dimanche 30 septembre 2012

The AFD Approach to Climate change in International Development - Conférence de Dov Zerah, Directeur général de l'AFD - Sciences Po Paris

Dov ZERAH, Directeur général de l'Agence française de développement, s'exprimera sur l'approche de l'AFD face aux conséquences du changement climatique sur le développement internationalUne conférence de Sciences Po Paris, le mercredi 3 octobre 2012, de 19h15 à 21h00.


Dov ZERAH, Directeur général de l'Agence française de développement, 
Modération de Ghassan SALAME, Directeur de l'Ecole des Affaires internationales de Sciences Po (PSIA) 
 
Dov ZERAH is the Executive Director of the Agence Française de Dévelopement (AFD), a public institution providing development financing to sustainable development projects carried by government local authorities, public companies, and the private and associative sectors. Mr. Zerah began his career at the French Treasurywhere he spent thirteen years. He then became the permanent secretary of Michel Roussin, the Minister of Cooperation, in 1993.

From July 1993 to November 1995, he was Deputy General Director of the Caisse Française de Développement (CFD), which would later become AFD. Dov Zerah became Corinne Lepage’s permanent secretary within the Ministry of the Environment, where he stayed from 1995 to 1997. He then headed the cabinet of Edith Cresson, the European Commissioner, from 1997 to 1999. From 1999 to 2002, he was the CEO of DAGRIS (Développement des agro-industries du Sud), the former French Company for the Development of Textile Fibers, as well as of the Compagnie Cotonnière (COPACO). Mr. Zerah then became the Mint-Master of the Département des Monnaies, Médailles et Antiques de la Bibliothèque Nationale de France, between 2002 and 2007, before holding the post of senior counselor at the French Court of Financial Auditors until his nomination as the General Director of AFD.

Conférence en anglais.

Amphithéâtre Jacques Chapsal, Bâtiment A


Le scandale des prisons bouleverse la Géorgie

En pleine campagne législative, la Géorgie est ébranlée par la diffusion de vidéos montrant des geôliers battre, humilier et même violer des prisonniers.

Si la prison de Gldani était une boutique, on parlerait d'une vitrine attrayante. Un hall moderne accueille les visiteurs, arrivés en minibus jusqu'à ce faubourg lointain de Tbilissi, entouré de dunes rocailleuses. Un jardin d'enfants a été construit pour occuper les petits avant le parloir.

Capture écran d'une vidéo YouTube.
Mais cette impression favorable est trompeuse. L'établissement pénitentiaire, épicentre de la politique géorgienne depuis plus d'une semaine, a été le théâtre de violences systématiques, ces dernières années, exercées par les gardiens sur les détenus, dans une totale impunité.
Des violences dénoncées régulièrement par les défenseurs des droits de l'homme, mais sur lesquelles, pour la première fois, sont publiées des preuves accablantes. Le 18 septembre, à moins de deux semaines des élections législatives du 1er octobre, des vidéos amateurs à la provenance mystérieuse ont montré les maltraitances, et bouleversé le pays.
Une vingtaine de mères de détenus se relayent devant la prison de Gldani, près de Tbilissi, pour protester contre les violences.
Depuis que le scandale a éclaté, Maïa Gourgadze et une vingtaine de mères de détenus se relayent nuit et jour devant la prison. Il y a six mois, le fils de cette ex-militaire de 47 ans a été condamné à quatre ans de détention pour usage de drogue. "On ne savait pas que de telles horreurs avaient lieu, dit-elle, les mains jointes. On n'est pas en démocratie, mais en tyrannie ! A chaque minute, j'attends qu'on m'annonce sa mort."
LA MINISTRE CHARGÉE DU SYSTÈME PÉNITENTIAIRE A DÉMISSIONNÉ
Maïa Gourgadze a eu des échos des changements dans le système carcéral intervenus ces derniers jours. "Mon fils m'a dit que c'était devenu le paradis ! Les violences ont cessé. Ils ont le droit d'ouvrir les fenêtres. Certains ont reçu des matelas. Mais ce n'est que jusqu'aux élections !"
Ce pessimisme s'explique par l'ampleur du choc. Ce trou noir carcéral porte atteinte au "modèle géorgien" que le président Mikheïl Saakachvili promeut dans l'espace postsoviétique.
Des étudiants forment une chaîne humaine devant le ministère de la justice géorgien, à Tbilissi, le 26 septembre.
La diffusion des vidéos a contraint le pouvoir à réagir en plusieurs temps, entre contrition et dénonciation d'un complot. Une douzaine d'employés de la prison de Gldani, dont le directeur et son adjoint, ont été arrêtés. La ministre chargée du système pénitentiaire a dû démissionner. Cela n'est pas suffisant pour la coalition de l'opposition, le Rêve géorgien, et pour les manifestants descendus dans la rue.
Parmi eux, des centaines d'étudiants de l'université de Tbilissi, ville plutôt hostile au chef de l'Etat, qui ont à nouveau défilé, mercredi 26 septembre. Ils ont déjà obtenu la tête du ministre de l'intérieur, Bacho Akhalaïa, ancien responsable desprisons entre 2005 et 2008 et proche du président. "Les gens qui torturent sont anormaux, explique au Monde le milliardaire Bidzina Ivanichvili, à la tête du Rêve géorgien. Mais c'est M. Saakachvili qui a rassemblé cette équipe et planifié idéologiquement tout cela, pour intimider les citoyens."
"CETTE AFFAIRE NOUS A MORALEMENT ATTEINTS"
Face à cette crise majeure, la plus grave depuis la guerre contre la Russie en août 2008, le régime a promu de nouveaux visages. La ministre de l'intérieur est dorénavant Eka Zgouladzé, une jeune femme réfléchie et posée, jusqu'alors vice-ministre. Elle est aussi l'épouse de Raphaël Glucksmann, fils du philosophe français André Glucksmann et conseiller politique du président Saakachvili.
Dans le palais de verre du ministère, Eka Zgouladzé ne se dérobe pas. "Personne ne peut faire l'idiot et prétendre qu'il s'agissait de cas isolés. C'était un problème systémique, qui s'est développé au sein d'une communauté très fermée, se protégeant."
Des étudiants de l'université d'Etat Ilia Chavchavadze se préparent à manifester dans les rues de Tbilissi, le 26 septembre.
Le secrétaire du Conseil national de sécurité, Giga Bokeria, un des fidèles du président, est sur la même ligne : "Cette affaire nous a moralement atteints. Nous avons échoué avec le système pénitentiaire. Notre erreur a été de considérer la prison comme une priorité inférieure à d'autres."
Cette communauté de gardiens qu'il faut policer est à présent sous l'autorité de Guiorgui Tougouchi, le plus inattendu des promus. Avant le scandale, il était le Défenseur des droits, dénonçant en vain dans ses rapports le "système d'impunité" qui règne en prison. "La plupart des violences étaient liées à la volonté de soumettre les prisonniers à l'administration, dit-il. Les nouveaux arrivants, par exemple, passaient entre deux colonnes de gardes et se faisaient tabasser."
"ON VA ÉCARTER LA PLUPART DES GARDES"
Dans son nouveau bureau aux étagères vides, M. Tougouchi est suspendu au téléphone. Le nouveau ministre chargé du système pénitentiaire licencie à tours de bras. "J'ai renvoyé plus de cent personnes en deux jours. On va écarter la plupart des gardes. Seuls ceux vraiment fiables resteront."
Le président Saakachvili lui a promis toute latitude pour agir et lui a accordé une rallonge budgétaire. L'ancien militant des droits de l'homme veut conduire la même révolution dans le milieu pénitentiaire que celle dans la police, reformatée pourrompre avec la corruption. Cette fois, des psychologues seront sollicités dans le recrutement.
Des étudiants manifestent devant leur université à Tbilissi, le 26 septembre. 
Tout en assumant leurs responsabilités, les officiels géorgiens ont en tête le schéma d'un complot, fomenté par l'équipe de Bidzina Ivanichvili. Ils soupçonnent un prisonnier de Gldani, ancien policier corrompu et père d'un candidat du Rêve géorgien, qui aurait incité des gardiens à filmer les violences, contre rémunération.
Selon le régime, le milliardaire disposait de certaines vidéos depuis un an et comptait attendre la fin de la campagne électorale pour les exploiter, telle une balle en or dans son barillet. Certains conseillers affirment même que la vidéo la plus choquante, où un prisonnier se fait sodomiser avec le bout d'une matraque, était mise en scène. Mais ils évitent d'évoquer ce point publiquement, pour ne pasdonner le sentiment de nier l'ampleur du problème carcéral.

samedi 29 septembre 2012

L'aide au développement, ça ne s'improvise pas


Comment les ONG font pour associer les populations locales à leurs projets de développement. Cinq conseils de pro.


Voici le genre d’anecdote qui circule dans le monde humanitaire et attise un peu plus encore la défiance des petites ONG envers les mastodontes de l’aide au développement. Ecoutez plutôt.

En reportage à Madagascar, un membre d’une équipe menant un projet de lutte contre la déforestation me raconte, mi-amusé, mi-consterné:
«Il y a quelques années, [un très grand bailleur de fonds] a monté un programme dans le pays, et a donc demandé aux paysans quels étaient leurs "besoins", ce à quoi ils ont répondu: des chèvres. Comme ces animaux mangent beaucoup de verdure, ce n’est pas l’idéal pour lutter contre la déforestation, donc [le bailleur de fonds] a donné des poules aux fermiers. Et qu’ont-ils fait des poules d’après toi?»
Je n’en avais aucune idée, mais quand j’ai rapporté, bien plus tard, l’anecdote à un public plus large, Bénédicte Hermelin, vice-présidente de Coordination Sud et directrice générale du Gret, n’a pas hésité: «C’est bien simple, a-t-elle ri, les paysans ont vendu les poules... pour acheter des chèvres.» C’était exactement ça.

Pourquoi prendre (ou perdre, c’est selon) quelques lignes pour raconter cette anecdote? Tout simplement parce qu’elle illustre à quel point la prise en compte des «besoins des bénéficiaires», comme il est coutume de les appeler, est primordiale pour réussir et pérenniser un projet de développement. Par ailleurs, une délégation d’experts bardés de diplômes n’est pas toujours la plus à même de comprendre les véritables «besoins des populations».

Une évidence? Pas si sûr. Dans un contexte d'hyperconcurrence entre les ONG pour séduire les bailleurs de fonds, le risque est parfois de reléguer ces fameux «besoins» à quelques lignes agrémentées de belles formules («capacity building», «empowerment», etc.) dans un rapport destiné à décrocher les appels d’offres... et donc des financements pour agir sur le terrain.

En aucun cas ici, il n’est question de blâmer les ONG. Mais force est de constater qu'elles sont parfois confrontées à des critiques de la part des habitants dont elles sont censées améliorer l’existence, comme en Haïti.

Pour y parer, et pour assurer la pérennité des actions, elles doivent plus que jamais associer ces «populations locales» à chaque étape —conception, mise en place, gestion—des projets de développement.

Comment, concrètement, réussir ces partenariats? Pas de formule magique ici, juste des bonnes pratiques livrées par des professionnels au cours d’un débat qui s'est déroulé fin septembre dans le cadre du Forum International Convergences 2015, à Paris.


#1 «Bien connaître les structures existantes»
«A Haïti, où nous sommes présents depuis 17 ans, nous avions mis en place des comités de gestion de l’eau bien avant le séisme. Après le 12 janvier 2010, des milliers d’ONG ont débarqué dans le pays. Certaines d’entre elles souhaitaient remettre en place des comités. Nous leur avons dit de s'appuyer sur ce qui avait déjà été mis en place. Les murs sont tombés, mais des structures sociales existent encore!», se souvient Bénédicte Hermelin.
Sans le vouloir, les ONG peuvent parfois bouleverser les structures sociales existantes. Il est donc essentiel de savoir les identifier.


#2 Miser sur les «déviances positives»

Que faire lorsqu'un projet de développement peine à s'implanter? 
«Nous nous appuyons sur les "déviances positives", témoigne Mansour Fall, salarié de l'ONG World VisionNous sommes ainsi intervenus dans un village dont les sages ne voulaient pas d’un projet d’école. Tout en essayant de comprendre les raisons de ce refus (ils craignaient que les gens lettrés partent à la ville, et cessent de soutenir le village) nous avons établi un dialogue avec ceux qui soutenaient le projet dans le village, les fameuses "déviances positives" donc. Aujourd’hui, ceux qui étaient réfractaires sont devenus les plus fervents défenseurs de l’école!», raconte, amusé, ce spécialiste de l'efficacité des programmes basé à Nairobi.

#3 «Révéler le potentiel des gens plutôt que de chercher à répondre à leurs besoins»

Un projet de développement efficace ne cherche pas à tout prix à répondre aux besoins des populations. Il s'attèle à développer leur autonomie afin qu'elles trouvent elles-mêmes les solutions. Selon Tristan Lecomte, Président du collectif de lutte contre la déforestation Pur Projet et fondateur d’Alter Eco, «il faut révéler le potentiel des communautés locales, les conseiller plutôt que de chercher à les encadrer ou à agir à leur place 


#4. «Considérer la densité symbolique du projet»

Flavio Bassi, directeur du réseau d’entrepreneurs sociaux Ashoka en Afrique du Sud, prend l’exemple des communautés indigènes auprès desquelles il est intervenu au Brésil. 
«Notre rôle est de tendre aux communautés un miroirNous avons pris l’exemple d’un dieu Indien, légendaire, et nous avons incité les gens à nous parler de lui. Puis nous leur avons demandé: que ferait-il aujourd’hui, face à telle ou telle situation? Sans ce travail de projection, sans donner une consistance symbolique à notre projet, nous n’aurions jamais pu le réaliser.» 
En clair : on n’enseigne pas partout de la même manière qu’en France.

Tristan Lecomte ajoute:
«Il faut toujours se méfier, lorsqu’on arrive sur un projet, à ne pas trop dire de choses, à écouter plus qu’à énoncer. On nous demande beaucoup ce qu’on pense de telle ou telle chose, car la parole de l’homme blanc —c’est un fait qu’on peut déplorer, mais c’est ainsi— est très écoutée. Dans ces cas-là, il vaut mieux rester en retrait, plutôt que de sortir une idée en complet décalage avec les réalités locales.»

#5. «Prendre en compte les réalités culturelles... quitte à mettre de côté ses convictions féministes»

Prendre en compte les réalités locales dans le cadre d'un projet de développement: tout le monde s’accorde sur ce principe, et pourtant la tentation est forte de vouloir introduire une dose de «modernité», notamment concernant les relations hommes/femmes.
«Je travaillais pour le PNUD au Mexique, raconte une jeune femme venue assister au débat. Nous avons réuni dans une même pièce plusieurs hommes et femmes, pour qu’ils nous disent ce dont ils avaient besoin. Personne n’a voulu parler, et nous ne savions pas pourquoi... Nous l’avons finalement compris: les hommes ne parleraient pas si les femmes restaient, et c’était de toute façon eux qui prendraient les décisions. Qu’auriez-vous fait? Nous devions mener ce projet, quitte à faire quelques entorses à nos principes sur l’égalité homme/femme.»
Bien souvent, sur le terrain, les femmes humanitaires acceptent de se voiler quand c’est nécessaire, font attention au comportement qu’elles adoptent par rapport aux hommes.
Faut-il mettre en sourdine ses idéaux égalitaires? Le sujet fait débat dans le secteur humanitaire, car le respect de ces règles permet aussi d'accèder aux femmes des communautés locales, de recueillir leurs propos. Et sans elles, pas de changement... ni de développement.

Source : http://www.slateafrique.com/95205/humanitaire-aide-au-developpement-ca-ne-simprovise-pas


jeudi 27 septembre 2012

Migrants en Libye : "Ils ne nous traitent pas comme des êtres humains"

En Libye, les droits humains des étrangers sont régulièrement violés, un climat de racisme règne. Les milices ne sont pas contrôlées par le gouvernement et le système judiciaire est quasi-paralysé. Notre chercheuse a visité le centre pour «  migrants irréguliers » de Khoms, où les détenus sont originaires pour la plupart de pays d'Afrique subsaharienne. Récit.

Dans toute la Libye des « migrants irréguliers » sont détenus dans des conditions déplorables
Dans la soirée du 12 septembre, une querelle entre des Érythréens et des Nigérians détenus au centre pour « migrants irréguliers » de Khoms a dégénéré en violences. Un groupe de Somaliens a profité de la confusion pour s'enfuir. 
Débordés par les événements, les neuf gardiens de service ont demandé des renforts. 
Selon des détenus, une dizaine de véhicules équipés de mitrailleuses sont arrivés vers 21 heures. Des hommes en uniforme militaire ont alors fait sortir de force tous les détenus érythréens dans la cour et les ont passés à tabac. 
Un Érythréen de 29 ans originaire d'Asmara (la capitale), qui a passé six mois dans plusieurs centres de détention en Libye, a expliqué à Amnesty International qu'un homme en uniforme militaire l'avait frappé à la tête à coups de barre de métal et lui avait délibérément marché sur les mains. Il était chaussé de bottes militaires. 
D'autres Érythréens ont raconté qu'on les avait forcés à s'allonger par terre et qu'ils avaient alors été frappés à coups de crosse de fusil ou de câble métallique. 

 Ils [les Libyens] ne nous traitent pas comme des êtres humains. Pour eux, nous sommes des animaux, ou des esclaves. Une Nigériane de 23 ans détenue dans le centre pour « migrants irréguliers » de Khoms.

Les évadés somaliens ont eu droit à un traitement particulièrement violent lorsqu'ils ont été repris. 
Mohamed Abdallah Mohamed, 19 ans, présentait encore des blessures bien visibles à l'épaule gauche, aux jambes et au visage lorsque je l'ai vu, le 14 septembre, en arrivant au centre où l'on m'avait dit que des coups de feu avaient été tirés. 
Ce jeune homme somalien m'a raconté qu'il avait été attrapé par sept personnes, puis roué de coups de pied, traîné sur le sol, frappé à l'œil et battu à coups de bâton et de crosse de fusil. 
Il a finalement été conduit à l'hôpital par des gardiens du centre de détention, mais n'y pas, selon lui, été soigné correctement. Il se plaignait de fortes douleurs persistantes et d'une vision déficiente de l'œil gauche. 
Khadar Mohamed Ali, un Somalien de 16 ans lui aussi repris alors qu'il tentait de s'évader, a également été piétiné et frappé à coups de crosse de fusil et de bâton par des hommes en uniforme militaire. 
Un troisième Somalien, Khadar Warsame, 21 ans, s'est retrouvé dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital de Khoms après la tentative d'évasion. Il y est actuellement soigné pour une blessure à la tête.
La cause de sa blessure consignée à l'hôpital est une « chute ». Mais il faut pour établir toute la vérité qu'une enquête impartiale, indépendante et exhaustive soit conduite sur les violences qui se sont produites dans le centre de détention de Khoms le 12 septembre.

Une enquête impartiale et indépendante s’impose

Il faut ouvrir une information sur les personnes pour lesquelles il existe des motifs raisonnables de penser qu'elles ont pu commettre des actes de torture et d'autres formes de mauvais traitements et, lorsqu'il y a des éléments suffisants les mettant en cause, les traduire en justice. Pendant la durée de l'enquête, ces personnes doivent être suspendues des fonctions dans lesquelles elles sont susceptibles de commettre des violations similaires. 

Lors d'une de mes précédentes visites au centre de Khoms, des détenus – originaires pour la plupart de pays d'Afrique subsaharienne tels que le Cameroun, l'Érythrée, le Niger, le Nigeria, la Somalie, le Soudan et le Tchad – m'avaient fait part de multiples problèmes : surpopulation, nourriture inadéquate, pas d'accès régulier à des soins de santé, absence d'activités de détente et de sorties à l'air libre, cas de brutalités, injures et mauvaises conditions d'hygiène. 
Leur principale préoccupation tenait à la durée indéterminée de leur détention et à l'incertitude concernant le sort qui allait leur être réservé. 
Des gardiens et des responsables du centre de détention ont par ailleurs fait part de leur inquiétude concernant le manque de moyens mis à leur disposition pour satisfaire les besoins de quelque 370 détenus, dont une trentaine de femmes. 
Ils se sont plaints de la lenteur des procédures de renvoi dans les pays d'origine, et des fréquentes tentatives d'évasion.
Le centre de détention est géré par le Département de lutte contre l'immigration irrégulière du ministère de l'Intérieur, mais les gardiens et les policiers qui y officient font appel à des groupes armés locaux, appartenant en théorie à l'armée libyenne, pour intervenir lors des émeutes et retrouver les évadés. 

Les milices échappent à tout contrôle

Depuis le renversement du régime de Kadhafi, l'an dernier, les milices armées comblent le vide en matière de sécurité laissé par le précédent pouvoir, et assurent un certain nombre de tâches de maintien de l'ordre. 
Le gouvernement central s'est révélé incapable – et parfois non désireux – de les contrôler. Les autorités continuent dans certains cas de faire appel aux milices armées pour maintenir l'ordre, et ferment les yeux sur les excès dont elles se rendent coupables. Ces milices continuent de détenir des suspects hors de tout cadre légal, et de les soumettre à la torture ou à d'autres formes de mauvais traitements.
Ce vide en matière de sécurité, la prolifération des armes et la quasi-paralysie du système judiciaire placent les étrangers en Libye dans une situation de grande vulnérabilité face à de possibles violations des droits humains. 
Ils n'ont pas de voie de recours, pas de possibilité de demander justice. Leur situation ne risque guère de s'améliorer tant que les autorités libyennes n'auront pas pris un certain nombre de mesures, en particulier la ratification de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, la mise en place d'un système d'asile opérationnel et la réforme de la loi relative à l'entrée et au séjour des étrangers en Libye.

Les étrangers particulièrement visés 
Les autorités doivent aussi mettre un terme aux violences et aux autres violations des droits humains perpétrées contre les étrangers – que ce soit par les agences chargées de l'application des lois, par les milices ou par les simples citoyens libyens – et prendre des mesures fortes pour combattre les comportements racistes et xénophobes auxquels on assiste actuellement dans le pays. 
Les étrangers, et tout particulièrement ceux qui sont en situation irrégulière, demeurent pour l'instant à la merci de tout Libyen qui croise leur chemin. Ceux qui ont de la chance décrochent un emploi rémunéré. 
Les moins heureux peuvent se retrouver contraints de travailler sans contrepartie financière, être arrêtés ou livrés à une milice, être frappés et placés en détention pour une durée indéterminée dans des conditions épouvantables. 
Un Égyptien qui vit en Libye depuis des années a expliqué à Amnesty International qu'il avait été interpellé à la suite d'un différend avec son employeur sur une question de rémunération, et avait été soumis à la torture. 
Il a été arrêté par trois hommes armés chez lui, à Tripoli, en plein milieu de la nuit. À la base de la milice à laquelle appartenaient ces hommes, il a été ligoté et suspendu à une barre métallique, puis frappé sur tout le corps, notamment sur la plante des pieds, avec des câbles, des tuyaux et des fils de fer. 
Plus tard, il a été remis à un centre de détention pour « migrants irréguliers ». Il espère que l'une de ses connaissances libyennes va le « parrainer » et obtenir sa remise en liberté.
Sinon, il pourrait, comme des milliers d'autres, être détenu pendant une durée indéfinie, avant d'être, au bout du compte, expulsé sans pouvoir faire appel.

Source : http://www.amnesty.fr/AI-en-action/Personnes-deracinees/Migrations-et-droits-humains/Actualites/Migrants-en-Libye-Ils-ne-nous-traitent-pas-comme-des-etres-humains-6144

Hommage sans précédent du président birman à Aung San Suu Kyi

Le président birman Thein Sein a rendu jeudi 27 septembre un hommage sans précédent à l'opposante Aung San Suu Kyi, la "félicitant" devant l'Assemblée générale de l'ONU pour ses"efforts en faveur de la démocratie".

Le président birman Thein Sein, en septembre 2009

"En tant que citoyen birman, je voudrais la féliciter pour les honneurs qu'elle a reçus dans ce pays en reconnaissance de ses efforts en faveur de la démocratie", a-t-il déclaré, en référence à la visite qu'Aung San Suu Kyi effectue parallèlement aux Etats-Unis, où elle a reçu la médaille d'or du Congrès américain. Aung San Suu Kyi, désormais députée, a été accueillie avec tous les honneurs aux Etats-Unis et s'est entretenue avec le président américain Barack Obama dans le Bureau ovale.

Les relations entre le chef de l'Etat birman et la dirigeante de l'opposition et Prix Nobel de la paix n'ont cessé de s'améliorer depuis un an et demi. Elles sont considérées comme essentielles au bon déroulement des profondes réformes engagées en Birmanie par Thein Sein depuis la dissolution de la junte en mars 2011.

Barack Obama a reçu Aung San Suu Kyi dans le Bureau ovale, à la Maison Blanche, le 19 septembre. 

Depuis un an et demi, le gouvernement "civil" de Thein Sein a notamment libéré des centaines de prisonniers politiques et signé des cessez-le-feu avec plusieurs groupes rebelles des minorités ethniques. Il a également permis le retour au cœur du jeu politique de Suu Kyi, après quinze années en résidence surveillée.
L'icône de la démocratie en Birmanie, députée depuis avril, milite depuis pour la poursuite des réformes et la levée des sanctions internationales. Les Etats-Unis ont annoncé mercredi la levée de l'embargo américain sur les produits birmans.
Thein Sein a souligné dans son discours que son gouvernement avait signé "dix accords de cessez-le-feu avec des groupes armés" de différentes ethnies et qu'il s'efforçait de "mettre totalement fin" au conflit entre l'armée birmane et les rebelles kachins, qui fait rage de nouveau depuis juin 2011 dans l'extrême nord du pays après dix-sept ans de paix.


mardi 25 septembre 2012

Le Tibet est devenue "une prison"

Le président du Parlement tibétain en exil a accusé, mardi 25 septembre, la Chine d'avoir transformé le Tibet en une gigantesque prison, lors du discours d'ouverture de la plus grande assemblée des représentants de la communauté tibétaine en exil depuis quatre ans.

Selon le gouvernement tibétain en exil, 51 personnes se sont immolées lors des trois dernières années et 41 d'entre elles ont succombé à leurs brûlures.

"Un état de loi martiale inavoué est toujours à l'œuvre au Tibet", a dénoncé Penpa Tsering à l'ouverture du conclave de quatre jours à Dharamsala, une ville du nord de l'Inde où est basé le gouvernement tibétain en exil. La Chine "a transformé le Tibet en un territoire qui ressemble à une prison", a-t-il ajouté.

Quelque quatre cents représentants des Tibétains en exil dans le monde entier se réunissent pour la première fois depuis 2008 pour redéfinir leur stratégie face à l'administration chinoise après la recrudescence d'immolations de membres de leur communauté et dans la perspective de changements politiques à Pékin.

"SITUATION TRAGIQUE"

Selon le gouvernement tibétain en exil, cinquante et une personnes se sont immolées par le feu lors des trois dernières années et quarante et une d'entre elles ont succombé à leurs brûlures. "La question est comment et de quelle manière nous, peuple tibétain vivant en exil, pouvons répondre à la situation tragique au Tibet aujourd'hui", a déclaré M. Tsering. De nombreux Tibétains ont été profondément choqués par les immolations, qui sont à l'opposé de l'enseignement bouddhiste selon lequel la vie est sacrée, et les dirigeants tibétains font face à une pression croissante pourtrouver une issue alors même que leur mouvement pour un Tibet libre ne progresse pas.

Erika : les parties civiles saluent une victoire pour le droit de l'environnement

Immense soulagement pour les parties civiles : Total est bien responsable et coupable du naufrage de l'Erika. Dans son arrêt d'appel, la Cour de cassation confirme la condamnation pénale de Total prononcée en appel en 2010 pour la "pollution maritime" provoquée sur les côtes bretonnes par le naufrage du pétrolier Erika en 1999.


Nettoyage de la côte souillée par le naufrage de l'Erika à Batz-sur-Mer en mars 2000© Maxppp

Se défendant de vouloir faire un jeu de mot, plusieurs parties civiles ont réagi à l'arrêt de la Cour de cassation en parlant de "victoire totale". Aux yeux du président du conseil général de Vendée, il s'agit d'une victoire car cet arrêt garantit "l'avenir" des communes susceptibles de connaître un jour une marée noire. "Les navires poubelles seront sanctionnés car la France a la compétence de juger les dégâts causés sur ses propres côtes", estime Bruno Retailleau.

"Victoire totale, absolue" également pour Corine Lepage, avocate de plusieurs communes touchées par la catastrophe. L'ancienne ministre de l'Environnement savoure ce jour, "un très grand jour pour les défenseurs de l'environnement d'où l'émotion qui est la mienne", explique Corine Lepage.

Reconnaissance définitive de la notion de préjudice écologique

Effectivement, le droit de l'environnement fait un pas grâce à cet arrêt."C'est la première fois que la Cour de cassation reconnaît le préjudice écologique de façon définitive. Cela veut dire que d'autres collectivités locales vont pouvoir aujourd'hui invoquer le préjudice écologique, ce préjudice qui n'est pas quantifiable, ce préjudice qui n'apparaît pas sur les bilans. C'est le droit à pouvoir obtenir l'indemnisation des atteintes à l'écosystème", s'est réjouit Me Patrice Spinosi, avocat des parties civiles devant la Cour de cassation.

Une bonne nouvelle donc pour l'avenir selon le président de la Ligue de pour la protection des oiseaux : "On ne pourra plus polluer comme on le faisait par le passé, c'est ça l'enjeu de la journée", se réjouit Alain Bougrain-Dubourg. 

Total indifférent mais n'exclut pas de saisir la justice européenne 

Réaction de Total : les indemnisations ont été réglées, la compagnie pétrolière "n'est plus intéressée par cette affaire en tant que Total". Pour l'avocat Maître Daniel Soulez-Larivière, "c'est un problème international, et la question est de savoir quelle est l'interprétation de la communauté internationale sur ce sujet". Il évoque donc la possibilité d'introduire un recours devant la justice européenne.