Au regard de la loi adoptée en juillet 2012 par le gouvernement syrien, ils se rendent coupables de terrorisme. "Si l'une des personnes traverse la frontière et se fait prendre avec du matériel médical ou des médicaments, elle s'expose à une arrestation et à un interrogatoire poussé avec tortures. Des menaces pèsent ensuite sur l'ensemble du réseau", explique Mme Lumbrozzo. Pour éviter toute prise de risque, les réseaux n'organisent aucune distribution collective auprès des populations, privilégiant une aide au cas par cas et discrète comme les dons d'argent, de vêtements et de médicaments. A ce jour, le collectif a distribué 115 555 dollars (85 000 euros environ) et 887 kg de vêtements.

LA SOLIDARITÉ DE PROXIMITÉ COMME PRIORITÉ

Si la générosité de ses donateurs individuels suffit encore à alimenter sa capacité d'intervention, Life4Syria observe une augmentation des besoins sur le terrain. La dégradation de la situation sur le terrain a affaibli les sources de financement local et les capacités d'entraide de proximité. "Ceux qui arrivaient encore à tenir, qui pouvaient aider, sont soit partis par la force des choses à cause du danger et de la nécessité de vivre soit ont perdu leur emploi et se retrouvent à leur tour dans la situation de demandeurs d'aide", explique Amélie Lumbrozzo.

"Depuis la fin du ramadan, en septembre, il y a un effondrement complet de la solidarité locale, car les gens ont beaucoup donné à l'aumône légale, qui a été reversée à directement à ces réseaux ou à d'autres réseaux caritatifs", précise une source syrienne. "Quand on peut réabreuver ces personnes-là, les réseaux de solidarité de proximité, latents, renaissent", poursuit Amélie Lumbrozzo. "Notre but est de maintenir en vie une société qui tient en attendant la fin du conflit et d'empêcher que la population ne sombre dans une détresse telle qu'elle céde au diktat du pouvoir en place", poursuit la membre de Life4Syria.

Car, pour ces acteurs, la question des déplacés est aussi et surtout une arme politique utilisée par Damas. "Pour le régime, affamer la population qui s'est alliée avec l'Armée syrienne libre est un mode de punition collective. Il peut aussi créer intentionnellement des flux de réfugiés pour bloquer l'avancée des rebelles et épuiser l'ALS, qui doit alors prioritairement s'occuper d'un flux de réfugiés", affirme la source syrienne.

Source : http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/01/30/l-aide-humanitaire-prise-a-partie-dans-le-conflit-syrien_1824177_3218.html

Dans Gao libérée, désolation et règlements de comptes

Saccages, lynchages, châtiments publics. Alors que la France appelle à la mise en place rapide d'observateurs internationaux, la CPI aura fort à faire au Mali.

Des soldats maliens à l'entrée de Gao, le 28 janvier.
Quelques jours avant l'abandon de la ville par le Mujao, le groupe armé qui contrôlait la ville depuis six mois et y faisait régner une loi islamique de fer, un de ses chefs, chargé de la sécurité, avait mis en garde Aboubacar Traoré : Gao allait être le tombeau des "mécréants". Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest, émanation locale d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), allait y mener un combat décisif contre les forces françaises et maliennes. Gao serait leur tombeau, un piège mortel.


"Ils disaient que leurs hommes se préparaient au martyre avec des ceintures d'explosifs", se souvient le directeur de Radio Koima, qui a tenu tête à tous les groupes rebelles qui ont contrôlé la ville depuis avril 2012. "Et tout à coup, c'était terminé. Quand l'armée française est entrée, ils ont quitté la ville avec leurs derniers chefs. Abdulhakim est parti vers Bourem, à une sortie de Gao, alors que les forces françaises progressaient à l'autre bout de la ville. Il faut croire qu'ils ont eu peur, en fait." Certains chefs, dans une version locale de la disparition du mollah Omar en Afghanistan, se seraient enfuis sur des motos.

Quatre hommes soupçonnés de faire partie de la milice islamiste sont arrêtés par les soldats maliens, le 29 janvier à Gao.
Aboubacar Touré s'autorise un sourire. A plusieurs reprises au cours de l'année écoulée, ses locaux ont été envahis, il a été menacé, on a tiré sur lui, ses journalistes ont été maltraités ; l'un d'entre eux a été laissé pour mort après avoir été roué de coups parce qu'il appelait à manifester contre les amputations. Radio Koima avait réussi à mettre une grande partie de la jeunesse de Gao dans la rue pour protester. En vain. Puis la "radio courage" et son directeur ont dû se taire.
Depuis deux jours, Koima a repris ses émissions en appelant à la raison : "Si vous trouvez un islamiste, ne le lynchez pas, prévenez les autorités". Des combattants perdus du Mujao sont encore embusqués dans les nombreuses maisons vides de la ville. Certains peuvent tenter des actes désespérés. Mais la plupart risquent d'être mis en pièces par la population. Ils ne sont pas les seules cibles de la colère de la jeunesse. Sont également en danger leurs "complices" supposés, recherchés dans les groupes " à peau blanche", touareg ou arabes, qui n'auraient pas quitté la ville.

HOMMES ÉDENTÉS, SANGUINOLENTS

Au bord du fleuve, le matin même, trois hommes ont été découverts sous des bâches dans un entrepôt de grain. Ils ont commencé à être frappés par la foule, accourue depuis le marché voisin. L'armée malienne les a arrachés à la mort, édentés, sanguinolents. Selon les témoins du voisinage, là se trouvait un "marabout", Mohammed Ashimi, qui décidait des jugements et condamnations au sein de l'Al-Hizbah, le bras armé de la police islamique. Il appartient à la communauté arabe, désormais visée dans son ensemble.
Ses membres ont presque tous fui les jours précédant la chute de la ville. Dans le quartier du marché, où les boutiques des commerçants arabes ont été vidées, la belle maison de l'un d'entre eux, importateur de thé, a été pillée. La famille Al-Fatao s'était entassée, à temps, dans une voiture, et a pris la direction du Burkina Faso.

Un homme soupçonné d'être un islamiste, pris à partie par la foule, le 29 janvier à Gao.

Côté touareg, ce n'est pas mieux. Les combattants du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), les premiers à avoir pris la ville aux forces loyalistes en avril dernier, se sont livrés à de nombreuses exactions avant d'en être chassés par leurs anciens alliés islamistes, Mujao et Ansar Eddine. Mais le mal à la réputation des Touareg était fait. "Ces gens, ils rentrent chez toi avec leur arme, ils mangent ton dîner, ils couchent avec ta femme de force et après ils s'en vont avec ta télévision ou ta radio", résume Dadid Maiga, un des petits vendeurs du marché. Lorsque les islamistes du Mujao ont chassé le MNLA, la population avait d'abord accueilli avec soulagement l'imposition de la charia, qui promettait un retour à l'ordre. Puis sont venus les débordements de la police islamique, sous les ordres de leur chef, Aliou Touré, ancien "gargotier" (vendeur de nourriture dans la rue) et ex-vendeur de peaux de chèvres, tout en imposant, à sa manière fantasque et violente, les châtiments les plus durs, y compris les amputations, filmées par ses propres hommes.

Dans la foulée de ces violences, Touareg et Arabes paient le prix fort. Une forme d'épuration ethnique s'est mise en place à Gao. Il va falloir travailler la ville au corps pour inverser la tendance, sous la houlette des "sages" de chaque communauté, qui ont déjà appelé à la clémence.


Des soldats tchadiens patrouillent à Gao, le 29 janvier.

Pour la population qui agite des drapeaux français, maliens, tchadiens ou nigériens cousus à la hâte, l'heure n'est pas encore au pardon. Al- Tayeb, guide touristique au chômage, exprime l'ambiguïté qui touche même les plus raisonnables : "D'accord, il ne faut pas céder aux amalgames, mais il faut bien reconnaître que tous ces Arabes les ont nourris et accueillis . Je ne sais pas quand ils pourront revenir et ouvrir leurs boutiques." La communauté arabe de Gao est très active dans le commerce.


SACCAGES

En arrivant en ville, en début d'après midi, dans un C130 français, le gouverneur de la ville, le général Mamadou Adam Diallo, tente de lancer des appels au calme et à la réouverture des magasins. Des gendarmes et des policiers devraient arriver en renfort rapidement. Dans la foulée, il part visiter sa résidence, bâtiment à l'architecture coloniale, ainsi que les bâtiments de l'administration, et reste bouche bée devant les saccages.

Le maire de Gao, Sadou Touré, l'accompagne dans cette exploration des dégâts. Plusieurs de ses hôtels, dont le Bidji, qui faisait aussi boîte de nuit, ont été raclés jusqu'à l'os par les pillards. Rebelles touareg ou population, simples badauds, tout le monde s'est servi. Des montagnes de bouteilles de bière cassées témoignent de l'application des combattants du Mujao. Tout de même, le maire formule un peu d'espoir : "Ce sont des individus qui ont été le cheval de Troie , pas les collectivités (...). Nous pouvons vivre ensemble. Moi, je suis d'ethnie peul, mais je ne peux pas vivre sans mon Arabe, sans mon Touareg."


Une jeune fille malienne achète de la viande au marché de Gao, le 29 janvier.

Pour les pillages, c'est déjà trop tard. Pour les lynchages, il est encore temps d'agir. Dans les rues de Gao, il y a désormais quelques patrouilles de soldats maliens avec une poignée de Tchadiens et de Nigériens, plus quelques éléments touareg de l'armée loyaliste pour éviter le chaos. Le bain de sang redouté n'a pas eu lieu, mais ce qui arrive dans les huit quartiers peut néanmoins échapper à cette force modeste.

LYNCHAGE

La prise de Gao s'est faite selon un schéma implacable. Une colonne de l'armée française et de l'armée malienne, avec près de mille hommes et du matériel lourd, a ceinturé la ville. Les frappes aériennes se sont intensifiées, visant les bâtiments où le Mujao avait ses quartiers et son matériel militaire. Gao était entourée sur plusieurs axes, quand des avions français se sont posés, à l'aube, à l'aéroport. Des véhicules sont sortis des avions, et ont commencé à progresser en ville. Un détachement du Mujao, parti à leur rencontre, a été éliminé. L'un de ses survivants est revenu vers le centre sur une charrette pour donner l'alarme, tirant en l'air. Déjà, des jeunes armés de gourdins et d'armes blanches l'entouraient et le lynchaient.

Mercredi 30 janvier, des forces spéciales françaises ont pratiquement répliqué l'opération à Kidal, la troisième grande ville du nord du Mali, en s'établiassant à l'aéroport. Une colonne de 2 000 soldats tchadiens progresse avec les éléments du général El-Hadj Gamou, essentiellement des Touareg loyalistes, et devraient arriver rapidement à Kidal.


Un soldat français près de Tombouctou, le 28 janvier.
La suite, c'est-à-dire la poursuite des opérations sur le terrain immense du désert, avec la possibilité de voir les combattants des groupes islamistes se réorganiser, promet d'être plus délicate.

En attendant, Gao renoue avec ses habitudes. Dans la cour de Radio Koima, une petite stéréo joue de la musique, avec des lumières qui clignotent au rythme de la guitare. La police islamique qui traquait ce genre d'infractions s'est évanouie. De tous les drapeaux noirs salafistes qui flottaient sur la ville, il n'en reste plus qu'un, que personne n'a encore eu le courage d'aller arracher, au sommet de l'antenne de la radio-télévision nationale. Les autres traces du Mujao sautent aux yeux à chaque pas.

CHÂTIMENTS PUBLICS

Près de la mairie, des soldats français passent au crible les bâtiments administratifs à la recherche de pièges ou d'explosifs. Des ceintures d'explosifs ont déjà été trouvées, affirme une source militaire française. Non loin, la place de l'Indépendance, qui avait été rebaptisée "place de la Charia". C'est sous son préau qu'on exécutait, en public, les châtiments. Pratiquement chaque vendredi, les coups de fouets pour les hommes surpris à fumer, en possession de whisky en sachet ou s'étant rendus coupables d'autres broutilles. Mais aussi, pour les voleurs, amputations, parfois d'une main et d'une jambe à la fois. Al-Tayyeb est venu assister à ces séances du vendredi, comme tout le monde. "Quand on coupait la main ou le pied, ils mettaient un chèche autour de la blessure. Pendant qu'ils coupaient, les hommes criaient, criaient. Ensuite, ils les emmenaient à l'hôpital."
L'avancée des forces françaises et maliennes.

Source : http://www.lemonde.fr/international/article/2013/01/30/desolation-et-vengeance-dans-gao-liberee_1824366_3210.html

mardi 29 janvier 2013

ODORAMA – Une famille chassée du Musée d’Orsay pour cause de mauvaises odeurs

"L'argent n'a pas d'odeur, mais la pauvreté en a une", écrivait Paul Léautaud. Une famille défavorisée vient de se le voir rappeler samedi, alors qu'elle visitait le Musée d'Orsay, à Paris, rapporte Le Figaro.

Des visiteurs regardent "Le Fifre", peint en 1866 par Edouard Manet (1832-1883)

                          Des visiteurs regardent "Le Fifre", peint en 1866 par Edouard Manet (1832-1883)

Un couple et leur petit garçon d'une dizaine d'années déambulent en toute insouciance parmi toiles de maître et statues quand un gardien les prie instamment de bien vouloir quitter le musée. Incompréhension de la famille. "Des visiteurs se sont plaints" de leur odeur, s'entendent-ils répondre.

C'est un cadre bénévole du mouvement ATD (Agir tous pour la dignité), qui rapporte l'incident. Ce jeune homme avait décidé d'accompagner la famille en grande difficulté au musée, se souvenant de cette initiative de la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, qui avait convié en décembre quatre cents bénéficiaires d'associations caritatives à des visites commentées d'expositions parisiennes, avec pour mot d'ordre : "La culture est un vecteur de lutte contre les inégalités."

Le jeune bénévole refuse tout d'abord d'obtempérer, objectant que personne ne s'est plaint et que rien dans le règlement n'interdit aux pauvres de visiter des musées, mais ils sont encerclés dans une grande salle de la section Art nouveau, parmi les moins fréquentées, par quatre agents persuasifs. La famille se retrouve donc une nouvelle fois sur le trottoir, pour une question d'hygiène. Contacté par Le Figaro, le Musée d'Orsay s'est dit peiné par cet incident et a dit regretter la "maladresse" de ses agents.

Source : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/01/29/odorama-une-famille-chassee-du-musee-dorsay-pour-cause-de-mauvaises-odeurs/

Action Froid, un collectif pour les sans-abri

Plus de 150 000 personnes en France n’ont pas de domicile fixe. Leur prise en charge par les services publiques ne cesse de se détériorer. Le numéro 115 du Samu social est débordé, les centres d’hébergement d’urgence sont pleins à craquer.

Face à ce drame, qui touche de plus en plus de personnes, des citoyens ordinaires ont décidé de réagir. En marge des associations caritatives classiques, ils se regroupent depuis plusieurs mois sur les réseaux sociaux, créant des collectifs qui distribuent de la nourriture, des couvertures et des vêtements aux sans-abri, et qui les aident aussi à trouver un toit. Action Froid est une de ces associations.


Un sans-abri dans une rue de Paris.
Un sans-abri dans une rue de Paris. Grisha7/Flickr CC




 

lundi 28 janvier 2013

CONFÉRENCE - 30 JANVIER 2013 : Conférence de lancement de la (R)évolution des Colibris !

Le mouvement Colibris est une plate-forme de rencontre et d’échange qui s’adresse à tous ceux qui veulent agir, cherchent des solutions concrètes ou développent des alternatives. Le mouvement a été initié en 2006 par Pierre Rabhi et quelques proches, sous la forme d’une association loi 1901. Colibris a l’ambition d’être un accélérateur de transition, en s’appuyant sur la capacité de chacun à changer et à incarner ce changement dans des expériences concrètes et collectives. Sa vocation est d’encourager l’émergence et l’incarnation de nouveaux modèles de société fondés sur l’autonomie, l’écologie et l’humanisme.



 
Nous vous donnons rendez-vous pour le lancement de la (R)évolution des Colibris, le 30 janvier 2013 à Paris !

La campagne débutera par une conférence publique à Paris en présence de sept personnalités (Pierre Rabhi, Raphaël Souchier, Jacques Caplat, Isabelle Peloux, Etienne Chouard, Thierry Salomon, Cyril Dion) qui nous présenteront le Plan des Colibris, des trajectoires de transition dans cinq grands domaines essentiels : économie, agriculture, éducation, démocratie, énergie. Ces recommandations d'actions seront ensuite disponibles sur le web pour que tous ensemble, nous reprenions le pouvoir de nos vies et sur nos territoires.

Intervenants
Jacques Caplat, ingénieur agronome, administrateur d'Agir pour l'environnement, auteur de L'agriculture biologique pour nourrir l'humanité (éditions Actes Sud, collection Domaine du Possible), nous démontrera comment une agriculture vivrière et localisée, s'appuyant sur le génie de la Nature et le savoir des paysans, serait en mesure de nourrir l'humanité et de répondre aux défis que le siècle nous réserve (raréfaction des ressources, croissance démographique, dérèglement du climat, effondrement de la biodiversité, pollutions, chômage, insécurité alimentaire...).


Étienne Chouard, enseignant, figure du "non" au Traité Constitutionnel Européen de 2005, nous exposera le fruit de ses recherches sur les modèles démocratiques. Il partagera ses réflexions sur ce qu'il appelle "la cause des causes" : la profonde crise démocratique que nous traversons et qui prive les citoyens de la capacité réelle d'orienter la politique de leur pays. Il nous proposera des pistes d'action comme l'adoption du tirage au sort ou la création d'une nouvelle assemblée constituante.




Cyril Dion, directeur de Colibris, directeur de la rédaction du magazine Kaizen, co-fondateur et co-animateur de la collection Domaine du Possible chez Actes Sud, introduira la conférence, présentera la campagne (R)évolution et le Plan des colibris.




 

Isabelle Peloux, enseignante, ancienne formatrice à l'IUFM, créatrice de l'École du Colibri aux Amanins, contributrice au livre (R)évolutions (éditions Actes Sud/Colibris, collection Domaine du Possible) nous présentera la démarche pédagogique qu'elle développe depuis plusieurs années, fondée sur l'apprentissage de la coopération, la reconnection à la Nature, la culture de la paix... Elle partagera avec nous sa vision de ce que pourraient être les écoles de demain.


 

Pierre Rabhi, agroécologiste, penseur, fondateur de Colibris, auteur de Vers la Sobriété heureuse (éditions Actes Sud) et de Éloge du Génie créateur de la Société civile (éditions Actes Sud/Colibris, collection Domaine du Possible) développera sa vision selon laquelle "il ne peut y avoir de changement de société sans changement humain". Il concluera la conférence en donnant une perspective plus large au Plan des colibris en l'inscrivant dans une vaste transformation sociétale appuyée sur une véritable "insurrection des consciences".

 


Thierry Salomon, ingénieur énergéticien, président de l'association NégaWatt, co-auteur du Manifeste NégaWatt et de Changeons d'énergies  (à paraître en février) (éditions Actes Sud/Colibris, collection Domaine du Possible) nous présentera les grandes lignes du scénario NégaWatt 2011-2050 proposant une transition énergétique pour la France. Il nous indiquera ce qui lui semble prioritaire dans les mises en œuvre institutionnelles, territoriales et citoyennes.



Raphaël Souchier, expert en économie locale, présentera la démarche des économies locales vivantes. S'appuyant sur les travaux du réseau BALLE (Business Alliance for Local Living Economies) il nous montrera pourquoi l'économie doit s'enraciner quelque part et l'impact incroyable de l'achat local sur l'emploi, la circulation des richesses, l'augmentation des revenus des collectivités et des associations.

 


Infos pratiques

La conférence aura lieu le 30 janvier à 19h30.
Espace Reuilly - 21 rue Hénard - Paris 12.
Métro : Montgallet (M8) ou Dugommier (M6)
Bus : Mairie du XIIème (29), Montgallet (46), ou Dausmesnil (62).

Participation libre.
Entrée dans la limite des places disponibles.

samedi 26 janvier 2013

Syrie: nombre "record" de réfugiés fuyant la guerre

Les Syriens fuient par milliers leur pays en proie aux violences et, selon l'ONU, un nombre "record" de 30.000 civils se sont réfugiés lors des dernières semaines en Jordanie voisine où les familles exposées à un hiver rigoureux vivent dans des conditions très difficiles.

Les Syriens fuient par milliers leur pays en proie aux violences et, selon l'ONU, un nombre "record" de 30.000 civils se sont réfugiés lors des dernières semaines en Jordanie voisine où les familles exposées à un hiver rigoureux vivent dans des conditions très difficiles.
(c) Afp
  (c) Afp

DAMAS (AFP) - Les Syriens fuient par milliers leur pays en proie aux violences et, selon l'ONU, un nombre "record" de 30.000 civils se sont réfugiés lors des dernières semaines en Jordanie voisine où les familles exposées à un hiver rigoureux vivent dans des conditions très difficiles.

A cinq jours d'une réunion de donateurs organisée à Koweït, le roi Abdallah II de Jordanie a lancé un appel pour "davantage d'aide" de la part de la communauté internationale pour son pays qui accueille maintenant plus de 300.000 réfugiés.

Pendant ce temps, les troupes du président Bachar al-Assad pilonnaient Homs, la "capitale de la révolution" dans le centre, pour le 6e jour consécutif, pour y écraser les derniers bastions rebelles, et régime et opposition mobilisaient leurs partisans, les premiers priant, les seconds manifestant.
Le poumon industriel de la Syrie et point névralgique sur la ligne de démarcation entre régime et rebelles --qui tiennent de larges zones dans l'Est et le Nord--, était sous les bombes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui s'appuie sur un important réseau de militants et de médecins.

En outre, a rapporté le réseau de militants anti-régime de la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), des renforts militaires arrivaient dans la ville, quasiment entièrement reprise par l'armée, au prix d'opérations extrêmement meurtrières.
A Idleb, principale ville du nord-ouest de la Syrie, des rebelles ont pu entrer dans l'enceinte de la prison, à l'entrée ouest de la ville sous le contrôle du régime après des combats intenses selon l'OSDH. Les combats continuent mais environ 80 prisonniers ont pu s'échapper de la prison.
Face à ces violences qui ont encore fait vendredi au moins 129 morts, selon cette ONG, 6.400 nouveaux réfugiés sont arrivés ces dernières 24 heures en Jordanie, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), portant à 30.000 le nombre de Syriens ayant fui vers le royaume depuis début janvier, un chiffre "record".

"Retour de la tuberculose"

"Les réfugiés les plus faibles se battent pour leur survie (...) il faut davantage d'aide internationale", a déclaré le roi Abdallah II, dans un discours devant le 43ème Forum économique mondial (WEF) à Davos.

La moitié des 600.000 réfugiés syriens ont moins de 18 ans et 25% ont moins de quatre ans, selon l'Unicef.

Alors que l'ONU s'attend à ce que le nombre de réfugiés atteigne 1,1 million d'ici juin, le Liban, l'Irak, la Jordanie et la Turquie tirent régulièrement la sonnette d'alarme, se disant prêts à accueillir les Syriens fuyant la guerre mais à condition d'être aidés.

Et en Syrie même, où l'on compte au moins deux millions de déplacés, l'Union des organisations syriennes de secours médicaux (UOSSM), une organisation de médecins travaillant clandestinement dans le pays, a dressé un tableau dramatique de la situation humanitaire.

Dénonçant "l'inaction" de la communauté internationale face aux exactions du régime, le secrétaire général de l'UOSSM, Anas Chaker, a affirmé que "des maladies comme la leishmaniose, la tuberculose, sont réapparues. Des enfants ne sont plus vaccinés depuis un, voire deux ans, c'est une catastrophe nationale".

Selon le docteur Chaker, "90% de l'aide donnée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ou la Croix Rouge internationale n'arrive pas aux régions qui en ont besoin" et où la crise des médicaments fait rage car "35 à 40 des 57 usines de médicaments en Syrie se trouvent à Alep" (nord) dévastée par plus de six mois de guérilla urbaine.

Alors que la Syrie s'enfonce toujours plus dans une guerre civile qui a fait plus de 60.000 morts selon l'ONU, les autorités se sont félicitées de l'afflux "massif" vendredi dans les mosquées pour une prière appelant au retour de la sécurité dans le pays.

Et comme chaque vendredi depuis le début de la contestation en mars 2011, des opposants au régime ont manifesté, scandant notamment "Malgré les bombardements et le siège, nous ne nous agenouillerons devant personne, sauf Dieu".

A Houla (centre), une vidéo a montré un rassemblement qui se tenait alors que des bombes tombaient à proximité, le caméraman filmant alternativement les manifestants et des colonnes de fumée qui s'échappaient de bâtiments.

Et à Saraqeb (nord-ouest), une pancarte proclamait "Non à un régime étranger, non à un régime militaire, non au terrorisme et à la peur", les militants affirmant que ces défilés s'adressaient au Front jihadiste Al-Nosra.

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20130125.AFP1725/syrie-nombre-record-de-refugies-fuyant-la-guerre.html

vendredi 25 janvier 2013

Au Kenya, un logiciel citoyen pour prévenir la violence

Des mails, des sms et des tweets contre la violence. Dans l'espoir de limiter les troubles lors de l'élection présidentielle de mars au Kenya, des informaticiens ont créé un logiciel supposé prévenir la violence grâce à la participation des citoyens . 

Lors du dernier scrutin, en 2007, on avait déploré un milliers de morts. Pour éviter une nouvelle catastrophe, les citoyens sont appelés à envoyer leurs messages à une plateforme de surveillance, lesquels seront analysés pour permettre aux forces de l'ordre d'agir au mieux. http://www.ushahidi.com/ http://kenya.ushahidi.com/



Au Kenya, un logiciel citoyen pour prévenir la... par lemondefr


Source : http://www.lemonde.fr/afrique/video/2013/01/25/au-kenya-un-logiciel-citoyen-pour-prevenir-la-violence_1822694_3212.html

Pauvreté: Ayrault précise son plan mais reste flou sur son financement

Le Comité interministériel de lutte contre l'exclusion a adopté un plan pluriannuel contre la pauvreté qu'a présenté le Premier ministre.



Six mois de concertations, une soixantaine de mesures et dorénavant vingt ministres concernés. Le Comité interministériel contre l'exclusion a adopté le 21 janvier le plan de lutte contre la pauvreté, sur les bases des propositions de la Conférence de décembre 2012 sur le sujet.



Financement: pas de prélèvements supplémentaires

Ce plan pluriannuel et transversal tente de s’attaquer à l’exclusion sociale dans le domaine de l’emploi, du logement, de la santé ou encore du surendettement. Pour cela, le Premier ministre a annoncé que l’Etat mobilisera 2,5 milliards d’euros par an à partir de 2017. Un "rythme de croisière" que le gouvernement atteindra donc d'ici la fin du quinquennat.
Avant cela, les ressources nécessaires pour la mise en place des mesures seront intégrées dans les budgets des différents ministères concernés, a indiqué vaguement le Premier ministre, en conférence de presse. Le budget du plan n'est donc pas chiffré précisément. Pour l'année 2013, entre 300 et 400 millions d'euros seront investis, précise néanmoins le cabinet. Question financement, Jean-Marc Ayrault le promet, “il n’y aura pas de nouveaux prélèvements".

Les mesures phares


RSA, CMU, nouveau dispositif d’insertion pour les jeunes, registre national des crédits aux particuliers... les mesures du plan reprennent les propositions de décembre. Elles sont parfois amplifiées ou précisées.
Parmi les mesures mises en avant par le Premier ministre dont l’application débute dès 2013:

> La revalorisation du RSA socle de 10% d’ici 2017, en dehors des réhaussements par rapport à l’inflation. La première hausse de 2% sera effective en septembre 2013.

Concernant le RSA activité, un groupe de travail va être mis en place pour déterminer les meilleurs dispositifs pour soutenir les travailleurs modestes, explique-t-on à Matignon. L'efficacité de la Prime pour l'emploi (PPE) y sera discutée également. Le but est de tester les dispositifs préconisés par ce groupe dès la rentrée 2013, dans des territoires pilotes.

> La hausse du plafond pour l'accès à la CMU complémentaire dès septembre 2013 (par décret). Ainsi, 750.000 personnes supplémentaires pourront bénéficier de cette complémentaire santé. C’est 250.000 de plus que ce qui a été annoncé en décembre.

> La "garantie” jeune, nouveau dispositif d’insertion professionnelle pour les jeunes isolés, sans emploi ou formation entre 18 et 25 ans. Le gouvernement annonce un essai dans dix territoires en septembre, avant sa généralisation en 2014.

> Les 9000 places d’hébergement d’urgence supplémentaires (dont 4500 CADA, centre d'accueil dedemandeurs d'asile) seront mobilisées en tout, pour cette année. Parmi ces places figurent celles des centres d’hébergement qui resteront ouverts après l’hiver.

Matignon explique que pour 2013, entre 120 et 140 millions d’euros sont débloqués pour la politique d’hébergement et d'accompagnement vers le logement.

Des mesures pour la famille émergent également de ce plan, comme le renforcement de l’accès des enfants de familles modestes aux crèches (avec notamment un quota de 10% minimum dans chaque crèche), ou encore une hausse de l’allocation de soutien familial (ASF), pour aider les familles monoparentales.

L’évaluation et le suivi du plan sera assuré par l’ancien secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, chargé de cette mission en tant qu’Inspecteur général des affaires sociales (IGAS).

Source : http://www.youphil.com/fr/article/06146-pauvrete-jean-marc-ayrault-plan-logement-rsa-cmu?ypcli=ano
 

> Consulter le texte intégral du plan de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale.