mercredi 31 octobre 2012

Des associations en mal de générosité

Crise oblige, plus de la moitié des donateurs prévoient de diminuer leurs dons ou de les stopper. Avec le risque de pénaliser des associations déjà fragilisées.
 
Crédit photo: micah.e/Flickr

C’est un paradoxe tenace dont il semble de plus en plus compliqué de s’extraire. La crise économique fait de plus en plus de laissés-pour-compte (chômeurs, précaires, SDF...), mais ceux qui sont en mesure de les aider, c'est-à-dire les associations, sont également confrontées à une baisse de leurs ressources.

Alors que la crise de 2008 ne s’était pas immédiatement fait sentir sur le plan de la générosité, la période 2010-2012 se caractérise par un ralentissement des dons, le montant total stagnant à un peu moins de deux milliards d'euros en 2010 (pdf). Aujourd’hui, ce sont les intentions de dons qui inquiètent le secteur associatif.

France générosités, syndicat professionnel qui regroupe des organismes de solidarité, vient de lancer "L’Observatoire France générosités", un sondage permettant de mieux comprendre la relation entre les Français et les associations, et dont la première édition fait état de perspectives plutôt moroses.
Le robinet du don se referme

Cette année, 53% des Français qui effectuent des dons en argent aux associations et aux fondations prévoient de diminuer le montant de leur don ou de ne plus en faire, conclut l’enquête. Un problème de taille, puisque les ressources privées, c’est-à-dire les dons, le mécénat et les ventes aux usagers représentent le plus grand soutien des associations.

"Nous espérons que la réalité sera plus positive, mais ce sondage traduit un énorme malaise chez les Français. Un quart d’entre eux (24%) disent avoir du mal à ‘joindre les deux bouts’, et ne sont donc plus en mesure de donner aux associations", explique Françoise Sampermans, présidente de France générosités. Les Français préfèrent aider en priorité leurs proches ou des associations de proximité."
L'aide aux malades et aux personnes handicapés en danger

Certains secteurs risquent donc de pâtir de cette redistribution des cartes. Si la recherche médicale est la première cause soutenue par les Français, suivie de l’aide à l’enfance et de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, l’urgence, l’aide aux malades et aux personnes en situation de handicap vont très probablement faire les frais de ce contexte économique dégradé.

À cette potentielle diminution des dons s’ajoute un désengagement de l’État, déjà important avant la crise. Aujourd’hui, 46% des associations déclarent souffrir de la baisse des subventions, d’après l’étude Deloitte-CNRS dévoilée le 25 octobre 2012, à l’occasion de la 7e édition du Forum National des Associations & Fondations. Il faut dire que le nombre de créations d’associations s’est considérablement accéléré ces dernières années, réduisant la part du gâteau.
Trouver de nouveaux donateurs, un enjeu crucial

Les associations tentent donc d’anticiper la baisse des dons privés. "Des grandes organisations telles que Médecins sans frontières (MSF) ont lancé des campagnes de récolte de fonds en octobre, alors que d'ordinaire, elles attendent novembre et les fêtes de fin d'année", observe Françoise Sampermans. Mais cela suffira-t-il?

"Il faut trouver de nouveaux moyens de collecte pour toucher de nouveaux donateurs, en utilisant par exemple les nouvelles technologies et en déployant davantage d’efforts pour informer le public sur les possibilités de legs". En somme, rivaliser d’inventivité et mieux communiquer, sur le web notamment, pour ne pas mettre la clé sous la porte.


Source : http://www.youphil.com/fr/article/05834-des-associations-en-mal-de-generosite?ypcli=ano

samedi 27 octobre 2012

Côte d'Ivoire : Amnesty International dénonce tortures et détentions arbitraires

Plus de 200 personnes, dont des partisans de l'ancien président Laurent Gbagbo, ont été "arbitrairement détenues et torturées" en Côte d'Ivoire, a affirmé Amnesty International vendredi 26 octobre, appelant le pouvoir à "aller au-delà des promesses" sur le respect des droits de l'homme.
Des troupes d'Alassane Ouattara, peu après la chute de Laurent Gbagbo, en avril 2011 à Abidjan.

Amnesty publie ces informations alors que le gouvernement du président Alassane Ouattara est confronté depuis août à une vague d'attaques armées, notamment à Abidjan, qui ont accru les tensions comme jamais depuis la fin de la crise postélectorale (décembre 2010 – avril 2011), qui avait fait quelque 3 000 morts. Ces attaques ont été attribuées par le pouvoir à des fidèles de l'ex-président, ce que l'opposition récuse, et suivies d'arrestations de figures du camp Gbagbo.

VERSEMENT DE "RANÇONS"

Gaëtan Mootoo, chercheur sur l'Afrique de l'Ouest à Amnesty, a évoqué des témoignages de détenus torturés à l'électricité, brûlés avec du plastique fondu ou victimes de sévices sexuels. Jusqu'à 400 personnes seraient ou auraient été récemment détenues de façon arbitraire, des dérives qui ont conduit des chancelleries à adresser officieusement des mises en garde au pouvoir, ont affirmé à l'AFP des sources diplomatiques et sécuritaires.
Certains prisonniers placés dans "des lieux de détention non reconnus comme tels à Abidjan" ont été remis en liberté après le versement de "rançons" à des militaires des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), rapporte l'organisation de défense des droits de l'homme. Elle souligne également la lenteur des instructions visant des personnalités du régime déchu – notamment l'ex-première dame Simone Gbagbo – détenues depuis un an et demi dans le nord du pays.

OUATTARA, "UN HOMME ENGAGÉ CONTRE L'IMPUNITÉ"

Craignant que les attaques récentes ne favorisent une logique "de représailles et de vengeance" de la part du régime, M. Mootoo a estimé qu'"il est grand temps" pour M. Ouattara "d'aller au-delà des promesses et de placer le respect des droits humains au sommet des priorités de son gouvernement".

Mais, pour le ministre des droits de l'homme, le président ivoirien est "un homme engagé contre l'impunité". Interrogé sur les détentions arbitraires, il a déclaré que, "lorsque la sécurité de l'Etat est compromise, c'est à l'armée d'intervenir", avant que la police et la justice ne soient saisies dans un second temps. Il a souhaité que les victimes présumées de tortures "saisissent les autorités avec des éléments de preuves". La réforme de l'appareil sécuritaire se fait toujours attendre, alors que l'armée est aujourd'hui largement dominée par les ex-rebelles pro-Ouattara, régulièrement accusés d'abus.

Source : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/10/26/amnesty-international-denonce-tortures-et-detentions-arbitraires-en-cote-d-ivoire_1781961_3212.html

mercredi 24 octobre 2012

Bruxelles veut consacrer 2,5 milliards d'euros à la lutte contre la pauvreté

La Commission européenne a proposé mercredi 24 octobre la création d'un fonds d'aide pour les millions d'Européens pauvres au sein de l'Union, qui serait doté de quelque 2,5 milliards d'euros jusqu'en 2020. Ce fonds, proposé dans le cadre du projet de budget pluriannuel pour la période 2014-2020, en cours de négociation, doit être approuvé par les Etats membres et par le Parlement européen.

Il permettrait de fournir une aide alimentaire aux plus pauvres, mais aussi des vêtements et des biens de première nécessité aux sans-abri et aux enfants dans les situations de "privation matérielle". Dans le cadre de programmes nationaux, le fonds supporterait 85 % du coût de l'aide, et les Etats membres prendraient en charge 15 %.

"Nous avons besoin, au niveau européen, de nouveaux mécanismes de solidarité et de ressources appropriées pour aider les personnes défavorisées et les pauvres qui, souvent, vivent dans une situation de réelle urgence sociale", a expliqué le président de la commission, José Manuel Barroso. "J'espère que les Etats membres et le Parlement européen adopteront rapidement cette proposition et le budget y afférent, pour que ceux qui ont besoin d'aide puissent en bénéficier dans les meilleurs délais", a pour sa part souligné le commissaire chargé des affaires sociales, Laszlo Andor.

116 MILLIONS DE PERSONNES MENACÉES DE PAUVRETÉ DANS L'UNION

Le nouveau fonds devrait faire partie des fonds de cohésion, une des deux grandes enveloppes du budget européen avec la politique agricole commune (PAC). L'aide alimentaire européenne est actuellement intégrée au budget de la PAC. Or, selon une décision de la justice européenne, elle n'est plus en conformité avec la loi européenne et il faut la réformer avant fin 2013.

Certains Etats comme l'Allemagne, la Suède ou le Royaume-Uni étaient opposés à l'idée même d'une aide alimentaire de solidarité européenne, considérant que ce type de programme devait être géré au niveau national. Un compromis négocié entre l'ancien gouvernement français et l'Allemagne avait permis à titre transitoire le maintien du programme en 2012 et 2013. Mais en échange de son feu vert à cette solution transitoire, Berlin avait réclamé la fin du programme à compter de 2014.

La part de la population de l'Union n'ayant pas les moyens de s'offrir un repas avec viande, volaille ou poisson (ou l'équivalent végétarien) un jour sur deux s'élevait à 8,7 % en 2010, soit plus de 43 millions de personnes, et les premiers chiffres disponibles pour 2011 indiquent une détérioration de la situation.

Au sein de l'UE, quelque 40 millions souffrent de "privation matérielle aiguë", c'est-à-dire dans l'impossibilité d'accéder à une quantité suffisante de denrées alimentaires de qualité appropriée. Quelque 116 millions de personnes sont menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale. Selon des estimations, 4,1 millions de personnes étaient sans-abri en Europe en 2009-2010. Ce phénomène a augmenté récemment en raison de l'impact social de la crise économique et financière et de la hausse du chômage. Plus inquiétant encore, des familles avec enfants, les jeunes et les personnes issues de l'immigration sont de plus en plus nombreux parmi les sans-abri.

Source : http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/10/24/bruxelles-veut-consacrer-2-5-milliards-d-euros-a-la-lutte-contre-la-pauvrete_1780246_3214.html

Le Maroc emploie des techniques de torture

Un enquêteur de l'ONU a affirmé mardi que le Maroc utilisait la torture dans son propre pays et contre des opposants impliqués dans le conflit sur le Sahara occidental. "Il y a de nombreuses preuves d'une utilisation excessive de la force", a déclaré à la presse Juan Mendez, le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, après avoir présenté son rapport à l'Assemblée générale.

"Chaque fois qu'il est question de sécurité nationale, il y a une tendance à utiliser la torture dans les interrogatoires. Il est difficile de dire si c'est très répandu ou si c'est systématique, mais cela arrive assez souvent pour que le gouvernement marocain ne puisse l'ignorer", a ajouté M. Mendez.

Ce dernier a donné des détails après avoir séjourné au Maroc et au Sahara occidental durant une semaine le mois dernier, tandis que le Conseil de sécurité débat actuellement de savoir si la mission de l'ONU dans la région doit disposer d'un mandat pour enquêter sur des violations des droits de l'homme.

Juan Mendez s'était rendu au Maroc sur invitation du gouvernement, membre non permanent du Conseil de sécurité. Il a ajouté avoir constaté des signes de changement au Maroc, où un parti islamiste modéré contrôle le Parlement depuis novembre. "Le Maroc développe une culture de respect des droits de l'homme qui est un bon point de départ en vue de l'élimination de la torture dans un futur proche. Mais le pays est loin de pouvoir affirmer qu'il a éliminé la torture", a encore dit M. Mendez.

Le Centre RFK pour la justice et les droits de l'homme, un groupe américain, avait également mis au jour des abus le mois dernier. Le groupe avait reconnu des changements positifs dans la Constitution marocaine, notamment "la criminalisation de la torture ou des détentions arbitraires".

Mais il avait déploré l'importante présence policière et militaire au Sahara occidental et de "nombreux cas de brutalités policières" contre des manifestants pacifiques. Le Sahara occidental est une ancienne colonie espagnole, annexée en 1975 par le Maroc. Rabat lui propose une large autonomie sous sa souveraineté. Les indépendantistes rejettent ce plan et militent pour "le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination".

Source : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/10/24/le-maroc-emploie-des-techniques-de-torture_1779956_3212.html

Biens mal acquis : arrestations d'un journaliste et de son avocat/Equatorial Guinea: Human Rights Lawyer ‘Disappeared’

Un journaliste équato-guinéen ayant écrit sur l'affaire des Biens Mal Acquis a été arrêté par les autorités policières. Son avocat, Fabian N'Sué, qui s'est rendu pour le visiter, a également été emprisonné hier, mardi 23 octobre.

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Fabian Nsue’s disappearance while visiting a prison is of grave concern. The government needs to urgently investigate the situation, determine whether he is being held in secret detention, contrary to national and international law, and publicly clarify his whereabouts.
Daniel Bekele, Africa director.
(Washington) – The authorities in Equatorial Guinea should immediately investigate the alleged enforced disappearance of a top human rights lawyer who has been unaccounted for since the evening of October 22, 2012, EG Justice and Human Rights Watch said today.

Fabián Nsue Nguema, a prominent and respected human rights lawyer who is also active with an opposition party, went to Black Beach prison in Malabo, the country’s capital, on the afternoon of October 22 to try to see a client. He was last in contact with persons close to him by phone from the prison before 5pm. He has not been heard from since.


Nsue has been harassed by the government on numerous occasions, raising concerns that he may have been unlawfully detained. In 2002 he was tortured while in government custody.


“Fabian Nsue’s disappearance while visiting a prison is of grave concern,” said Daniel Bekele, Africa director at Human Rights Watch. “The government needs to urgently investigate the situation, determine whether he is being held in secret detention, contrary to national and international law, and publicly clarify his whereabouts.”


Sources inside the country said that Nsue went to Black Beach prison at midday local time on October 22 to meet with a client, Augustín Nzogo. In the late afternoon, Nsue spoke by phone with an acquaintance to say that he was still waiting to see his client. At approximately 5 p.m., those trying to reach him on his phone discovered that his phone had been cut off. Nsue failed to return home that evening.


Sources close to Nsue informed Human Rights Watch that those who went to the prison and asked for him were refused access. However, one family member was able to gain access to the prison and said they had seen him there, in detention. Human Rights Watch has not been able to speak directly to this family member to confirm the account.


Sources have told EG Justice and Human Rights Watch that Nsue’s car was still in the prison parking lot on the afternoon of October 23.


“Nsue’s career as a lawyer has been dedicated to fighting injustice and upholding the law, even in the face of harsh government repression,” said Tutu Alicante, executive director of EG Justice, a US-based group that advocates for human rights and the rule of law in Equatorial Guinea. “The authorities must fully respect his rights and clarify his whereabouts without delay.”


Equatorial Guinean law prohibits secret and warrantless detentions, and stipulates that charges against an accused must be filed within 72 hours of the arrest. Authorities have violated these laws on multiple occasions in recent months, including the detentions of Florentino Manguire and Wenceslao Mansogo.


An enforced disappearance –that is when a person is deprived of his or her liberty and then there is a refusal to acknowledge that deprivation of liberty or to give information on the whereabouts of that person– is a crime under international law, and prohibited in all circumstances.


Source : http://www.hrw.org/news/2012/10/24/equatorial-guinea-human-rights-lawyer-disappeared

mardi 23 octobre 2012

Réunion-Projection - jeudi 25 octobre - ILERI


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SOIREE D'INFORMATION VOLONTARIATS MOYEN LONG TERME

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Mercredi 24 Octobre 2012 à 16h30
Concordia
64 rue Pouchet
75017 Paris

C’est l’occasion pour vous de rencontrer notre équipe, de découvrir nos offres, de poser vos questions et d’affiner votre projet !


AU PROGRAMME :

- Le Service Volontaire Européen
- Le Service Civique
- Les projets Moyen /Long terme (MTV/LTV)

Source : http://www.concordia-association.org/nouvelles/detail/157

Les armes et le droit humanitaire


Vers 200 avant J.C. en Inde, les lois de Manou interdisent l’emploi d’armes « perfides » et affirment le devoir d’établir une distinction entre civils et combattants. En Grèce, à l’époque homérique, l’utilisation d’armes empoisonnées par les combattants est interdite. Les cités d’Eubée auraient en outre prohibé l’emploi des armes à jet. L’empoisonnement ou le détournement des eaux sont interdits en Grèce et à Rome. Et les deux peuples défendent l’idéal de la modération dans la guerre.



L’Ancien Testament fait écho aux us et coutumes guerriers de son époque. Beaucoup plus tard, au Xe siècle, l’Eglise interdit les dévastations inutiles de territoires. Entre les XIe et XVe siècles, elle contribue à humaniser la guerre grâce à un code de conduite. L’islam, quant à lui, commande de combattre l’ennemi avec une ardeur tempérée, d’épargner les femmes, les enfants, les vieillards et les infirmes. Il commande aussi le respect de l’eau.

Parmi les fondateurs du droit international, au XVIe siècle, le dominicain Francesco de Vitoria insiste sur la distinction entre les ennemis combattants et les ennemis non-combattants et sur le devoir d’épargner ces derniers. Néanmoins, il relativise un peu cette distinction en affirmant qu’en cas de nécessité absolue, les innocents peuvent avoir à subir des bombardements licites.

Le jésuite Francesco Suarez, quant à lui, insiste sur le principe d’innocence devant être reconnu aux femmes, aux enfants, et à tous ceux qui ne portent pas les armes. Il exclut tout droit de représailles contre les non-combattants.

Au XVIIe siècle, Grotius, qui a défini les bases du droit naturel, reprend les règles classiques de l’interdiction des tueries de femmes et d’enfants, ainsi que du devoir de respect des ministres de la religion, des laboureurs et des marchands.

Grotius précise en outre que dans la conduite de la guerre, ce qui est conforme au droit, n’est pas toujours permis. En effet, le devoir de charité envers son prochain interdit l’usage absolu de ce droit.

Cette idée est reprise par Vattel au XVIIIe siècle, lorsqu’il affirme que le droit d’utiliser la force en temps de guerre doit tenir compte des règles « de la justice, de l’équité et de l’humanité ». Il rappelle le devoir de distinguer les combattants des civils innocents et d’épargner ces derniers.

Suivant le même esprit, Christian-Frédéric Wolf assure que même le fait d’entreprendre une guerre juste n’accorde pas le droit de commettre des actes de guerre contre la population inoffensive ou d’empoisonner les fontaines.

La limitation des moyens de guerre est donc une nécessité bien comprise par tous les peuples depuis toujours. Sa codification au XIXe siècle est née de l’initiative des Etats, alors que l’organisation des secours pour les militaires blessés a été créée par des personnes privées. Le principe selon lequel les combattants n’ont pas un droit illimité quant au choix des moyens de nuire à l’adversaire appartient au droit international humanitaire coutumier. Il s’impose donc à tous les Etats qu’ils aient ou non ratifié les traités s’y rapportant.

C’est lors de la Première Conférence internationale de la Paix, réunie à La Haye en 1899 sur l’invitation de la Russie, qu’a été rédigée la Convention sur les lois et coutumes de la guerre sur terre. Celle-ci affirme et développe le principe de la distinction entre combattants et non-combattants.

Ce Traité de 1899 avait été précédé de la Déclaration de Saint-Pétersbourg de 1868 qui interdit l’usage des projectiles inférieurs à 400 gr, explosibles ou chargés de matières fulminantes ou inflammables. La Russie était alors soucieuse de prohiber une arme devenue trop dangereuse et qui de ce fait dépassait les buts de la guerre, à savoir l’affaiblissement des forces de l’ennemi.

En 1863, en effet les Russes avaient inventé un projectile capable d’exploser au contact d’une substance dure pour ouvrir les wagons de munitions. Modifiée en 1867, la balle pouvait également exploser en entrant en contact avec une substance molle et avoir des effets particulièrement inhumains. D’où l’idée de l’interdire. La Déclaration de 1868 confirme une coutume du droit de la guerre qui prohibe les armes causant des souffrances cruelles et inutiles.

La Déclaration de 1868, base du droit de la guerre

Ce texte est précédé d’un préambule très pertinent dans lequel les rédacteurs ont fort bien exprimé leurs préoccupations humanitaires. Aussi, la teneur en est-elle reprises dans plusieurs traités.

Ce préambule de 1868 résume ce que doit être la guerre et indique donc implicitement ce qu’elle ne doit pas être. Les rédacteurs y ont en effet déclaré que « les progrès de la civilisation doivent avoir pour effet d’atténuer autant que possible les calamités de la guerre ; que le seul but légitime que les Etats doivent se proposer durant la guerre est l’affaiblissement des forces militaires de l’ennemi ; que ce but serait dépassé par l’emploi d’armes qui aggraveraient inutilement les souffrances des hommes mis hors combat, ou rendraient leur mort inévitable ; que l’emploi de pareilles armes serait dès lors contraire aux lois de l’humanité ». Ces principes fondamentaux sont repris dans la Convention de 1899 sur les lois et coutumes de la guerre sur terre.

Celle-ci déclare avoir pour objectif de « diminuer les maux de la guerre, autant que les nécessités militaires le permettent » et « servir de règle générale de conduite aux belligérants, dans leurs rapports entre eux et avec les populations ».

Ainsi, la Déclaration de 1868 et le Règlement de 1899 constituent les bases du droit de la conduite de la guerre, lequel a tout de suite intéressé de très près les premiers rédacteurs du droit humanitaire, né en 1864 à Genève pour secourir les victimes de la guerre.

La Déclaration de 1868 a inspiré d’autres traités de même genre. En 1899, les négociateurs ont interdit les balles Dum-Dum qui s’épanouissent ou s’aplatissent facilement dans le corps humain.

Ces balles doivent leur nom à l’arsenal situé près de Calcutta où elles ont été fabriquées pour la première fois. Les rédacteurs de La Haye ont aussi prohibé l’emploi du poison et des armes empoisonnées. Leurs successeurs de 1907 ont, quant à eux, interdit notamment le lancement de projectiles et d’explosifs du haut des ballons ou « d’autres moyens analogues nouveaux ».

Puis, en 1925, à Genève, les Etats ont prohibé l’utilisation des gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques. Ils ont ainsi voulu prohiber à jamais l’emploi du gaz inauguré sur les champs de bataille dès 1914.

Un peu avant, en 1918, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait lancé un appel aux belligérants contre l’emploi des « gaz vénéneux ». Dans cet appel, le CICR prend acte de l’utilisation de gaz de combat et accuse les Etats de les perfectionner pour les rendre encore plus mortels. Genève évoque aussi la destruction de toute forme de vie sur les territoires ayant subi ces formes de combats.

Après la première guerre mondiale et après 1945, l’on s’est refusé de réviser le droit de la conduite de la guerre par une sorte de superstition, et surtout parce qu’on craignait que cela traduise une absence de confiance dans les nouvelles institutions créées pour imposer des règlements pacifiques aux conflits.

Néanmoins, dans un son appel du 5 avril 1945, le CICR avait exhorté les Etats à « tout mettre en œuvre pour aboutir à une entente sur la prohibition de l’arme atomique et, d’une manière générale, des armes aveugles ». Il existe en effet un lien très étroit entre les armes utilisées pour combattre et la protection des civils. Il faut attendre 1977 et l’adoption du Protocole additionnel I aux quatre Conventions de Genève de 1949 pour que le droit de La Haye soit enfin révisé.

Le Protocole I

Ce Protocole consacre la « fusion » des droits de La Haye et de Genève en intégrant une série d’articles relatifs aux moyens et méthodes de guerre. Les négociateurs y ont réaffirmé le principe fondamental de la distinction entre combattants et civils, mis à mal notamment à cause du développement de la guerre aérienne. Ils ont aussi redit que le droit des Parties au conflit de choisir leurs méthodes et moyens de guerre n’est pas illimité. Ce principe revêt un caractère absolu auquel il ne doit pas être dérogé pour des raisons liées à des nécessités militaires.

Le Protocole I réaffirme ainsi l’interdiction d’employer « des armes, des projectiles et des matières ainsi que des méthodes de guerre de nature à causer des maux superflus ». Cette disposition rejoint la Déclaration de 1868.

Par ailleurs, le Protocole reprend la clause de Martens de 1899 qui prévoit que « dans les cas non  compris dans les dispositions réglementaires adoptées [...], les populations et les belligérants restent sous la sauvegarde et sous l’empire des principes du droit des gens, tels qu’ils résultent des usages établis entre nations civilisées, des lois de l’humanité et des exigences de la conscience publique ».

Ainsi, même en l’absence d’une interdiction, les Parties au conflit ne sont jamais entièrement libres d’agir selon leur bon vouloir. Elles ne peuvent agir que dans le cadre du droit coutumier et des principes généraux.

Cette clause, qui appartient initialement au droit de La Haye et aujourd’hui au droit international humanitaire coutumier, rejoint l’un des sept principes du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, à savoir le principe d’humanité qui commande tout le droit humanitaire depuis 1864.

Comme la clause de Martens, le principe d’humanité permet de combler les lacunes – notamment des traités très techniques relatifs aux armes -, dont l’ancêtre est la Déclaration de Saint-Pétersbourg de 1868. Celle-ci met déjà en avant la nécessité de déterminer un seuil au-delà duquel les militaires doivent céder le pas aux exigences de l’humanité. Par ailleurs, on le devine, le droit humanitaire fait aussi appel à la morale.
Pour éviter les excès d’une guerre barbare, les Etats doivent en permanence songer au droit et à la morale, laquelle doit combler les éventuelles lacunes du droit positif.

Le Protocole I commande aussi de conduire la guerre en veillant au respect de l’environnement naturel. C’est ainsi qu’il interdit d’utiliser des méthodes ou moyens de guerre « conçus pour causer, ou dont on peut attendre qu’ils causeront des dommages étendus, durables et graves à l’environnement ». Avec cette disposition, les rédacteurs répondent ici à une préoccupation ayant véritablement émergé dans les années 1970.

Sans doute, ont-ils été inspirés par la Convention de 1976 « sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles » qui mentionne l’interdiction « des techniques de modifications de l’environnement ayant des effets étendus, durables ou graves, en tant que moyens de causer des destructions, des dommages ou des préjudices à tout autre Etat partie ».

Ces mesures adoptées en 1977 sont suffisamment larges pour interdire implicitement de très nombreuses armes. Elles sont à rapprocher de celles concernant le devoir de protection des biens indispensables à la survie de la population civile. D’autant qu’un des objectifs des négociateurs du Protocole I était de réaffirmer et de compléter la nécessaire protection des civils en cas de guerre.

En 1974, l’année de la première session de la Conférence diplomatique ayant rédigé les deux Protocoles additionnels de 1977, le Département de la Défense des Etats-Unis a publié des instructions précisant que toutes propositions tendant à créer de nouvelles armes doivent être étudiées d’un point de vue juridique afin que leur fabrication soit conforme au droit international.

Le Protocole I, quant à lui, engage les Hautes Parties contractantes à agir ainsi.
Il dispose en effet que « dans l’étude, la mise au point, l’acquisition ou l’adoption d’une nouvelle arme, de nouveaux moyens ou d’une nouvelle méthode de guerre, une Haute Partie contractante a l’obligation de déterminer si l’emploi en serait interdit, dans certaines circonstances, par les dispositions du présent Protocole ou par toute autre règle de droit international applicable à cette Haute Partie contractante ». Cette disposition vise l’emploi des armes, et non leur possession qui concerne le désarmement.

Les négociateurs ont eu ici pour objectif d’empêcher la multiplication des armes interdites en vertu du droit de La Haye, et dont la prohibition est confirmée par le Protocole. Cette disposition concerne aussi bien le concepteur que l’acheteur.

Elle oblige les Etats parties au Protocole à déterminer la légalité ou l’illégalité de toute nouvelle arme qu’ils inventent ou achètent dans le but d’en faire une utilisation normale. Les négociateurs ont en effet aussi voulu prévenir des inventions interdites par le droit international. Ils ont fait appel à la bonne foi des Etats et à leur sens des responsabilités.

Cette disposition renvoie également au principe d’humanité, à l’honnêteté et à la bonne foi des Parties dans leur choix des moyens et méthodes de guerres. D’ailleurs, le droit humanitaire ne conçoit que la guerre faite avec loyauté. Il interdit la perfidie et la barbarie.

Si l’on met à part le Traité de 1972 qui interdit la mise au point, la fabrication et le stockage des armes bactériologiques, les grands traités prohibant des armes spécifiques sont postérieures à 1977 et à l’adoption du Protocole I. La Convention du 10 octobre 1980 est un accord-cadre interdisant différentes armes classiques produisant des effets traumatiques excessifs, ou frappant sans discrimination.

Trois protocoles ont été adoptés en même temps. Le premier prohibe les armes produisant des éclats non localisables par rayon X dans le corps humain.

Le second interdit ou limite l’emploi de mines, pièges et autres dispositifs, y compris les mines posées pour interdire l’accès de plages ou la traversée de voies navigables ou de cours d’eau. Le troisième interdit ou limite l’emploi des armes incendiaires. Depuis, ont été adoptés deux autres protocoles en 1995 et 2003.

Le troisième interdit les armes à laser aveuglantes et le cinquième concerne les restes explosifs de guerre. Il préconise les mesures à prendre après la fin d’un conflit pour réduire au mieux les risques inhérents aux différents restes explosifs. Entre temps, en 1997, a été adoptée la Convention d’Ottawa prohibant les mines antipersonnel et prévoyant leur destruction.

Étonnamment, au regard des grands principes qui régissent le droit humanitaire, à ce jour, l’arme nucléaire n’est pas expressément interdite par une convention. Et les Etats qui la possèdent tiennent à conserver la possibilité de l’employer en dernier recours.

Dans son avis rendu en 1996 sur les armes nucléaires, la Cour internationale de Justice a affirmé l’incompatibilité de l’usage de ces armes avec le droit international, et tout particulièrement le droit international humanitaire, mais elle a refusé de « conclure de façon définitive » sur le caractère licite ou non de leur menace ou de leur emploi « dans une circonstance extrême de légitime défense dans laquelle la survie même d’un Etat serait en cause ».

Ainsi, l’arme nucléaire ne serait pas illégale, et peut être justifiée comme arme de dissuasion. Dans leur sagesse, les hommes du XIXe siècle faisaient volontiers appel à la morale et à la conscience publique pour prévenir des comportements et des inventions contraires à l’esprit du droit international naissant.

Aussi, le préambule de la Déclaration de Saint-Pétersbourg et la clause de Martens de 1899 demeurent-ils toujours d’actualité au XXIe siècle. Quant au principe d’humanité, il représente une garantie contre des massacres et des souffrances inutiles. Il est aussi un formidable atout pour assurer un véritable retour à la paix après la fin d’un conflit armé.

Source : http://www.grotius.fr/les-armes-et-le-droit-humanitaire/

Peut-on anticiper une crise alimentaire?

Statistiques, réseaux satellites, calendriers agricoles... Autant d'outils dont disposent, aujourd'hui, les humanitaires pour prévoir les crises alimentaires.




"Aucune pénurie alimentaire ne tombe du ciel. Au contraire, elles mettent des mois à s'installer". Tel est le constat que dresse Sylvie Brunel*, géographe, économiste et spécialiste des questions de développement. Alors que 13 millions de personnes souffrent, selon les chiffres officiels, de la famine dans la Corne de l'Afrique, des milliers de vie auraient pu être épargnées d'après les acteurs de l'aide.

En effet, dès le mois d'octobre 2010, les ONG ont commencé à envoyer des signaux d'alerte, en raison de mauvaises saisons des pluies consécutives et ont anticipé le risque de sécheresse qui allait frapper la région quelques mois plus tard. Or, malgré les appels récurrents des ONG et de l'ONU, les gouvernements, mais également les médias, ont tardé à réagir et ont préféré ignorer les signes annonciateurs. 

Les indicateurs

Actuellement, grâce à de nombreux indicateurs, les organisations humanitaires ont la capacité de prévoir une crise alimentaire et d'anticiper les risques de précipitations et de sécheresse. Des réseaux satellites et des études statistiques auscultent constamment les zones à risques. Tous les domaines d'activités sont passés au crible, que ce soit dans la microfinance, la nutrition ou la scolarisation, et ce à tous les échelons du territoire (province, région ou pays).

Au-delà des causes "naturelles", les famines trouvent aussi leur origine dans des facteurs politiques et économiques. Selon la situation sociale et les antécédents de la région, l'impact des crises différe. "Les pays qui connaissent une défaillance de leur gouvernance nationale et une insécurité constante comme en République démocratique du Congo ou en Somalie sont plus vulnérables. Ceux qui disposent d'une démocratie et mènent une politique de lutte contre les famines sont, eux, moins exposés aux crises alimentaires majeures",  analyse Sylvie Brunel.

Les acteurs de l'aide mènent plusieurs actions pour surveiller ces crises: mesure des précipitations, surveillance de la spéculation sur les prix des denrées alimentaires et des mouvements de population, attention à la vente des bétails ou encore à la malnutrition des enfants et la disponibilité des pâturages. "Les conséquences des accidents climatiques sont déterminées par l'essor de la production et des méthodes employées par les agriculteurs. Il est donc primordial de mettre en place une politique de stocks, de régulation et de bien rémunérer les agriculteurs, précise Sylvie Brunel. De plus, les pays qui dépendent majoritairement de l'import subissent la volatilité des prix de plein fouet".
  
Les outils

Pour mener à bien cette veille de la sécurité alimentaire, partie intégrante des programmes d'intervention des ONG, plusieurs outils et méthodes de prévisions des risques ont été mis en place. 
Les humanitaires étudient principalement le "panier de la ménagère" constitué de produits définis, en collaboration étroite avec les autorités locales. "Care a installé sur les places des marchés des tableaux mentionnant les cours des principales denrées de bases, comme le manioc, explique Philippe Lévêque, directeur général de Care France. Régulièrement, les équipes passent dans les villages pour surveiller la volatilité des prix et surveiller également les ventes de bétail". D'un point de vue économique, des fermetures d'usines ont également un impact sur les crises alimentaires.

Les ONG évaluent également les variations climatiques à partir des calendriers agricoles et des pluviomètres installés par les mairies ou encore des bâtons pour mesurer les montées des eaux. "On a la possibilité de travailler avec des centres de recherche climatique, notamment dans les zones pastorales. En croisant les données sur les pâturages et les mouvements de population, des cartographies sont réalisées", commente Hélène Deret, "référente sécurité alimentaire et moyens d'existence" à Action contre la faim. Grâce à ces mappings précis, la qualité des récoltes, les périodes de semence et les saisons de pluies deviennent prévisibles. Pour Hélène Deret, ces indicateurs présentent toutefois des limites. "Malgré une production céréalière excédentaire, des conditions politiques et économiques peuvent empêcher la population d' y accéder. Il existera donc un risque d'insécurité alimentaire", juge cette responsable d'ACF.

Evidemment, les catastrophes naturelles ne peuvent pas toujours être anticipées. Pour cela, les ONG, comme Action contre la faim, mettent en place des programmes de gestion des risques et des désastres.

Les instances

Ces indicateurs de surveillance sont réunis au sein des systèmes d'alerte précoce à l'échelle nationale et internationale. Les autorités locales assurent le premier rôle et sont responsables de l'ensemble de ces mécanismes. En cas d'absence de gouvernement ou de politique d'aide, les ONG interviennent directement.

Dans tous les cas, les communautés locales demeurent leurs premiers partenaires. "A Mogadiscio et dans le reste de la Somalie, des comités de sécheresse se sont mis en place dans chaque village ou communauté dans le but de faire remonter les informations", raconte Lucie Grosjean d'Action contre la faim.

A l'échelon international, les ONG partagent leurs informations grâce à un système mis en place par les agences des Nations Unies, la FAO ou le Programme Alimentaire Mondial (PAM). Par exemple, Fews Net, créé en 1992 dans la Corne de l'Afrique, a pour mission de collecter des informations dans tous les secteurs de la sécurité alimentaire.

Enfin, "sur chacune des crises, il existe une coordination internationale collaborant avec les pays du Sud. Ce sont les plateformes de l'ONU, les clusters. Ces derniers réunissent par branche d'activités (santé, nutrition, accès à l'eau) les différents acteurs présents sur le terrain", commente Philippe Lévêque. En France, des rencontres sont organisées régulièrement avec le ministère des Affaires étrangères pour envisager des réponses aux crises.

Les limites

Malgré l'efficacité de ces indicateurs, le travail de prévention présente des lacunes et les acteurs concernés peinent à réagir. "Ce qui fait une catastrophe, c'est la faute des humains. Les conséquences ne sont pas naturelles même s'il s'agit d'un cyclone", déplore Philippe Lévêque. Les atermoiements de la communauté internationale face aux situations de crise, notamment pour des problèmes de fonds, mettent en péril l'intervention en amont des ONG, comme dans la Corne de l'Afrique.

Pourtant des mesures de correction sont envisageables. Les humanitaires peuvent par exemple constituer des stocks de céréales, créer de nouvelles richesses grâce à des programmes du type "travail contre nourriture" et améliorer les systèmes sociaux de protection. "Un dollar investi dans la prévention équivaut à 7 dollars économisés après la crise, estime Lucile Grosjean. Mais il reste difficile de convaincre les investisseurs de la potentialité d'une crise"

Grâce à ce système de surveillance, Action contre la faim a ainsi lancé une alerte pour l'Afghanistan, qui devrait subir pendant la période hivernale les effets de ses récoltes insuffisantes. Ce n'est pas le seul pays à présenter des dangers dans sa sécurité alimentaire. Les pays du monde arabe qui rencontrent des difficultés économiques après leur révolution pourraient faire face, à leur tour, à des "émeutes de la faim", selon l'ONG. Le Pakistan, le Yémen, Djibouti, la Côte d'Ivoire, le Niger et le Mali attirent également l'attention des humanitaires.

Pour en finir avec le désastre sanitaire en RDC

Deux responsables de Médecins du monde dressent le bilan de la situation sanitaire en République démocratique du Congo.

Une infirmière de Médecins du Monde soigne un garçon à Kinshasa (RDC), le 25 septembre 2006. REUTERS/Jacky Naegelen


La République démocratique du Congo (RDC) est un pays immense, grand comme l'Europe de l'Ouest, possédant en son sol les plus importantes richesses minières du continent.

Ancienne colonie belge, la langue nationale est le français. Rien d’étonnant à ce que l’Organisation internationale de la Francophonie ait organisé cette année son sommet dans le pays francophone le plus peuplé du monde.

Un pays fragilisé par le conflit armé

Aujourd’hui, les ressources du pays sont pillées et aucun bénéfice ne profite à ses 66 millions d’habitants, de plus en plus pauvres, avec un accès réduit à la santé et à l’éducation.

Au cours de ces huit dernières années, quatre millions de Congolais sont morts des conséquences directes du conflit et de massacres, et pour 85% d'entre eux, de maladies banales telles le paludisme ou la diarrhée, associées à la malnutrition.
La RDC est devenue depuis quelques années un laboratoire pour les institutions et bailleurs de fonds internationaux.

Elle fait partie avec l'Afghanistan, Haïti et le Darfour de ces «Etats fragiles» qui ont reçu le plus de fonds pour l'aide au développement.

Malgré cela, ce pays est classé dernier pour l'indice de développement humain. Nous, organisations non gouvernementales, assistons impuissantes à cette dégradation progressive depuis 20 ans.

Un climat tendu règne en RDC et l'inquiétude est de mise face à la situation actuelle des droits de l’Homme: un gouvernement fragile qui n'exerce pas un contrôle sur tout son territoire, la poursuite des conflits et des violences, des mouvements massifs de réfugiés et de déplacés internes, des arrestations arbitraires de journalistes et de militants des droits de l’Homme, la détérioration ou l’absence des services publics les plus fondamentaux, la généralisation de la corruption, l’impunité, une crise économique endémique, la dépendance totale vis-à-vis de l'aide extérieure…

Les ONG se sentent impuissantes face à la situation sanitaire

Depuis avril 2012, les conflits à l’est de la RDC ont à nouveau dramatiquement repris en intensité. Les combats entre groupes armés, en particulier dans la province du Nord-Kivu, ont suscité de nouvelles vagues de déplacés dans toute la province.

Depuis avril 2012, les organisations d’aide humanitaire estiment que 220.000 personnes sont déplacées dans le Nord-Kivu, portant ainsi le nombre de déplacés internes dans la province à plus de 650.000 personnes. 

L’accès à ces populations vulnérables pour nous, acteurs humanitaires nationaux comme internationaux, est extrêmement limité.

Au-delà de la réponse aux crises, des actions de long terme doivent être menées pour soutenir les communautés.

Les chiffres de violences sexuelles sont effroyables: en 15 ans, on estime à 300.000 personnes le nombre de victimes de violences sexuelles liées aux conflits.

Ces indicateurs deviennent inaudibles lorsqu’on y ajoute ceux des violences liées au genre: mariages forcés et précoces, lévirat, sororat, viols de jeunes filles pour se prémunir ou guérir de certaines maladies, etc. 

Dans ces sociétés, la capacité de résilience semble augmenter, malgré la déstructuration des liens sociaux à laquelle conduit les conflits.

C’est pourquoi la santé mentale des communautés doit faire l’objet de l’attention de tous les acteurs, au delà des cadres strictement humanitaires. 

Au Nord-Kivu, le nombre de personnes souffrant de maladies mentales a connu une augmentation de 5% en 2009, passant de 7 à 12%, selon la Division provinciale de la Santé du Nord-Kivu. 

Elle représente un enjeu majeur pour le développement à venir des populations et doit être considérée comme telle.

Un manque cruel de soins pour lutter contre le sida

En RDC, les conflits ne sont pas seuls à tuer. Le sida est, à lui seul, la cause de 80.000 morts par an. Moins de 15% des personnes qui en ont besoin ont accès aux traitements ARV, et à peine 5% des femmes enceintes séropositives sont intégrées dans les programmes Prévention de la transmission mère-enfant (PTME).

Il est urgent que la communauté internationale, comme les autorités nationales, mobilise des fonds conséquents pour répondre à cette situation de crise sanitaire et ainsi espérer diminuer l’impact de l’épidémie.

Chaque jour, deux bébés naissent dans les rues de Kinshasa. 62% des mères sont d'ailleurs âgées de moins de 18 ans. 

Entre 2006 et 2011, le nombre d’enfants vivant dans les rues de Kinshasa a augmenté de 45%.

Aujourd’hui, on considère qu’il y a plus de 20.000 enfants dans les rues, dont près de la moitié (44%) sont des filles. 

La plupart vivent de la prostitution et sont exposées à tous les risques d’ordre sexuel: infections sexuellement transmissibles (IST) dont le VIH, hépatites virales, grossesses précoces et à risque, etc.

L'Etat doit consacrer plus de budget à la santé

En RDC, le droit de vivre dignement, en bonne santé et en sécurité n’existe pas.
Il est indispensable et urgent que la communauté internationale et le gouvernement congolais se mobilisent pour un soutien plus important des bailleurs de fonds aux programmes de développement menés dans les zones de «conflits chroniques», notamment sur les questions de santé.

La RDC doit respecter son engagement pris en 2001 à Abuja (Nigeria) de consacrer 15% du budget de l’Etat à la santé. Depuis 10 ans, les crédits votés pour la santé n’ont jamais atteint 6% (moyenne: 4,5%).

L’accès à des soins de santé de qualité et la lutte contre les discriminations doivent constituer la base d’un plan de reconstruction, aussi bien au niveau de la santé que de l’éducation et de l’économie, établi par tous les acteurs de la reconstruction, Etat congolais, société civile, institutions internationales, ONG, diaspora.

Face à l'instabilité qui menace le Congo, il est urgent d'inventer un nouveau mode de coopération qui permettrait enfin de stabiliser le pays. 

Dans le rapport sur la réforme de l'ONU (mars 2005), Kofi Annan déclare:  
«Il n'y a pas de développement sans sécurité, de sécurité sans développement et il ne peut y avoir ni sécurité ni développement si les droits de l'Homme ne sont pas respectés.»

Source : http://www.slateafrique.com/96709/rdc-humanitaire-desastre-sanitaire-congo-kinshasa

mercredi 17 octobre 2012

Conférence de l'ONU sur la biodiversité : 70 ministres au chevet d'une nature en péril

Quelque 400 espèces animales et végétales ont rejoint la liste des espèces menacées d'extinction, dévoilée mercredi 17 octobre à Hyderabad, en Inde, où la conférence de l'ONU sur la biodiversité est entrée dans sa dernière ligne droite en présence de plus de 70 ministres. "Il n'y a pas une seule façon de mesurer le déclin de la biodiversité, c'est complexe, mais la 'Liste rouge' est la meilleure mesure dont nous disposons", a souligné Jane Smart, directrice mondiale du groupe de conservation de la biodiversité de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Déforestation à Madagascar, une île particulièrement touchée par l'érosion de la biodiversité.
Cette actualisation de ce registre de référence comprend 65 518 espèces, dont près du tiers (20 219) est menacé d'extinction, avec 4 088 espèces en danger critique d'extinction, 5 919 en danger et 10 212 vulnérables. Plus de 400 végétaux et animaux ont rejoint la liste des espèces menacées depuis la dernière version, présentée en juin lors du sommet de Rio+20. Deux invertébrés, une blatte des Seychelles et une espèce d'escargot d'eau douce, ont intégré la catégorie des espèces considérées comme éteintes.

LA BIODIVERSITÉ DE MADAGASCAR, UNE PRIORITÉ

Les experts de l'UICN ont aussi insisté sur la situation "terrifiante" des palmiers de Madagascar, l'un des sites les plus riches au monde en terme de biodiversité. Plus de 80 % des 192 palmiers de l'île, dont dépendent certaines populations parmi les plus pauvres pour la nourriture et les matériaux de construction, sont menacés d'extinction. Une disparition principalement due au défrichage des terres pour l'agriculture et à l'exploitation des forêts.

Le Tahina, ou "palmier suicidaire", est ainsi classé en "danger critique d'extinction", le stade le plus élevé avant la disparition constatée : seuls 30 représentants de cette espèce de palmiers géants pouvant atteindre 18 mètres de haut existeraient encore. Une autre étude publiée lundi soulignait que les lémuriens de Madagascar figurent désormais parmi les primates les plus menacés de la planète, en raison de la destruction de leur habitat et du braconnage. "Madagascar est une région d'une absolue priorité" pour la biodiversité, a insisté Russell Mittermeier, spécialiste de l'île et président de l'ONG Conservation International.

"LE COÛT DE L'INACTION"
Cette piqûre de rappel de l'UICN intervient alors que plus de 180 pays sont réunis à Hyderabad pour la conférence de l'ONU sur la biodiversité visant à tenter d'endiguer cette érosion toujours plus rapide des espèces. Les discussions, entamées le 8 octobre au niveau technique, se poursuivaient à partir de mercredi, pour les trois derniers jours de la conférence, au niveau gouvernemental avec plus de 70 ministres présents dans le sud de l'Inde.

Les discussions achoppent principalement sur les engagements financiers qui pourraient être pris pour atteindre les 20 objectifs pour 2020 adoptés à Nagoya au Japon en 2010, comme la lutte contre la surpêche ou le développement des aires protégées sur terre et en mer. Des experts chargés de conseiller les négociateurs ont chiffré ces besoins entre 150 et 440 milliards de dollars (environ 115 à 340 milliards d'euros) par an, a rapporté mercredi l'économiste Pavan Sukhdev, auteur d'un rapport sur la valeur économique des services rendus par la nature.

Les financements publics et de mécénat en faveur de la biodiversité sont actuellement estimés à quelque 10 milliards de dollars par an. "Le coût de l'inaction est quelque chose que les gens commencent seulement à évaluer", a souligné le directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Achim Steiner.

Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/10/17/conference-de-l-onu-sur-la-biodiversite-70-ministres-au-chevet-d-une-nature-en-peril_1776676_3244.html

La détresse psychologique des travailleurs de l’humanitaire

Les travailleurs de l’humanitaire sont exposés à des conditions de travail difficiles sur des périodes parfois longues, où même leur vie peut être en danger. Une étude réalisée par le Center for Disease Control d’Atlanta montre que ces travailleurs humanitaires sont à risque de problèmes psychologiques importants en particulier de troubles anxieux et dépressifs, que ce soit sur le terrain ou lorsqu’ils sont rentrés chez eux. Les groupes humanitaires qui les emploient peuvent mettre en place des mesures pour limiter et prendre en charge ces troubles.


Les scientifiques du CDC ont suivi 212 travailleurs humanitaires opérant pour 19 organisations non gouvernementales (ONG) différentes, avant et après une mission. 60% étaient des femmes. L’âge moyen des volontaires était de 34 ans Leur niveau d’anxiété, l’existence de symptômes de dépression, de détresse psychologique, le sentiment d’accomplissement personnel ou l’usage d’alcool et/ou de stupéfiants ont été recherchés avant et après la mission. Les scientifiques ont également tenté d’identifier la survenue d’un burnout, un syndrome à part. Le burnout se définit par 3 composantes principales : un score élevé d’épuisement émotionnel et de dépersonnalisation, et une diminution des sentiments d’accomplissement personnel. A la différence de la dépression qui envahie toute la personnalité, le burnout est un syndrome  touchant les travailleurs. Il apparaît plus fréquemment chez ceux qui s’occupent d’autrui de manière intensive.

Les questions posées aux travailleurs humanitaires tentaient de cerner les conditions de vies locales (lieu de vie, électricité, eau), les conditions de sécurité, comme la présence d’éléments hostiles ou l’existence de checkpoints dangereux, ainsi que la quantité de travail et la reconnaissance formulée par l’ONG. L’identification  d’expériences traumatisantes incluait l’exposition à des évènements dangereux, la peur de blessures, le kidnapping, l’exposition à des attouchements sexuels, le meurtre d’un collègue ou la destruction d’un bâtiment de l’ONG.

Avant leur déploiement sur le terrain, 3,8% (12) d’entre eux rapportaient déjà des symptômes d’anxiété et 10,4% (22) des symptômes de dépression, une proportion en ligne avec la prévalence de ces troubles dans la population générale. A leur retour de mission, ces troubles touchaient beaucoup plus d’individus : 11,8% (20) rapportaient alors des symptômes d’anxiété et 19,5% (33) des symptômes dépressifs. Entre 3 et 6 mois après leur retour, ces troubles anxieux ne touchaient plus que 7,8% des travailleurs de l’humanitaire, mais le taux de symptômes dépressifs avait lui encore un peu progressé atteignant 20,1% des travailleurs humanitaires, soit 1 sur 5, des taux doubles par rapport à la population générale. Le retour à une vie normale  est parfois complexe : “Il est classique chez les individus qui rentrent chez eux après un déploiement sur le terrain d’être  débordés par le confort et les choix multiples offerts par notre société, tout en étant incapable de discuter de leurs sentiments avec leur famille ou leurs amis” explique le Dr Alastair Ager, co auteur de l’étude.

Cette étude indique que les travailleurs humanitaires présentent un risque accru de dépression et de burnout après leur mission et que ce risque ne diminue pas dans les 3 à 6 mois après le retour. Le risque d’anxiété est également augmenté immédiatement après le retour mais semble se réduire à la reprise d’une vie normale, moins stressante. Curieusement, l’évaluation de la satisfaction de leur vie se réduisait au retour de la mission : Le retour à une vie normale est parfois complexe explique le Dr Alastair Ager, co auteur de l’étude : ”Il est classique, chez les individus qui rentrent chez eux après un déploiement sur le terrain d’être  débordés par le confort et les choix multiples offerts par notre société, tout en étant incapable de discuter de leurs sentiments avec leur famille ou leurs amis”.

Les personnels humanitaires ayant un antécédent de trouble psychologique auront besoin de plus de soutien et de conseils de la part des ONG qui les emploient car ils sont plus à risque d’anxiété, de dépression et de burnout au retour de leur mission. L’exposition à un travail quotidien difficile créant un stress chronique augmentait le risque de dépression. Ceux qui ont vécu une expérience traumatisante avant la mission, ou qui ont été victimes de violence domestique sont également plus à risque de burnout. En revanche, ceux qui possèdent un réseau social développé ont moins tendance à souffrir au retour de troubles psychologiques. Toutefois, le mariage ne protège pas : ce sont les célibataires qui sont dans ce cas moins à risque, tout comme ceux dont la motivation pour ce travail était très élevée avant le départ en mission.

Le bien être des travailleurs humanitaires peut être camouflé par les besoins des populations qu’ils servent : «Il est difficile d’obtenir des ONG qu’elles s’occupent de la santé mentale de leurs employés» explique le Dr. Ager ; “la dépression, l’anxiété, le burnout sont trop souvent considérés comme des réponses inappropriées à une expérience d’injustice globale. Nous voulons qu’ils sachent que le travail qu’ils font a une valeur immense, qu’il est nécessaire et que les situations sont difficiles mais qu’en aucun cas, cela signifie qu’ils doivent en souffrir ». Les auteurs font donc plusieurs recommandations aux ONG : d’abord rechercher parmi les candidats ceux qui aurait des antécédents psychologiques, et alerter ces volontaires des risques encourus. Les ONG doivent apporter un soutien psychologique pendant et après le déploiement sur le terrain à leurs employés.

Les meilleures conditions de vie possibles doivent être favorisées et les ONG se doivent d’être supportives et savoir exprimer leur reconnaissance, encourager et faciliter les rapports sociaux.
Source : http://www.docbuzz.fr/2012/10/17/123-la-detresse-psychologique-des-travailleurs-de-lhumanitaire/