lundi 24 septembre 2012

Biélorussie : l'OSCE dénonce des élections ni libres ni impartiales


Les législatives qui se sont tenues dimanche en Biélorussie n'ont été ni libres ni impartiales, a affirmé, lundi 24 septembre, la mission d'observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), après le scrutin, dénoncé par l'opposition biélorusse.

"Une élection libre implique que les gens sont libres de s'exprimer, de s'organiser et de briguer un mandat, mais nous n'avons vu rien de cela durant la campagne", a indiqué le coordinateur de la mission, Matteo Mecacci, dans un communiqué. L'OSCE ajoute que les autorités électorales ont manqué d'"impartialité" et émet des réserves sur le décompte des voix.
Plus tôt dans la journée, la Commission électorale de Biélorussie avait rejeté par avance cet avis de l'OSCE. "Les observateurs conçoivent leur rôle non comme une aide à nous apporter, mais comme un moyen de créer des situations conflictuelles dans le pays, pour ensuite refuser de reconnaître ces élections" comme légitimes, a déclaré le chef de la Commission électorale centrale, Lidia Ermochina, citée par Interfax.
"UN A PRIORI NÉGATIF"
"Si on est orienté de manière positive, on voit les choses de manière positive, on peut voir des diamants dans le ciel. Mais si on a un a priori négatif, alors on ne voit partout que le 'carré noir' de Malevitch", a ajouté cette responsable.
Les observateurs de l'OSCE sont généralement très critiques à l'égard des élections dans cette ancienne république soviétique gouvernée d'une main de fer par le président Alexandre Loukachenko. La mission de l'organisation s'était notamment montrée très critique après la présidentielle de décembre 2010, remportée par M. Loukachenko, et qui avait donné le signal d'une répression accrue à l'égard de l'opposition.
Les législatives de dimanche, boycottées par l'opposition, ont vu 109 sièges sur 110 pourvus dès le premier tour par des candidats tous favorables au pouvoir, avec une participation de 74 %, selon la commission électorale. L'opposition a affirmé dimanche soir que les résultats et le taux de participation annoncés officiellement avaient été falsifiés.
BERLIN DÉNONCE UN CLIMAT D'"INTIMIDATION"
"Le scrutin a eu lieu dans un contexte qui rend à peine possible la tenue d'élections libres. Des prisonniers politiques se trouvent encore sous les verrous, et des opposants ont été empêchés de se porter candidats", a expliqué de son côté Steffen Seiber, porte-parole de la chancelière allemande, Angela Merkel, lors d'un point presse régulier, évoquant un climat d'"intimidation".
"Il est très clair que le président Lukachenko, au lieu d'accepter le partenariat avec l'Europe qui lui est proposé, a choisi de miser sur une politique de répression", a poursuivi M. Seibert. Berlin a qualifié la politique de Minsk de "tragédie pour le pays et le peuple biélorusse", appelant le président Lukachenko et le gouvernement biélorusse à libérer immédiatement les prisonniers politiques et à mettre un terme à la répression dans le pays. Le porte-parole a également rappelé que des journalistes allemands, notamment de la chaîne publique ZDF, ont été arrêtés peu après leur entrée dans le pays.
UNE VINGTAINE DE MILITANTS INTERPELLÉS
Par ailleurs, une vingtaine de jeunes militants de l'opposition qui ont observé le scrutin lors des législatives de dimanche ont été interpellés lundi, a indiqué à l'AFP le vice-directeur du centre dedéfense des droits de l'homme Viasna, Valentin Stefanovitch. Ces jeunes militants ont été interpellés par les forces antiémeutes et sont retenus au commissariat central de Minsk, la capitale de cette ex-république soviétique, a précisé M. Stefanovitch, qui a été informée par une jeune femme interpellée, Maria Sleptsova.
Ils participaient à un projet intitulé "Observation des élections : théorie et pratique", organisé par plusieurs organisations non gouvernementales et groupes de défense des droits de l'homme comme Belarus Watch et l'Université européenne des sciences humaines, une université privée créée à Minsk en 1992 mais transférée en 2005 à Vilnius, en Lituanie, car jugée trop libérale par le président Alexandre Loukachenko.